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Inflation transtoire ou suppositoire

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L’année 2021 sera marquée essentiellement par un leitmotiv sur les marchés. L’inflation transitoire. Comment cette terminologie est-elle apparue ? Difficile à dire. Ce qui est sûr, c’est que l’inflation a fait son apparition, et que de tout suite elle a été qualifiée de transitoire. (la Fed ? il me semble que oui) Apres quelques mois on commence à se poser la question de cette supposition. Transitoire, supposément transitoire ou suppositoire …

Le graphe qui fait réfléchir :

US PPI CCI

Et pour cause, la semaine dernière publication des chiffre d´inflation, aux Etats Unis et en Chine en autres. On s’intéresse aux Etats Unis, essentiellement pour la précision des données et leur étendue temporelle. Sur 50 ans on observe l’inflation à la production, l’inflation a la consommation hors énergie et nourriture, et l’on compare.

Le premier constat c’est que l’inflation à la production est tout de même très élevée, de l’ordre de 12%, la plus élevée après le choc pétrolier des années 70 et apparait réellement en février / mars 2021.

Le deuxième constat c’est que l’inflation à la consommation n’est pas particulièrement élevée. Les producteurs n’ont pas transmis au consommateur l’inflation. Le feront – ils ?

En conséquence, le troisième constat, la différence entre l’inflation de la production et de la consommation est la plus élevée jamais observée sur 50 ans. Les deux antécédents les plus proches sont en 1973 et en 2008.

En 1973 l’épisode dure deux bonnes années certainement parce que l’inflation est transmise au consommateur. En 2008 l’inflation n’est jamais passée au consommateur et le pic est éphémère. En 2021 dans quel cas se trouve – t – on et cela fait-il une différence véritable pour l’investisseur ? Et la toute la différence entre inflation et inflation transitoire.

Pour cela il faut essayer de comprendre tout d’abord le pourquoi de l’inflation en 2021. En 1973 c’est un choc pétrolier. En 2008 un bulle historique des matières premières après 10 ans de croissance folle en Chine. En 1973 l OPEC, les pays du Golf. En 2008 la Chine. Dans les deux cas les matières premières.

Alors il est naturel d´observer l’inflation à la production contre un indice « commodities ». Le SPGSCI est une référence à ce sujet crée par Goldman Sachs et publié par standard and poors. La corrélation est très forte et pas de doute pour 1973 et 2008. En 1973 les matières premières explosent et l’inflation à la production suit. Dans un monde peu global ou le commerce international n’a pas encore une grande envergure et la société n’est pas une société de service, le consommateur souffre rapidement. En 2008 l’inflation a la production, elle, ne passe pas au consommateur du fait que la chine exporte de la déflation productive.

SPGSCI PPI

En 2021 il faut aller chercher certainement l´origine de cette inflation dans la création de masse monétaire en réponse aux confinements causés par la pandémie, doublé d’un agenda climatique antérieur mais non repoussé temporairement et impliquant une restructuration de pratiquement tous les processus productifs juste après un arrêt productif inespéré.

Comme on peut l´observer ci-dessous jamais la création de masse monétaire n´a été si importante qu´en 2021. La monnaie a été créé trois fois plus vite que sa moyenne historique. Au pic de la pandémie le rythme a été encore plus effréné.

M2

D´autre part, la transition énergétique n´a rien de transitoire mais représente surtout un coût ou coup structurel énorme avec des dépense prévues à horizon 10 ans minimum selon les secteurs. En 2021 ainsi nous avons eu le catalyseur M2 parfait pour une inflation qui pourrait persister. Si les agendas climatiques ne sont pas repoussés, l’inflation ne sera transitoire que dans la mesure où elle sera suffisamment rapidement destructrice de demande chez le consommateur.

De plus si l’on pense à un monde « post pandémie » suspicieux qui se replie sur soi, tentant dans une certaine mesure de rapatrier les processus productifs, phénomène inicié par Trump, et qui semble rentrer dans une nouvelle guerre froide, il est difficile de penser que l’inflation de 2021 ne sera pas plus persistante en tout cas qu’en 2008 d´autant que l’agenda climatique est moralement non négociable pour les élites politiques qui n’ont pas mis moins de 30 ans depuis Kyoto pour convaincre les populations du chemin à suivre. L´agenda climatique est protectionniste.

Quoiqu’ el en soit, en tant qu’investisseur que faire. Et la toujours la question à se poser. Que ce soit en 1973 ou en 2008 la réserve fédérale a utilisé les instruments monétaires en son pouvoir. En 1973 en montant fortement les taux d’intérêts directeurs et en ralentissant le M2. En 2008, les taux avaient déjà été remonté et le frein de main a été mis sur le M2. Curieusement ce que l’on retient 2008 c est Lehman. Toucher le M2 c’est systémique.

Dans les deux cas soit on rentre en bear market soit on y reste. Pour mettre en perspective le raisonnement les trois graphes à continuation superpose temporellement en commençant par le SPX en M2 avec les différentes phases de marche. En jaune les corrections marquantes. Le petit trait rouge le stop sur le M2 de 2008.

Repo M2 SP

A noter que le « bear market » commencé en 2000 n’est pas tant un « bear market » déclenché par l’inflation mais plutôt par une bulle énorme sur la technologie. La technologie est déflationniste sur la productivité et donc c’est bien une énorme déflation qui a provoqué la bulle et le bull market précédent son éclatement. Une déflation productrice qui peut être n´avait pas besoin d´autant de M2-

La déflation et l’augmentation de productivité sont parfaites pour la création de valeur. Les entreprises peuvent payer des dividendes qui rémunèrent l’investisseur au-dessus de l’inflation basse. En régime inflationniste les entreprises ont du mal à créer la même valeur.

Finalement donc que ce soit par une remontée des taux directeurs, ou par un arrêt du M2, l´inflation actuelle transitoire ou suppositoire mènera certainement à agir les banques centrales plus ou moins rapidement. Il faudra être particulièrement attentif à la vitesse du M2, à savoir si l’on assiste à une accélération de la monnaie mise en circulation. La vitesse du M2 étant la plus basse de l’histoire actuellement. En tous les cas, aux vues des valorisations actuelles il est difficile de ne pas penser que les actions en général aux US vont souffrir.

Existe-t-il des actions qui performent bien en marché inflationniste. Quel débat ! Certainement quelques unes, mais dans le contexte actuel il faudra être très sélectif pour constituer un portefeuil de moyen terme a échéance 10 ans. Choisir des actions soit peu endettées et sous évaluées. soit qui vraiment peuvent être disruptive en vue de la prochaine révolution technologique ou quoiqu il en soit transmettront l´inflation au consomateur parce que  leur produit est essentiel. Nourriture et énergie tant que l´entreprise est clairemenet net long de l´un des deux. Plusieurs critères, peu d´actions. 













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