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Déflation, inflation ou hyper-inflation. Où va-t-on?

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En théorie économique, inflation = augmentation de la masse monétaire.

En ce sens, à coups de centaines de milliards d’euros imprimés par la FED, BCE et consors, nous allons vers une période d'inflation, voire d'hyper-inflation.


Toutefois, pour que la masse monétaire atteigne l’individu - acteur économique fondamental - cela prendra un certain temps et pourra emprunter des chemins sinueux. De plus, le passage du macro au micro-économique ne sera pas uniforme entre tous les secteurs de l’économie.



L’équilibre entre l’offre et la demande et la rapidité à laquelle les revenus des individus sous diverses formes (salaires, dividendes, intérêts, subventions, revenu universel…) vont évoluer est central.





Stagnation ou baisse des revenus



Augmentation des revenus



Offre supérieure à la demande



Cas 1 : Déflation micro-économique temporaire

Cas 2 : Equilibre inflationniste, mais instable.

Demande supérieure à l’offre

Cas 3 : Crise économique majeure, de type 1929.



Cas 4 : Maintien du pouvoir d’achat mais perte de valeur de la monnaie, jusqu’à sa disparition éventuelle.





Cas 1: Les revenus des individus stagnent ou baissent et l’offre est supérieure à la demande.

La pression générale est sur les vendeurs, en concurrence forte. Les prix pourront chuter (déflation micro-économique), bien qu’il y ait inflation macro-économique.

Ce sera évidemment à regarder secteur par secteur économique et par types de revenus.

Par exemple, si l’état soutient les salaires de ses fonctionnaires, cela aura un effet modérateur sur la déflation, mais seulement sur certains secteurs privilégiés. (Et au détriment des individus du secteur privé qui s’appauvriront en relatif.)

Mais ce type de contre-tendance micro-économique ne peut durer très longtemps contre la forte marée inflationniste.



Cas 2: Les revenus des individus augmentent et l’offre est supérieure à la demande

Par exemple, si l’état met en place un revenu universel pour les individus et subventionne fortement les entreprises, tandis que l’appareil productif est peu impacté parle COVID-19.

Au début, il pourra y avoir déflation, mais les producteurs verrotn vite que les individus ont du pouvoir d'achat. Ils vont remonter leurs prix.
Au global de l’économie une certaine forme d’équilibre se fait jour, mais cet équilibre est éminemment instable, du fait de situations très disparates entre les secteurs économiques.


Cela ouvre grand la porte au capitalisme de connivence, à la corruption voire à la mafia.

Cette phase peut durer quelques années



Cas3 : Les revenus des individus stagnent ou baissent et la production faiblit.

Ce serait typiquement le cas d’un impact fort du COVID-19 avec des individus confinés, sans que l’état n’intervienne pour augmenter leurs revenus.

La demande est forte, mais les individus n’ont plus de pouvoir d’achat.

Les vendeurs ne trouveront pas assez de débouchés et devront ajuster leurs prix à la baisse. Au passage, de nombreuses entreprises, incapables de supporter la baisse des prix, disparaîtront. Entraînant à la chaîne une baisse du revenu moyen des individus.

C’est un scénario de type crise de 1929.

Ce cercle vicieux s’arrêtera lorsque les ajustements entre l’offre et la demande seront faits ou si l’état change de politique dans la transmission de la masse monétaire (par exemple, sous l’effet d’une « bonne guerre » comme en 1941 pour les USA).



Cas 4 : Les revenus augmentent et l’offre est insuffisante pour satisfaire la demande.

Les individus ont de l’argent pour consommer, mais il y a peu à acheter, car le COVID-19 a fait des ravages dans les organisations industrielles.

Les vendeurs en profitent pour remonter leurs prix, du fait de la rareté.

C’est un scénario inflationniste, voire hyper-inflationniste.

