2) L’étude de la DARES mentionnée par la ministre indique que l’absentéisme est plus fort dans le secteur public que dans le secteur privé, les différences étant il est vrai assez faibles. Mais cette étude provient de l’exploitation d’un questionnaire demandant aux salariés « Durant la semaine X, avez-vous été absent pour maladie .. ? ». Aucune vérification de ces déclarations n’a été faite. Comment peut-on accorder la moindre valeur probante à une telle étude? Les seuls chiffres fiables sont ceux extraits des fiches de paie établies par les administrations et entreprises. Par exemple d’après le ministère de l’Education Nationale, la moyenne nationale du taux d’absentéisme (nombre de jours d’absence divisé par le nombre total de jours ouvrables) des enseignants du premier degré était de 7,2 % en 2009. Dans l’enseignement privé du premier degré, ce taux est de 3,2 %. Répondant à une question écrite d’un sénateur, le ministre de la Fonction Publique indiquait le 1/11/2012 : « On dénombre en moyenne 24,3 journées d’absences, tous motifs confondus, par agent territorial permanent ». Pour l’ensemble du secteur public, il y a peu d’études globales. Cependant une étude de Dexia Sofcap de 2011 compte en moyenne 22,6 jours d’absence pour raison de santé dans le secteur public. D’après la société Alma Consulting Group, on ne recense que 9 jours d’absence dans le privé pour les mêmes raisons de santé. Les bilans sociaux des administrations et entreprises donnent des informations partielles mais significatives. Celui de la ville de Paris donne un taux d’absentéisme de 10,9 % en 2009, celui de la ville de Nantes de 9,9 %. Le bilan social de PSA (Peugeot-Citroën) donne un taux de 5,5 %, celui de l’Air Liquide 3,1 %.
En résumé, comme l’avait constaté l’iFRAP dans une étude approfondie, l’absentéisme, dû principalement aux arrêts-maladie, est dans l’administration en moyenne plus du double de celui du secteur privé. Le maire socialiste de Lyon, Gérard Collomb, a donc raison de déclarer qu’« il y a un véritable problème d’absentéisme chez les fonctionnaires » et d’ajouter « on ne peut pas supporter qu’il y ait des différences entre secteur privé et secteur public».
3) Le président de la Fédération Hospitalière de France (les hôpitaux publics), Frédéric Valletoux, a affirmé que le jour de carence avait produit «des effets immédiats» pour réduire l’absentéisme dans ces hôpitaux. Il a assuré que «dans les mois qui ont suivi la mise en place du jour de carence on a vu des situations s’améliorer, on a pu les mesurer». Il a chiffré entre 65 et 75 millions d’euros les économies réalisées par les hôpitaux publics dès la première année, la réduction d’absentéisme ayant été de 7 %. Mais le « plus important pour les professionnels sont les effets induits par cette mesure en termes de gestion d’équipes souvent handicapées par des arrêts maladie de courte durée ». Autrement dit : en plus des économies, le service rendu aux malades a été amélioré. Il a qualifié la suppression du jour de carence de « décision incompréhensible».
Cette décision est pourtant facile à comprendre : les fonctionnaires ont voté à 66 % pour François Hollande ; il faut donc les en remercier en augmentant encore leurs privilèges. La Cour des comptes a constaté que « la rémunération des fonctionnaires présents deux années de suite a augmenté, en moyenne … de 3,6 % par an de 1999 à 2009», soit 1,3 % de plus par an que celle du secteur privé. Pour les années 2009 et 2010, la différence d’évolution des salaires publics et privés a encore augmenté, passant à 2 % par an. Le salaire moyen d’un fonctionnaire français est maintenant supérieur de 21 % à celui d’un allemand. Et les salaires des fonctionnaires français continuent d’augmenter fortement. Ces privilèges ne sont plus acceptables. En supprimant le jour de carence des fonctionnaires le gouvernement a fait déborder le vase et porté atteinte à la cohésion sociale du pays.
Pour les autres Français, qui travaillent davantage que les fonctionnaires pour des salaires inférieurs et doivent payer ces privilèges, il est urgent d’exprimer leur colère, d’abord par des pétitions demandant au moins le maintien du jour de carence, ensuite si nécessaire par des manifestations.