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Michel Delobel

Michel Delobel

Gestionnaire de portefeuille sous mandat via une société de gestion agréée, trader pour compte propre et formateur au trading et à l'investissement en bourse, je suis aussi fondateur du site Fenêtre sur Cours et de la société ACGest, via laquelle j'accompagne également mes clients dans la constitution et le développement de leur patrimoine, la préparation de leur retraite ou encore l'optimisation de leur fiscalité.

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Pourquoi le nombre d’actionnaires individuel est-il en chute libre ?

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Hier sur BFM est sortie une étude, qui estime le nombre d'actionnaires individuels à 3.3 millions. Si personne ne sait vraiment d’ailleurs de façon précise combien il y a en France de petits porteurs (ce qui peut paraître incroyable, mais passons, ce n’est pas le sujet du jour), une chose est sûre : ce nombre ne cesse de décroître, et pas qu’un peu…

Le nombre d’actionnaires individuels a en effet été divisé par plus de 2 depuis 2003 ! Pourquoi une telle déroute, alors que, comme le montre l’étude de BFM, sur les 30 dernières années, investir sur les marchés a plus rapporté que l’immobilier, même parisien, et cela malgré le fait que depuis 15 ans, la bourse a enchaîné les crises ?

Une des premières raison est sans doute justement la succession de crises et krachs, qui ont naturellement découragé bon nombre de petits porteurs (bulle internet, crise des subprimes, crise grecque). Et cela d’autant plus que l’actionnaire individuel a un gros défaut : il a tendance à se porter vers la bourse lorsque celle-ci a bien performé… et donc a plus de risques de rechuter. Je l’ai constaté à titre personnel (je suis gérant de portefeuille sous mandat et conseiller patrimonial) : les deux périodes où le plus de clients sont venus vers moi sans même que j’ai à communiquer ou à les convaincre d’investir en bourse, c’est au premier semestre 2007, juste avant la crise des subprimes, et au premier semestre 2011, juste avant la crise grecque.

La deuxième raison est je pense aussi un manque certain de culture financière, et une économie et des marchés devenus de plus en plus complexes. Lorsque je me rends à des réunions d’actionnaires, je suis effaré de voir la moyenne d’âge. Rare sont ceux qui ne sont pas retraités... Et c’est sans doute pour cela aussi que le nombre de petits porteurs ne cesse de décroitre : ces retraités ne sont pas immortels, et comme il n’y a pas de relais parmi les plus jeunes, le nombre d’actionnaires individuel décroît petit à petit. Il y a quelques dizaines d’années, on investissait en bourse sur du long terme, sur la base de fondamentaux et auprès de sociétés relativement stables et qui offraient une certaine visibilité, et des métiers compréhensibles du plus grand nombre.

Aujourd’hui, l’économie s’est mondialisée, de nombreux nouveaux métiers sont apparus, les sociétés évoluent de plus en plus vite, se rachètent les unes les autres, changent parfois de métier ou de secteur, tandis que les marchés sont devenus un casino géant, au moins à court terme. La visibilité a diminué, et il ne semble plus y avoir de logique, avec une spéculation à outrance. Et comme nous ne sommes absolument pas éduqués en France à la gestion de notre propre patrimoine et à l’économie de marché, on a tendance à se limiter au bon vieux livret A, à l’immobilier et à l’assurance vie en fonds euros.

Pourtant, ce nouveau mode de fonctionnement des marchés est aussi une source d’opportunités. Mais investir en bourse demande plus d’expérience, de temps, et demande d’être plus réactif. Mais du fait justement de ce manque de formation et de connaissances de nos concitoyens, cela implique d’avoir recours à des professionnels. Voilà qui m’amène à la troisième raison, qui est peut-être d’ailleurs la principale.

Les banques et conseillers patrimoniaux eux aussi sont mal formés et responsables !

Cela me rappelle une étude qui avait été menée par l’AMF en 2010 : une série de tests avaient été menés en envoyant des clients factices dans les banques, avec un profil bien particulier, pour voir si ces dernières conseillaient et orientaient comme il se doit ces clients.

Alors que le profil de ces clients « tests » (jeune actif à potentiel, déjà propriétaire et venant d’hériter d’un petit capital, et sans aversion particulière au risque) impliquait a priori qu’ils soient orientés vers la détention d’actions et notamment vers l’ouverture d’un PEA, seuls 40% se sont vus proposer un PEA !

Pourquoi une telle frilosité de la part des banques ? L’étude concluait que les chargés de clientèle étant des français et épargnants comme les autres ( ???), il étaient aussi peu enclins à prendre des risques financiers et peu intéressés par l’épargne longue comme la plupart des Français (!!!). Certains sont même allés jusqu’à déconseiller ouvertement l’investissement en bourse, sans doute échaudés par le mécontentement de clients qui avaient pu subir de grosses déconvenues. Mais si ces mêmes conseillers avaient suivi un minimum leurs clients après leur avoir conseillé d’investir en bourse, s’ils leur avaient conseillé d’investir progressivement, régulièrement, s’ils leur avaient expliqué que lorsque les marchés ont bien monté, il peut être opportun d’alléger et attendre un repli, s’ils leur avaient expliqué qu’après une forte chute, il peut être opportun de renforcer, ils n’en seraient pas arrivé là. Cela dit, je ne les blâme pas particulièrement, car ils ont été avant tout formés à la vente et non pas à l’investissement en général et aux marchés en particulier. Les responsables sont à aller chercher plus haut.