Il faut toujours plus d’unités de compte (d’euros) pour acheter un même bien. Cela peut durer tant que la manne étatique continue, mais au détriment de la monnaie. Chaque billet permet d'acheter de moins en moins.

Avant que l’on en arrive à acheter un pain avec une brouette d’Euros, les individus perdront confiance dans leur monnaie. Une monnaie de substitution verra le jour, soit à l’initiative de certains états qui voudront sortir de l’Euro, soit via le marché noir.

Selon le vieil adage « la bonne monnaie chasse la mauvaise ».

Ce serait vraisemblablement la fin de l’Euro.



Sur ce mécanisme général, viennent se superposer trois couches qui rebattent les cartes et rendent toute prévision impossible:

1.      L’évolution de la crise sanitaire du COVID-19 : durée, désorganisation socio-économique…

2.     
Le maintien de la mondialisation (ou non)


Le maintien est favorable aux producteurs pour trouver plus d’acheteurs et défavorable aux individus des pays développés dont les revenus continueront d’être tirés vers le bas par la concurrence salariale.

En particulier, le protectionnisme éventuel des USA est à suivre de près. Ne jamais oublier que l’économie des USA est à 85% interne et ils ont du pétrole. Ils peuvent se retirer du monde à tout moment. Ils se couperaient un bras, mais pas la tête.

L’Europe n’a pas cette option. Elle se couperait la tête. Elle doit maintenir des échanges avec l’extérieur, mais une ré-industrialisation est nécessaire et souhaitable.

La Russie devrait tirer son épingle du jeu. D’autant plus si les USA se referment sur eux-mêmes.

La Chine a intérêt à maintenir la mondialisation, sauf si cela met en danger l’intégrité du pays ou la suprématie du parti. Mais il faudra suivre l’attitude des autres pays dans le monde. La Chine est tout de même la source de leur malheur et leur attitude égocentrique actuelle réelle ou perçue (ex : ne pas livrer de masques) laissera des traces dans les populations.

Le reste de l’Asie devrait profiter. En particulier les plus grands pays par leur démographie qui pourront compter sur un marché intérieur et/ou sur le commerce international.

L’Amérique latine idem, si le politique est intelligent.

Quant aux pays pétroliers du Moyen-Orient, tout dépendra des cours du pétrole et de la situation politique. Les plus riches seront extrêmement courtisés, car les derniers pays à pouvoir prêté de l’argent au reste du monde. (Hors Chine, mais la Chine prêtera pas. Elle achètera des actifs ou des matières premières à prix bradés.)


3.      La manière dont la BCE et les états vont distribuer l’argent imprimé va être critique sur l’un des quatre cas auquel on aboutira.

Le résultat sera très différent suivant que l’argent de la BCE arrive aux individus via les banques, les entreprises, les états ou va directement aux individus.

Le pouvoir des lobbys dans les institutions européennes sera déterminant et révélateur de la situation à venir.



______

Voilà. Voilà. On met tout ça au shaker et bien malin celui qui peut prévoir l’avenir à ce stade.

La seule certitude est que la marée inflationniste va monter.

Mais malheureusement, il n’existe aucun calendrier des marées à notre disposition.



Alors Karl, concrètement, comment, où et quand j'investis mon épargne?


Mon analyse et ma conviction (mais ce n'est qu'une conviction) sont que :

1) Je ne fais pas partie du sérail politico-financier qui va être le premier à bénéficier de l'impression monétaire.


Je vais donc subir les phénomènes de transmission de l'inflation du macro au micro. Je vais devoir attendre que l'impression monétaire me parvienne.

Je vais tout de même me positionner au mieux : recevoir le maximum des aides distribuées par l’état, soit en direct, soit via mes sociétés.




2) Je ne vais investir que dans ce que je connais intimement.


Je ne peux pas connaître ni la date exacte, ni force de la marée, mais je sais d’expérience, en certains points de la côte, comment elle se comporte.

Reste à espérer que mon expérience soit utile en ces temps hors norme.

