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Adrien Bolet

Adrien Bolet

Jeune libéral de 20 ans, je me heurte tous les jours aux absurdités de notre monde.

Ecoles de commerce : l'hypocrisie comme vertu

Audience de l'article : 3394 lectures

Les écoles de commerce constituent décidément un monde à part.

Si ce monde a pu me faire rêver avant de le rejoindre (et inconsciemment ces écoles restent encore la matérialisation d’une certaine forme de réussite, ou du moins d’accession à un monde privilégié), c’est bien là où j’ai côtoyé (et continue de côtoyer, n’étant encore qu’à mi-cursus) le plus d’incohérences de ma vie.

Au final, ces incohérences ne sont que la représentation des perversions de l’Homme.



Il serait bien trop facile de faire (uniquement) référence aux soirées débridées où l’alcool coule à volonté et pour lesquelles un journal de bord publié par les organisateurs tient la liste des conquêtes de la soirée « les choppes », certains (et certaines, pas de sexisme dans la débauche) apparaissant plusieurs fois par liste, liste après liste.

Il serait tout aussi facile d’évoquer un capitalisme libéral débridé et destructeur de la planète.
En réalité, c’est presque l’une de mes plus grandes déceptions de ne pas avoir rencontré cette idéologie. Le libéralisme en école de commerce se fait rare. Certes, certains de mes camarades, amis et professeurs ont pu entreprendre et se confronter à la réalité de la vie mais ce n’est pas le cas de la grande majorité.




Avant de poursuivre, je souhaite clarifier un point. Je suis très heureux d’avoir pu intégrer une école de commerce.

De surcroît une bonne école de commerce, si tant est que bonne se définie au classement, le contenu des cours étant d’un vide abyssal, les étudiants en savent plus que les professeurs sur un certain nombre de choses. La valeur ajoutée de telles écoles par rapport à une université était la mise en pratique dans certaines matières, désormais les élèves savent et font déjà, et plus que ce qu’ils balayent en cours. Néanmoins, j’ai pu y rencontrer des personnes formidables, des gens au cursus incroyable, et rien que pour ça le jeu en vaut la chandelle.




Ainsi, si en fonction des idées, des visions de la vie, on peut reprocher beaucoup de choses à ce monde, c’est une donnée.

Toutefois, ce qui a été pour moi difficile à intégrer, et qui reste très déconcertant est la dissonance cognitive des intervenants.

Sur les soirées, l’idéologie progressiste a pris le pas, et si le phénomène de libération des mœurs est promu, c’est une forme de répression malsaine qui s’y ajoute. J’ai pu entendre certaines personnes appeler à la « présomption de culpabilité » à la suite de certaines accusations.
« Chacun est libre de faire ce qu’il veut mais si je ne l’aime pas alors c’est un agresseur » pourrait résumer le mode de pensée.
Je ne cherche ici pas à nier l’existence de comportements nuisibles mais à dénoncer une idéologie qui s’infiltre jusque dans la façon de former les groupes de travail, puisqu’apparemment un groupe d’amis travaille moins bien qu’un groupe composé d’un porto-ricain, un transsexuel et une étudiante qui a choisi le cours en le confondant pour un autre. Ainsi, sont imposés des quotas.




Sur le capitalisme débridé, beaucoup se voilent du drap du « bien commun ».
Ecologie, « inclusivité » ou encore « égalité » résonnent dans les couloirs.


Pour décrire le niveau d’absurdité dans l’idéologie, de l’ineptie dans les mesures, le meilleur exemple est l’installation de 5, parfois 6 poubelles différentes pour remplacer les anciennes. Soi-disant pour un meilleur recyclage. Quel opérateur de traitement des ordures traite 6 catégories de poubelles différentes ? Voilà donc une mesure inutile, ne servant qu’à justifier un sentiment de supériorité morale chez certains, étant parvenus à sauver le monde le jour où ils ont enfin réussi à convaincre l’école de subventionner leur projet.



Mais plus récemment, c’est un autre événement qui fut un choc.
Lors d’un événement de promotion des listes de campagne pour le BDE (l’association qui organise les fêtes, élue chaque année) étaient distribués des goodies. Les membres des listes candidates montent sur leur bar fabriqué pour l’occasion (il s’agit plutôt d’un stand où sont distribués sodas et biscuits) pour lancer des goodies dans la foule qui s’attroupe devant pour essayer d’attraper en vol casquettes, maquillage de marques de luxe, nourriture…




Ces produits, fabriqués par des multinationales qui emploieront une majorité des étudiants à la fin de leurs études permettent d’acquérir de futurs clients, employés tout en agrémentant les orgies que constituent ces événements de produits désirables et désirés.



Encore une fois, je ne crie pas à l’indécence face à la profusion de produits consommables dont nous bénéficions, chaque parti y trouvant son compte.

C’est l’hypocrisie qui est difficile à appréhender.

Les mêmes appelant au désastre écologique lorsqu’un quidam a le malheur de boire avec une bouteille en plastique au lieu d’une gourde bien plus polluante à la fabrication compte tenu de sa durée de vie (la gourde), sans parler de l’hygiène moindre, étaient en train de marcher sur des produits cosmétiques. Impossible de marcher sans écraser échantillons ou produits encore scellés. Piétinant crèmes et soins pour la peau, canettes, dosettes de café haut de gamme et autres boîtes de Tic-Tac, ils s’amusaient.

Ceux passant leurs vies à rappeler leur vertu en imposant aux autres des restrictions arbitraires s’adonnaient aux mêmes vices, dans une mesure bien plus importante, sans que personne ne soit choqué de piétiner nourriture, produits cosmétiques et autres objets publicitaires (bien en plastique ceux-là). Je me répète dans l'énumération, mais c'est parce que l'absurdité de la situation me choque.

Force est de constater que parmi nos futurs cadres intermédiaires et supérieurs l’hypocrisie est devenue une vertu, et que ce sera encore le cas dans les prochaines décennies.



Certains sont plus égaux que d’autres, et ce n’est pas près de changer.

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2 Commentaires

  • Lien vers le commentaire Ohibo Christain mercredi, 17 novembre 2021 21:05 Posté par Ohibo Christain

    "Certains sont plus égaux que d’autres, et ce n’est pas près de changer."


    Du Colluche ou du Bourdieu.

  • Lien vers le commentaire Thierry Seguin mercredi, 17 novembre 2021 19:30 Posté par Thierry Seguin

    "Force est de constater que parmi nos futurs cadres intermédiaires et supérieurs l’hypocrisie est devenue une vertu".

    Attend de les retrouver dans la vie active et tu comprendras pourquoi on finit par devenir trader en compte propre :) Quant à l'être devenue, cela faait belle lurette.
    A ta remise de diplôme, fais-toi plaisir : invite un de tes potes, faites vous un tennis, et remontez en short en vous faisant une tartine de pâté pendant que les diplômés sabrent le champagne en écoutant une dernière fois qu'ils sont l'élite de la Nation :)