La Fondation de l’abbé Pierre vient de remettre son 18ième rapport sur le logement en France. Un constat accablant, des bribes de solutions pires que le mal….
Au delà des agitations politiciennes, des affirmations idéologiques et des coups de menton des grands « yakas », la réalité du problème du logement prend un vrai visage et une réalité palpable lorsque la fondation de l’abbé Pierre rend son rapport annuel sur le « mal-logement ».Une situation qui empire d’année en année
A travers le logement, c’est à une description précise, émaillée d’exemples, de la misère qui gagne notre pays que la Fondation se livre. La multiplication des familles mono parentales qui appauvrit, le chômage de plus en plus long, de plus en plus lourd, le nombre croissant de Français n’ayant que le RSA pour vivre, la misère, la vraie, pas celle des banlieues, qui touche les zones rurales, les communes péri urbaines, la pauvreté cachée de ceux qui n’ont plus que les terrains de camping payés à la semaine comme solution d »hébergement, les immigrés que l’idéologie ambiante continue d’accueillir à bras ouverts pour les entasser dans lieux sordides où le manque d’hygiène provoque la résurgence de maladies que l’ont croyaient éteintes chez nous, les retraités qui quittent les villes et font valoir leurs droits à des logements sociaux dans des communes qui n’arrivent déjà pas à satisfaire les besoins locaux… Mais avions nous besoin de ce rapport pour savoir tout cela? Ne voyons nous pas surgir de temps en temps des illustrations de cette réalité? Qui n’a pas vu, le long de son parcours en train le matin surgir ici ou là, le long de la voie ferrée des cabanes de planches et de bâches? Qui ne s’est pas étonné au moins une fois de voir des gens entrer et sortir de campings en plein hiver dans des zones non touristiques? Qui n’a pas remarqué un matin de bonne heure sur un parking de zone industrielle une voiture dont les vitres étaient pleines de buée?Le rapport a cet avantage d’être précis et à chercher à quantifier. Plus de 10 millions de personnes seraient touchées par la crise du logement et 3,6 millions subiraient le « mal-logement ». Des cabanes aux squats, en passant par le camping à l’année, « l’exclusion du logement est devenue un phénomène massif qui touche au moins 700.000 personnes », indiquent les auteurs du rapport. Autre constat que fait l’association, les ordres d’expulsion commencent à grimper : près de 119.000 décisions de justice ont été prononcées l’an dernier, soit 3.000 plus qu’en 2011. Alors que les revenus de ceux qui disposent encore d’un emploi stable stagnent (voir diminuent par l’augmentation de la pression fiscale), les dépenses de logement explosent dans les budgets des ménages. Entre 2000 et 2010, les loyers ont augmenté de 47 % dans le parc privé et de 29 % dans le parc social. Forcément, le nombre d’impayés s’envole et le financement des dispositifs de soutien, comme le Fonds de solidarité logement (FSL), est de plus en plus sous tension.
Du fait de la hausse continue du chômage l’an dernier et d’une précarité croissante, les relais d’intervention d’urgence (centres communaux d’action sociale, associations) sont submergés par les appels au secours.
Après le constat, vient la conclusion: « le bouclier de la protection sociale n’est plus calibré pour répondre au problème d’exclusion ».
Des bribes de solutions qui laissent perplexes
Les propositions ou pistes de réflexion de la Fondation peuvent laisser perplexes. Application plus rigoureuse de la loi sur le « droit au logement », plus de sévérité dans la mise en application de la loi sur le relèvement du seuil minimal de 25 % de logements sociaux, imposition d’une « mixité sociale » dans les métropoles régionales au marché immobilier tendu, les zones touristiques du littoral et certaines zones transfrontalières qui connaissent un phénomène de ségrégation territoriale et relèguent les « mal-logés » extra-muros…Bref, des mesures qui ne font que renforcer une politique que ce même rapport dénonce comme étant terriblement inefficace, des mesures qui vont à contresens du mouvement naturel. Nous savons, après cinquante ans d’expérience, que la mixité sociale est un leurre idéologique. A chaque fois que vous imposez une population exogène dans un quartier ou une ville, vous créez un phénomène de rejet qui presque toujours, prend la forme d’un départ de la population d’origine remplacée par des membres de la population imposée. Après quelques années, vous avez modifié la composition sociale du quartier en question, mais vous n’avez pas plus de mixité.