Je n’investis pas dans ce que je ne connais pas depuis avant la crise de 2008.



3) Dans tout placement financier, je donne mon argent contre un "droit à..." sur papier. Je donne "crédit"; du latin "credo" = je crois.

Personnellement, je ne crois pas que le système financier serve encore mes intérêts. Je crois même qu'il joue contre mes intérêts avec mon propre argent :


1.      par appât du gain, (il y a tout de même 1400 milliards d’euros qui sont là à prendre dans les assurances-vie et les livrets A; juste en France…)
2.      parce qu’il y a dans ces professions une forte proportion de sociopathes (Lire les études sociologiques à ce sujet.)
3.      parce que mon intermédiaire financier (petit employé) n’aura pas d’autre choix s’il veut bouffer à la fin de mois.

Je me détourne donc de tous les placements financiers intermédiés, donc des produits financiers packagés des banques et institutions financières.


5)  Si placement financier, je n'investis que directement dans les producteurs de richesse ET ceux qui vont prospérer avec la crise.

C'est-à-dire dans des dans des parts de sociétés cotées ou non, dont j'ai la conviction qu'elles vont


1.      être en croissance en volume, ET
2.      avoir la capacité à ajuster leurs prix à la hausse pour suivre l'inflation macro ET
3.      être placées au mieux pour recevoir la masse monétaire de la BCE le plus directement possible.

En particulier, j'investis dans la société que je connais le mieux: la mienne.
Elle a été calibrée au mieux en fonction de ces principes.



4) Sinon, hors placements financiers, j'investis dans des biens tangibles ET capables de constituer une réserve de valeur.


Conséquence:

Je fuis et me déleste pour l'instant des biens achetés majoritairement à crédit par les individus et en premier lieu l’immobilier de rendement. Pour mieux y revenir au plus fort de la crise (et si j’ai toujours du cash soit avec mon épargne, soit avec la manne étatique).


5) Je suis l’évolution de la situation sanitaire et des politiques économiques, pour anticiper au mieux le scénario pendant la phase de transmission de la masse monétaire.


6) Et je croise l’analyse pour me protéger contre un éclatement éventuel de l’Euro.


J’investis dans des pays à devise qui restera forte.


J’ai ainsi un hedge de pouvoir d’achat en tant que résident français avec des coûts en devise faible et des revenus en devise forte.

J’investis suivant les principes :

1.      des zones économiques décrites ci-dessus
2.      de mon expérience intime
3.      de mon acceptation à aller éventuellement vivre sur place.
·        Si un contrôle des changes fort se met en place, je n’aurai pas d’autre choix que d’aller dépenser mon argent sur place.
·        De plus, en tant que résident fiscal, j’aurai des droits que des investisseurs purement étrangers au pays n’auront pas.

Mon épouse et moi avons fait le choix de rester en Europe, pour l’éducation de nos enfants et la qualité des soins médicaux et ce malgré l’assommoir fiscal qui pourra arrivera. (Cf les analyses de Charles Dereeper)
A chacun de se décider en fonction de ses priorités. Tout ne se décide pas en fonction de la finance.


En particulier, dans la zone Euro, j’investis en Allemagne :
·        pays qui sera à devise forte en cas d’éclatement de l’Euro
·        comptes étatiques (encore) à l’équilibre
·        proche culturellement et légalement
·        respect viscéral de la propriété privée (héritage de l’exAllemagne de l’Est)
·        le pays a connu deux épisodes hyper-inflationnistes en 100 ans et est toujours revenu sur le devant de la scène économique
·        l’immobilier a moins monté que dans le reste de l’Europe.


Si je me trompe sur l’Euro, je suis investi dans une zone économique forte. Pas un mauvais choix de toute manière. « Pile je gagne, face je perds le moins possible. »


J'espère que cette analyse vous sera utile.
Je suis à votre disposition en privé pour discuter de manière plus spécifique.
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