Un problème que l’on retrouve d’ailleurs auprès d’un certain nombre de conseiller patrimoniaux. En effet, en tant que gérant de portefeuille, j’essaie de temps en temps de nouer des partenariats d’apport d’affaire avec des CGP ou CIF, n’ayant que peu de temps disponible pour démarcher des clients. Et parmi tous ceux que j’ai pu contacter, non seulement très peu avaient une offre de gestion sur compte titre, PEA ou assurance vie en titres vifs pour leurs clients, mais en plus ils n’étaient pas ouverts à en avoir une. Deux raisons à cela : premièrement une méconnaissance des marchés financiers et l’aversion des français pour la bourse, et deuxièmement des commissions en général plus faibles.

Voilà qui m’amène directement à la dernière raison : un client qui investit directement en actions, que ce soit via un compte titre, un PEA, ou une assurance vie, est moins rentable pour les banques ou les CGP et CIF.

Pourquoi ? Car les frais supportés par les clients qui investissent dans un fond sont bien plus élevés, et permettent donc à chacun de toucher des commissions plus importantes ! Je ne reviendrai pas sur les différents avantages et inconvénients des fonds d’investissement par rapport à la détention d’actions en direct, que j’avais abordés au cours d’un de mes articles en 2015 (http://www.objectifeco.com/riche-rentier/argent/investir/les-fonds-d-investissement-sont-ils-une-bonne-solution-pour-qui-souhaite-deleguer-la-gestion-de-son-portefeuille.html).

Mais voyez par vous-même : les frais de gestion des fonds actions tournent en général entre 2 et 3%, quand ce n’est pas plus (sans parler des frais de courtage internes, et éventuels droits d’entrée ou frais d’arbitrage lorsque vous voulez basculer d’un fond à un autre – même si de plus en plus, il est possible de trouver des offres sans droits d’entrée ou frais d’arbitrage – je peux vous conseiller sur ce point si vous en cherchez), alors qu’en gestion sous mandat sur compte titre, PEA ou assurance vie, les frais sont globalement deux fois inférieurs…

Sans vouloir jouer les paranos, j’ai d’ailleurs l’impression que tout est fait pour que l’investissement en direct dans les actions disparaisse. Les sociétés qui proposent de la gestion sous mandat sont de plus en plus contraintes par une réglementation de plus en plus lourde, et mis à part ceux qui ont recours à un gestionnaire de patrimoine digne de ce nom, très peu de personnes connaissent même l’existence de ce mode d’investissement, ou croient que c’est réservé aux grosses fortunes !

Et pourtant, pour en revenir à ce que l’étude dont parlait BFM hier a montré, quand on sait qu’un investissement en bourse effectué en 1988 (débuts du CAC 40) a plus rapporté qu’un investissement en immobilier, même à Paris), et cela malgré les crises traversées par les marchés financiers, cela fait réfléchir… Alors imaginez si en plus votre investissement en bourse avait été suivi et géré au jour le jour par un gérant…

Bref, si partis comme nous sommes, il y a de bonnes chances que le nombre de petits porteurs continue de baisser dans les années à venir, ce n’est pas pour autant que vous ne pouvez pas VOUS profiter du potentiel que représente une investissement en bourse, que ce soit seul, avec toutefois un minimum de formation (je peux vous y aider), ou par l’intermédiaire d’un gérant – voire même les deux, j’ai plusieurs clients qui gèrent seuls une partie de leur patrimoine et m’ont confié l’autre.  
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1 Commentaire

  • Lien vers le commentaire hftrade mardi, 23 février 2016 15:26 Posté par hftrade

    Juste constat que la culture financiere du francais moyen est tres faible, j'ai pu le voir dans des conferences financieres. ca fait peur, tres peur


    De plus les produits (je connais bien perso ) deviennent de plus en plus complexes : options exotiques (ex : double barrier sur forex), swaptions etc

    J'ai encore du recemment calculer la valeur de centaines de ces trucs

    concernant les fonds, ils ont enormement de defauts et a part des cas tres particulier, il n'ont que des defauts sauf enrichir les banques en commissions

    - la plupart des fonds index ou sectoriels etc sont facilement replicables, assez a facile a comprendre

    - certains gestionnaires de fonds ne savent meme pas ce qu'ils ont dans leurs fonds ou ne sont meme capable de caculer la valeur d'un derivé simple dans laquelle ils investissent, comme un option vanilla sur index

    - la diversification n'a d'interet que jusqu'a un point x, audela elle devient contreproductive (frais, compelxité etc) d'ou l'interet limité de ces fonds qui investissent dans des centaines de positions