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Adrien Bolet

Adrien Bolet

Jeune libéral de 20 ans, je me heurte tous les jours aux absurdités de notre monde.

Expatriation aux Etats-Unis et arbitrages entre zones géographiques

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Il n'y a pas de coincïdences, alors que j'étais en train de rédiger ce billet, Charles a sorti une vidéo sur les raisons d'une expatriation. Voilà donc quelques apprentissages sur la mienne qui résonne avec les points sur les études, le job, le climat, la qualité de vie et peut-être les expériences personnelles.

Je ne suis qu'en phase d'apprentissage de la vie, j'ai 19 ans, presque 20, et me voilà, depuis 2 semaines "expatrié".

 

J'ai vécu en France toute ma vie, si ce n'est 3 mois d'échange en Australie au lycée qui m'ont réellement ouvert les yeux sur les différences entre sociétés, notamment en termes de qualité de vie. Ne sortant pas comme mes camarades actuels des lycées français internationaux où se rendent les expatriés de nos grandes entreprises, je n'avais pas de réelle expérience internationale et c'est par un coup du destin que mon lycée a ouvert cet échange et que ma candidature a été retenue.

A l'époque j'avais remarqué que le rythme de vie était beaucoup plus confortable là-bas, passant d'un d'un 8h-18h 5j/7 non-stop au lycée à du 9h-15h. Les lycéens disposaient d'une réelle soirée et pouvaient travailler, faire du sport ou apprendre des choses plus personnelles. Les travailleurs aussi bénéficiaient d'un environnement plus calme. Cerise sur le gâteau, le climat y était très doux. Les gens autour de moi ne paraissaient pas essorés par leur vie, même ceux ayant des postes à responsabilité.

Ce voyage, bien que protégé par l'encadrement autour du fait de mes 14 ans à l'époque, fut le révélateur qu'il pouvait y avoir mieux, ou en tout cas plus approprié à soi, ailleurs. On ne se base pas sur un joli poster ou un film, bien que ce soit souvent le premier pas pour choisir une destination, mais sur une réelle expérience de vie pour définir ce que l'on préfère.

 

Quelques années plus tard, me voilà en école de commerce, dans un parcours plagié sur le système anglo-saxon. D'ailleurs, si le système français écrase les élèves pour en faire ressortir les meilleurs (et j'ai pu en faire partie jusqu'à ce voyage révélateur), le système anglo-saxon laisse bien plus de liberté, mais aussi d'incertitude dans son auto-formation. Si l'on n'y apprend quasiment rien, c'était le sujet de mon précédent édito, on baigne dans un milieu propice à l'élévation (matérielle, d'opportunités, intellectuelle, encore faut-il choisir ses fréquentations...). Je n'arrive pas encore à m'y faire totalement, je suis dans un entre-deux. Peut-être que 18 ans de France m'ont conditionné...

Au cours de ma formation, un échange est obligatoire, et l'un d'eux s'est ouvert pour une prestigieuse université américaine avec possibilité de reconduire le visa pour un an de stage. Je suis donc désormais aux Etats-Unis, et même si je suis dans l'un des Etats où l'idéologie fait des ravages, le niveau de qualité de vie est incomparable vis-à-vis de la France. Surtout, on se rend compte de choses qu'on ne peut comprendre en restant en France ou même en Europe. Pourtant, je ne consommais plus que du contenu américain depuis un long moment. Je peux affirmer avoir plus appris en 2 semaines qu'en 2 ans d'école de commerce. Je profite donc de cette tribune pour inciter les lecteurs ayant des enfants de mon âge à les envoyer ne serait-ce qu'un été à l'autre bout du monde. En plus d'apprendre la langue, cette expérience est unique dans le développement d'un individu. Je conseillerais des pays anglo-saxons, l'anglais oblige, c'est la langue primordiale et la civilisation est assez proche pour envisager une "expatriation arbitrage" (je reviendrai plus loin sur l'idée) plutôt qu'une expatriation "coup de coeur" comme au Japon par exemple où un occidental ne sera jamais vraiment bien intégré, l'idée n'est pas de prendre des photos pour les réseaux sociaux.

 

Mes apprentissages

  1. On peut arbitrer la qualité de vie

    Je me sens bien ici. 

    Il faut dire que mon école en France était placée dans une ville de banlieue parisienne à la réputation très mauvaise. Les étudiants se faisaient racketter, suivre et même taser (!) par des individus assistés par la CAF, individus qui n'avaient d'ailleurs rien de bien français. Y'en a un qui disait "l'évasion fiscale est un devoir moral", allez passer 2 jours dans cette ville et vous refuserez de financer d'un seul centime l'Etat français.

    Ici, on vit bien. Il faut des pailles dans les boissons ? Il y a des pailles dans les boissons, pas une loi européenne visant à réconforter les bobos qui pensent qu'une paille changera la face du monde. Les trottoirs sont larges, les rues arborées et le gazon taillé. Et ce malgré des taxes bien plus faibles, même si l'Etat est celui qui en collecte le plus dans tout le pays.

    On s'y sent en sécurité, cela venant en partie du fait que la ville de mes études en France était très peu sécurisée, mais surtout très mal peuplée mais comparé à la majorité des grandes villes françaises, là où je suis reste mieux.

