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Jean Noel Heb

Jean Noel Heb

Entrepreneur dans l'âme, j'aime la liberté. J'ai besoin de me sentir libre pour exister et être heureux. En 2016, je fais le choix de m'expatrier en Roumanie pour y monter mon business.

Chroniques d'un entrepreneur expatrié: bilan 2020 et perspectives.

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J'avais déjà fait un petit bilan de 2020 dans mon dernier édito. Mais étant donné l'année que nous venons de vivre, il me semble fondamental d'analyser mes décisions, en particulier les mauvaises!

Des erreurs

Je n'ai pas compris les conséquences de cette crise, après le premier confinement. On nous avait annoncé une catastrophe économique. Force est de constater qu'elle n'a pas eu lieu, en tout cas pas dans tous les secteurs.

  • 1ère erreur: j'ai sous estimée la réponse des États, en particulier européens. Elle a été forte et à mon sens adaptée, quoi qu'on en dise, même si elle a été extrêmement mal mise en œuvre. Cette réponse des États a permis aux ménages et aux entreprises peu touchées de conserver leurs liquidités.
  • 2ème erreur: conséquence de la première, avoir sous estimé la vigueur de la reprise l'été dernier et avoir pris des décisions peu être hâtives sous l'effet du stress voire de la peur. Je n'aurais pas dû réduire nos moyens de productions à la sortie du premier confinement. Nous n'avons pas pu répondre aux besoins de notre clientèle et avons été obligés de dégrader notre rentabilité en faisant appel à de la sous-traitance qui nous a coûté très cher. Mes clients travaillant dans le bâtiment et l'automobile ont tous constaté que les consommateurs ne pouvant sortir de chez eux, ils ont pu épargner et en ont profité pour se faire plaisir autrement qu'avec les sorties et les vacances. Ils ont investi dans leur logement ou leur voiture! L'un de mes clients, fabricant de piscines, ne dit pas autre chose, puisque 2020 aura été sa meilleure année en 20 ans d'activité, malgré deux mois de confinement!
  • 3ème erreur: avoir mal analysé l'objectif des États, à savoir circonscrire la crise à certains secteurs, qui prendront l'essentiel des dégâts. Je pense au tourisme, à l'hôtellerie et la restauration, ou encore le transport de personnes.
Au final, nous terminons l'année à -10% de CA, en ayant fermé presque totalement 3 mois. En faisant quelques projections, notre année 2020 aurait probablement été encore meilleure que 2019, même s'il y a probablement un petit effet de rattrapage.

Je considère que nous avons finalement bien négocié cette année 2020, puisque le recul d'activité est bien moindre qu'attendu et que nos liquidités et nos capacités d'investissement sont restées intactes.

Jusqu'à présent, toutes mes décisions stratégiques avaient été prises en fonction d'évolutions logiques du marché. En 2020, j'ai dû faire face pour la première fois de ma vie de dirigeant d'entreprise à une incertitude extrêmement forte. La leçon que je retiens est donc de ne pas décider de suite d'une stratégie, sans être absolument certain de l'analyse du marché.

Mais aussi des réussites

Malgré ces erreurs de jugement, il n'en reste pas moins que cette année a validé nombre de mes positions et attentes:

  • Comme je m'y attendais, les entreprises n'ont pour le moment pas fait de gros licenciements. Elles ont malgré tout supprimé des postes, mais en profitant du déséquilibre flagrant de la pyramide des âges et de la démographie. En clair, beaucoup d'entreprises ont mis des gens à la retraite sans forcément en virer purement et simplement.
  • J'avais aussi bien anticipé la réaction du secteur du transport de marchandises. Beaucoup d'entreprises de transport emploient de la main d'œuvre temporaire en intérim et en CDD. Évidemment, nombre d'entre elles ont arrêté les contrats les plus rapidement possible. Et ça, c'est une bonne nouvelle, pour la simple et bonne raison qu'elles mettrons un temps certain à retrouver cette main d'œuvre le jour où les restrictions seront levées.
  • En ce mois de janvier, on peut considérer, je pense, que l'économie tourne à 80-85% de ces capacités, du fait des restrictions sanitaires. Or pour la première fois en 8 ans, mon plus gros client me dit que je suis un "partenaire" pour lui, ce qui est un énorme changement de discours! Je le soupçonne donc d'avoir besoin de mes services...
  • L'année 2020, m'a aussi montré que ma réponse à la nouvelle législation européenne est la bonne, puisque nous rentrons déjà de nouveaux marchés alors même que le mois de janvier est une période creuse pour nous.
  • Plus généralement, je pense avoir identifié les tendances structurelles dans le secteur des transports. Ma stratégie établie il y a deux ans à partir de ces tendances est toujours valide. La principale question pour les prochaines années sera de l'appliquer avec agilité, en tenant compte du contexte conjoncturel.
Je pourrais me dire avoir fait mon maximum cette année, et que j'ai pris les décisions les meilleures pour l'entreprise en fonction des informations à ma disposition au moment où la décision a été prise. Mais je ne veux pas me contenter de cela dans mon rôle de dirigeant. La conclusion que je tire de cette année et que je pense être un meilleur dirigeant, armé de cette nouvelle expérience. Je considère donc cette année positive puisqu'elle m'aura permis d'être plus proche de mes équipes malgré la distance et, au final, de grandir dans mon rôle de dirigeant.

Perspectives 2021

Nos perspectives pour les trois prochaines années sont toujours au beau fixe, puisque le temps joue pour nous. Nous devrions reprendre notre rythme de croissance de 10 à 15% par an. Nous avancons égalent sur notre recherche de terrain pour un nouvel entrepôt. Nous avons d'ailleurs un premier projet pour un terrain de 2 hectares, pour un budget total de 4 à 5 millions d'Euros. Je surveille aussi plusieurs projets pour 2021 et 2022, toujours liés à mon activité. Le premier pour monter une nouvelle activité de transport dans l'Ouest de la France et le second pour une éventuelle opération de croissance externe en Autriche. Je devrais toutefois faire attention à ne pas trop m'éparpiller. Entre la gestion quotidienne de mon activité, un nouveau site, la lancement d'une boite en France, il y a de quoi tout mal faire en même temps.

J'appelle cela des problèmes de riches, je n'ai pas du tout la sensation de travailler, puisque je fais ce qui me plaît au quotidien!

Que demander de plus?

Jean-Noël
jeannoelheb@gmail.com

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