Georges Kaplan
(Accéder à la liste de tous mes articles)
Georges Kaplan ne s’appelle – de toute évidence – pas vraiment Georges Kaplan puisque Georges Kaplan est un leurre. Né en 1975 dans une grande ville du sud de la France qui fût autrefois prospère grâce à son port, Georges Kaplan a principalement quatre centres d’intérêts dans la vie : sa famille, la musique, les bateaux (à voile) et l’économie. Ceux qui le connaissent considèrent Georges Kaplan comme un « libéral chimiquement pur » qui pense pour l’essentiel s’inscrire dans la tradition de la pensée libérale classique française et celle de l’école autrichienne d’économie. Il gagne honnêtement sa vie sur les marchés financiers et passe le temps en publiant des articles sur son blog http://ordrespontane.blogspot.com/
Comment Orwell auteur de "1984", naviguait entre capitalisme et collectivisme
Audience de l'article : 3614 lecturesC’est, du moins me semble t’il, Orwell lui-même qui nous donne la réponse dans une lecture comparée de La route de la servitude de Fredrich Hayek et de The Mirror of the Past de Konni Zilliacus (The Observer, le 9 avril 1944). Lire Orwell s’exprimer sur ces deux opus est particulièrement intéressant puisque, comme il le note lui-même, ils couvrent à peu de chose près le même champ tout en développant des opinions radicalement opposées : Hayek, bien sûr, défend le capitalisme et l’économie de marché et dénonce les inévitables dérives totalitaires des systèmes collectivistes tandis que Zilliacus, fervent partisan du collectivisme, soutient une thèse parfaitement orthogonale.
Dès le début du papier, Orwell adopte une position surprenante en déclarant que les deux auteurs pourraient bien avoir raison. Selon lui, le capitalisme de laissez-faire ne peut mener qu’au monopole et donc à la crise et au chômage ; il en conclue que le glissement progressif vers des régimes collectivistes est inévitable pour peu qu’on continue à demander leur avis aux électeurs (et dans le cas contraire, bien évidemment, c'est la dictature). Seulement voilà : le même Orwell éprouve la plus grande méfiance pour de tels régimes qui, selon ses propres termes, « donne à une minorité tyrannique plus de pouvoirs que les inquisiteurs espagnols n’auraient jamais rêvé en avoir. »
Bref, toute l’originalité de la position orwellienne est résumée dans la fin de son article lorsqu’il écrit que « le capitalisme mène au chômage, à la lutte pour les marchés et à la guerre » mais rajoute aussitôt que « le collectivisme conduit aux camps de concentration, au culte du chef et à la guerre. » La vision de Orwell, qui rêve sans trop y croire d’une économie planifiée qui ne dégénère pas en dictature stalinienne, c’est avant tout une vision profondément pessimiste. D’une certaine manière, Orwell – du moins le George Orwell de 1944 – est un marxiste pour qui la fin de l’histoire ne sera pas l’avènement du communisme mais celui de la société totalitaire qu’il décrit dans 1984 ; il était socialiste – oui, sans doute – mais un socialiste par défaut, un socialiste qui n’y croyait au fond pas vraiment lui-même.
Fort heureusement pour nous tous, les plus grands écrivains peuvent être de piètres économistes.
2 commentaires
-
Lien vers le commentaire
dimanche, 04 novembre 2012 22:01
Posté par
hugues206
je me reconnais dans cette description de la "position orwellienne", en particulier "un socialiste par défaut, un socialiste qui n’y croyait au fond pas vraiment lui-même"
merci pour cet article. -
Lien vers le commentaire
jeudi, 01 novembre 2012 17:45
Posté par
letoxis
Churchill disait :
« Le vice inhérent au capitalisme consiste en une répartition inégale des richesses. La vertu inhérente au socialisme consiste en une égale répartition de la misère. »
Dans les 2 cas, je constate un système instable, à un certain point d'évolution .
La seule stabilité, est à mon avis, le passage permanent d'un système à l'autre.
le seul moment vraiment calme est peut-être celui juste après une transition....
L