    En somme, pour moins cher, on peut consommer plus, mais pas seulement des biens matériels, le ciel est bleu, il fait beau et on y vit mieux. On profite plus de la vie. D'ailleurs je compte pousser cela encore plus loin, et à la fin de mon année d'échange partir pour un autre Etat, celui où je suis ayant entamé sa phase d'auto-destruction. Par exemple, ils ont arrêté d'envoyer les drogués dans la rue en thérapie de sevrage et les laissent dans la rue. Pour l'instant je trouve ça bien moins pire qu'en France, même à Paris dans les beaux quartiers mais s'il y a mieux ailleurs...

    Sur la nourriture, à moins de ne manger que de la salade, tout à goût de sucre, les repas ne sont pas équilibrés. Je n'avais pas eu cette impression en Australie. Il y a donc un arbitrage à faire. Vraisemblablement, le beau temps et l'espace contre la nourriture, ou alors considérer une autre zone (je retiens l'Australie encore, malgré ce qui s'y passe en ce moment). J'en retiens qu'il est important de savoir ce qui nous plait et ce que l'on juge nécessaire au confort. Ce n'est pas parce que la majorité des expatriés vivent bien dans un pays que ce sera notre cas.


  2. On peut arbitrer en business

    Dans la partie business, il existe plein d'opportunités à saisir. Certaines sont propres aux pays, d'autres à la zone dollar.

    Concernant la devise, dans un premier temps, beaucoup d'entreprises internationales ajoutent une marge de sécurité lorsqu'elles vendent dans une autre devise que le dollar, ici on consomme sans cette marge. Un iPhone à 1500€ en France en coûtera 1200 (€ TTC, EUR/USD entre 1.14 et 1.15 actuellement) ici, moins dans un Etat avec moins de taxes. (Certains pointeront à raison qu'en Europe on trouve des écouteurs dans la boîte mais ça ne justifie pas la différence si élevée).

    Le plus important est que contrairement à l'Europe, beaucoup de choses de consommation courante sont importées.
    Le premier exemple que j'en ai eu concernait l'huile d'olive : que des produits méditerranéens. Le vinaigre, transformé dans l'Etat qui produit pourtant du vin, ce dernier vient d'Italie.
    La zone vit sur l'échange et s'est spécialisée, une fois cela compris beaucoup d'opportunités s'ouvrent. 

    Il y a des différences structurelles. Ici les supermarchés sont spécialisés. L'un fera de la nourriture, l'autre les essentiels de maison. On pourra trouver un peu de l'un chez l'autre mais globalement il faut combiner plusieurs magasins. (Cela est peut-être propre à l'Etat). Les magasins développent donc leurs gammes propres et un entrepreneur pourra essayer de travailler avec ces "petites" chaînes pour y vendre son produit.

    Les modes de consommation sont différents. Notamment l'achat à crédit qui y est beaucoup plus répandu et les pourboires. On peut imaginer pouvoir vendre un abonnement plus aisément.

    Le marché est composé de 360 millions d'américains (+ les canadiens), beaucoup de marques ne daignent mettre les pieds en Europe pour se développer. Certains montent des business européens copiant des business américains mais dans une optique de vendre des produits dans une zone disposant de plus de pouvoir d'achat et de plus de consommateurs, un européen disposera de ressources de production autres.



Charles mentionnait dans sa vidéo qu'il ne porte pas d'attaches à la France. Je ne sais pas encore si c'est mon cas. La France me laisse un goût amer de potentiel gâché, d'un coup pour rien. Elle est si riche et pourtant si peu apte à faire fructifier son patrimoine. Les voitures autres qu'américaines ne sont ici qu'allemandes. La France est reléguée à l'exotisme des bouteilles de vin très peu consommées et à l'accent de ses expatriés (je plaide coupable sur ce point). La France a sabordé sa fierté nationale. Et je crains qu'il ne doive se passer beaucoup de temps avant qu'arborer un drapeau français ne soit qualifié autrement que par des mots en -iste.

Mes ancêtres sont franco-italiens, ont fui la misère par le travail, cette valeur qui est désormais si peu reconnue en France. J'avais été ému lors de la visite d'Ellis Island à New York, les conditions d'immigration, même des européens, étaient si dures et ces individus ont accepté beaucoup de choses pour le rêve de liberté et de croissance qu'offraient les Etats-Unis. Ca aurait pu être mes ancêtres, et dans un sens je finis le travail.

Je ne sais pas si je resterai aux Etats-Unis, mais ils restent dans les pays que j'envisage pour mon futur. La France ne sera qu'un lieu de vacances, et si j'y ai de la famille, ma famille proche n'est pas hostile à suivre un déplacement. Je ne me sens redevable de rien et suis prêt à faire ma vie ailleurs. Si nécessaire, les différences de revenus et d'impôts paieront largement le billet d'avion.

Je crains cependant de ne pouvoir jamais vraiment m'intégrer à cause de mon accent et ma culture, tout sonne faux dans les interactions sociales aux Etats-Unis, mais je n'avais pas eu cette impression en Australie, la preuve en est qu'il me reste un monde vaste à explorer pour trouver l'endroit que je pourrai appeler chez moi.

 

 

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