Je suis étonné que la plupart des intervenants sur le sujet du logement se contentent de raisonner à périmètre de marché constant. Mais, peut on en vouloir à une association dont le but est de soulager les misères « hic et nunc » de ne pas prendre le recul nécessaire à une réflexion en profondeur?
Les racines du mal
Pourtant, il y a unanimité sur le constat (y compris dans le rapport de la Fondation de l’abbé Pierre), même si nous ne le formulons pas tous de la même manière. Le marché français du logement ne connait que deux problèmes, l’un survenant conséquemment à l’autre: Le déficit d’offre et la paupérisation des demandeurs.Or, en quoi le fait d’imposer la mixité sociale ou de réquisitionner quelques centaines de logements va résoudre l’un ou l’autre de ces problèmes?
A la base du grave problème de logement que connait notre pays est le mode de financement de notre système social. 50% des revenus d’un salarié étant prélevés en amont de son salaire, ce dernier est sous évalué et rend la part « logement » lourde, voire trop lourde. L’Etat tout puissant croit pallier à ce problème (qu’il génère) par des HLM dont il n’est pas capable d’assurer la construction en assez grand nombre pour absorber l’accroissement de la demande toujours plus grande d’année en année. Toujours plus grande car l’appauvrissement augmente le nombre de Français admissibles aux HLM, car ceux qui y sont ont tendance à faire ventouse, car il y a un accroissement de la population d’année en année, car la multiplication des famille monoparentales augmente le besoin, car chaque année 200 000 étrangers (l’équivalent d’une grosse ville) s’installent dans notre pays, créant une demande nette (il ne libèrent, par définition, aucun logement). L’Etat croit aussi résoudre le problème par des aides (APL). Sauf que la demande augmentant, les charges sur le travail augmentent, provoquant plus de chômage, donc de demandeurs…
Soigner le mal à son origine
Il semble évident que nous sommes au bout de la logique. L’attitude dogmatique et idéologique qui prévaut aujourd’hui est un emplâtre qui va (peut être) satisfaire quelques beaux esprits mais en rien résoudre le problème. Comment voudrait on nous faire croire que l’Etat dont la principale préoccupation dans les années qui viennent sera de réduire le déficit de fonctionnement tout en maintenant le réservoir électoral des fonctionnaires va trouver les ressources nécessaires à la construction de 800 000 logements sociaux? Cet objectif n’a d’éventuelles chances d’être approché qu’à condition que l’investissement privé s’engouffre dans le projet. Sans nous étendre sur l’effet déplorable que le risque « réquisition » peut faire planer sur des investisseurs privés, la paupérisation des demandeurs rend peu rentable, donc peu incitatif la construction privée. Reconnaissant cet état de fait sans l’avouer, l’Etat instaure des incitations fiscales, histoire de ramener l’investissement à un niveau acceptable de rentabilité. Si vous supprimez ces incitations, c’est la catastrophe que nous connaissons.Sans faire de l’Allemagne un exemple en tout, reconnaissons que le marché y est beaucoup serein. Il n’y a quasiment pas de problème de logement, les Landers, depuis la reconstruction, n’ont cessé de construire ou d’inciter à la construction. Dès lors, les loyers sont « raisonnables », puisqu’il n’y pas de pénurie de logement (toujours cette sacrée loi de l’offre et de la demande), que le chômage est faible et que les propriétaires ont la possibilité d’expulser les locataires dès le deuxième loyer impayé. Pas de surcoût d’assurance, pas de crainte de se retrouver avec deux ans sans revenus.