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Jean Noel Heb

Jean Noel Heb

Entrepreneur dans l'âme, j'aime la liberté. J'ai besoin de me sentir libre pour exister et être heureux. En 2016, je fais le choix de m'expatrier en Roumanie pour y monter mon business.

Chroniques d’un entrepreneur candidat à l’expatriation, chapitre 2 : l'impatience avant le départ.

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Mon second édito sur mon expatriation. Mes réflexions, mes tribulations...

Cher lecteur,

Presque deux mois se sont écoulés depuis mon dernier édito (à retrouver ici).

Le moins que je puisse dire, c'est que ces deux derniers mois n'ont pas été très amusants côté pro... Appels d'offres, baisses de prix et de volumes en perspective, mauvaises perspectives chez les clients, management difficile et j'en passe. C'est le jeu, je m'y plie (contraint et forcé, certes...) comme tous les entrepreneurs de France.

Côté projet expatriation, rien de bien excitant non plus. A part la gestion de certains aspects administratifs, rien de bien nouveau.

Mine de rien, je m'acheminais doucement mais surement vers une fin d'année morose, comme le sera probablement celle de nombre d'entre nous, soumis à la pression concurentielle, réglementaire et autre. En clair, je commençais à faire la gueule et je devenais fataliste sur les perspectives s'offrant à moi. A trente ans passés, pas terrible comme vision des choses, vous en conviendrez!

C'est alors qu'un évènement imprévu vint bouleverser ma vision des choses. Je m'explique:

Il y a une dizaine de jours, je reçois un email anodin d'une société roumaine ayant des besoins logistiques. Ni une, ni deux, je prends mon téléphone pour demander plus de renseignements et étudier le besoin. Je discute avec le PDG qui m'apprend qu'il veut bien s'engager dans le temps, que faire confiance à une société qui n'a pas l'infrastructure adéquate ne lui fait pas peur, et par dessus tout, après lui avoir parlé de mon projet d'expatriation, qu'il est prêt à FAIRE CONFIANCE à un jeune français qui souhaite s'expatrier et vivre sa passion pour l'entrepreunariat!

C'est inespéré, voilà bientôt quatre ans que je cherche une telle opportunité en France, sans succès!

Vous n'imaginez pas à quel point cet évènement et cette conversation anodine ont créé un big-bang sans précédent dans mon esprit!

Me revoilà, regonflé à bloc, prêt à sniffer la moindre opportunité de développement et de business! Plus je réfléchis à mon projet d'expatriation, plus je suis convaincu par l'opportunité que réprésente mon départ:

  • Je suis dans l'exacte tendance actuelle de l'Europe de l'Ouest. Tout le monde délocalise, même dans les services! Tout le monde pensait que les services exigeait des compétences particulières et ne pourrait pas être délocalisés ou du moins peu. Perdu.Tout le problème aujourd'hui, en particulier pour les PME, est que  personne ne sait comment délocaliser correctement, en particulier à cause des problèmes sur le plan humain (Qui vais-je envoyer là-bas? Puis-je lui faire confiance?) et des compétences de management (La personne est-elle capable?).
  • Le marché roumain est vierge, voire inexistant dans de nombreux domaines. En particulier dans l'environnement et le recyclage. C'est une société de consommation qui est en création, qui à mille lieux de connaître des problématiques comme les nôtres. Le peuple veut consommer et fait tout pour y parvenir. Il n'a pas encore réalisé que la possession matérielle n'enrichit pas l'humain.
  • Les Pays de l'Est cherchent des compétences dans de nombreux domaines, ne serait-ce que pour faire face aux demandes de Bruxelles. Oui, vous lisez bien, remplir de la paperasse devient une compétence monneyable!
  • La Roumanie croule sous l'argent que lui apporte l'Europe. Certes, une partie est pompée par les élites corrompues. Mais les évènements récents, comme les manifestations suite à la tragédie de l'incendie dans une boîte de nuit de Bucarest, tendent à prouver que la situation tend à se normaliser. Ou du moins, que les élites vont devoir un peu partager la richesse...
  • L'Est de l'Europe produit de plus en plus de gens formés, certes, mais il y a un réel déficit sur le nombre d'entrepreneurs, en particulier dans l'industrie et les secteurs dits "traditionnels". Dans un monde où les humains se concurrencent, cela veut dire moins de compétition et de plus grandes chances de réussite pour celui qui part avec peu d'argent et pas de relations. La différence se fait encore sur l'intelligence et le force de travail, ce dont je pense faire preuve!
  • Le foncier et la main d'oeuvre étant encore peu chers, la rentabilité est bien plus vite et plus facilement atteinte dans les Pays de l'Est. Et ce, avec des chiffres à faire pâlir d'envie n'importe quel entrepreneur français! L'humain allant toujours au plus simple (et je suis poli...), les entrepreneurs locaux sont beaucoup plus coulants sur la gestion quotidienne de l'entreprise que ce qui se pratique chez nous. En toute logique, un entrepreneur consciencieux, dans un marché qui pousse, avec moins de concurrence, devrait faire des étincelles!

Après avoir pris conscience de tous ces facteurs, me revoilà prêt à repartir au feu! Hop, on annonce le projet aux salariés de ma société. Ca couine un peu, les gens se posent des questions, mais avec des explications et un peu de pédagogie, tout le monde adhère au projet. Ce n'est pas anodin pour la société, puisque tout le monde en subira les conséquences. En effet, presque chaque membre de l'équipe (j'aime comparer une entreprise a une équipe sportive. Ayant pratiqué le rugby pendant de nombreuses années, je sais bien qu'un entrepreneur n'est rien sans ses salariés!) verra ses prérogatives modifiées et son poste de travail changer!

Mes salariés, comme moi, sont confrontés quotidiennement à la morosité économique régnant sur notre pays. J'ai donc pu assez facilement les convaincre que mon départ nous permettrait de préparer l'avenir et qu'ils auront encore du travail dans 10 ans suite à cette démarche! S'il n'y a plus de clients en France, allons en chercher ailleurs! La France reste toujours un bassin de consommation énorme au pouvoir d'achat élevé. Si ses usines partent, cela veut dire qu'elle devra importer.

Ce qui m'interpelle aujourd'hui, c'est qu'en parlant autour de moi de mon projet, je passe pour Indiana Jones... Quand j'explique à un entrepreneur français les raisons qui me poussent à partir, il me dit ne jamais avoir réfléchi à tout cela! Il gère au jour le jour et il verra bien où il en sera dans 10 ans... Je lui souhaite bien du courage!

Me voilà donc en présence de mon dernier argument en faveur du départ: les Français n'ont pas de vision du monde qui les entoure. Ils réfléchissent franco-français. C'est, d'après moi, ce qui les tuera et c'est ce manque flagrant de réflexion qui fera que peu en feront autant que moi, réduisant d'autant la concurrence...

Bref, en trois mots: VIVEMENT LE DEPART!

Jean-Noël

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