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Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

Charles-Sannat

« Comment trouver 60 milliards en deux clics… »

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Mes chères contrariées, mes chers contrariens !

Mon cher Président, je sais que pour toi la vie est dure et le peuple parfois ingrat, d’ailleurs il t’a même sifflé un jour de commémoration, un 11 novembre. Et là, à en croire nos médias sérieux, cela ne se fait pas ! C’est une honte. Un scandale. Le 11 novembre, on ne siffle pas le Président… ben… pourquoi ? C’est vrai ça, le 14 juillet on avait le droit de siffler, pourtant c’est aussi une commémoration non ? Tout cela devient compliqué quand même.

Donc notez pour l’année prochaine. Pour le 14 juillet, sifflets autorisés (jusqu’à édiction d’une nouvelle règle contraire), pour le 11 novembre sifflet interdit. Je n’ai pas encore compris le sens de ce règlement mais c’est ce qu’il faut retenir.

Bref, c’était juste un petit clin d’œil à l’actualité du jour et puis pour passer un petit message à notre Président vénéré béni soit son nom que l’on n’a pas le droât de siffler le 11 novembre.

Cher Président donc, toi qui te débats dans les difficultés les plus sombres et les plus pénibles, je te propose en exclusivité environ 60 milliards de recettes (en euros sonnants et trébuchants). Oui Président, rien que pour toi, 60 milliards de petits euros qui n’empêcheraient même pas la France de tourner. Bon, je reconnais qu’il y en a bien « quelquezuns » qui vont hurler mais franchement, on n’en a rien à faire ou presque.

L’Association française des volontaires du prôôôôgrèèèès !

Non Président, ne le prends pas mal, je sais que toi, grand mamamouchi en chef des forces de gôche, tu incarnes les forces du prôôôôôgrèèès…. N’y vois pas malice, c’est juste que j’étais sur mon p’tit jaune. Non chérie, ce n’est pas mon 16e ricard de la soirée (je dis ça pour ma femme sinon elle va encore vouloir contrôler mon taux de gamma GT), non le petit jaune, c’est le document super officiel édité tous les ans par notre administration fiscale vénérée de Bercy et qui liste de façon exhaustive l’ensemble des associations (ça, on s’en fout) et surtout des subventions qui sont versées… Et là, clairement, on se marre, enfin pas vraiment vu que c’est l’argent de nos zimpôts (vous savez les trucs qui ont une fâcheuse tendance à exploser ces dernières années).

Donc l’Association française des volontaires du progrès fut créée en 1963 à l’initiative du Général de Gaulle avec plusieurs objectifs, comme permettre aux jeunes français de manifester leur solidarité envers les pays du sud et répondre à la création des « Peace Corps » américains.

Tu vois François, tu n’y es pour rien. Tu n’es pas le Général comme chacun sait. Toi tu es un type profondément normal. D’ailleurs, tu ne devrais pas avoir besoin de vouloir concurrencer les « Peace Corps » américains. Non, voyons, c’est dépassé tout cela. Vu qu’en plus, plus personne ne t’écoute à part peut-être encore la NSA, je ne vois plus l’intérêt de vouloir marcher sur les plates-bandes de nos grands zamis les Zaméricains. Cela a tout de même un petit relent de bonne vieille guerre froide !

Je dis ça parce que cette petite plaisanterie de l’amicale française des volontaires du prôôôôôgrèèèès, ça me coûte tout de même 5 858 000 euros par an. Enfin pas à moi personnellement mais à nous collectivement.

Lorsque l’on additionne l’ensemble de ces âneries de subventions qui ne servent économiquement à rien mais alors à rien du tout, on arrive tout de même à la modique somme d’environ 30 milliards d’euros.

Il n’y a pas que le truc des volontaires machin-bidule du prôôôgrèès français, il y a par exemple l’Institut de l’élevage… oui je sais François, on ne touche pas à l’élevage, surtout en Bretagne, sinon les schtroumpfs grognons à bonnets rouges brûlent tes perceptions automatiques, heu pardon, tes radars pour notre bien et pour la sainte sécurité routière et celle de ton portefeuille.

Mais tout de même, 12 699 776 d’euros pour l’Institut de l’élevage alors que tous nos éleveurs se meurent… on n’a jamais aussi peu élevé (je ne parlerai même pas de nos enfants) et l’on a jamais autant financé.

Il y a aussi les 12 816 661 d’euros pour l’Institut du végétal. C’est important le végétal. Pour l’association des planteurs de plants de pommes de terre, c’est pareil, super méga important.

Un autre truc sympa, c’est aussi l’Association Jessica France. Moi je croyais que c’était une gamine qui avait été enlevée et que ce serait difficile de me lancer dans une diatribe économico-financière sur un tel sujet (le dérapage n’est jamais loin pour la police de la pensée), mais je suis quand même allé vérifier sur Internet.

En fait, c’est une association forte d’une vingtaine d’ingénieurs répartis sur le territoire et de plus de quatre cents adhérents, « elle aide plus de 1 800 PME françaises par an, quel que soit leur secteur d’activité, à accroître leur compétitivité en les accompagnant dans l’intégration de solutions électroniques dans leurs produits.

Séminaires techniques, conseil à l’entreprise, appui technique au projet, suivi de l’entreprise et de ses projets sont autant de prestations dont peuvent bénéficier les PME adhérentes à l’association Jessica France ».

Diantre ! Quel exploit tout de même. C’est vrai que dans la croissance générale de notre pays, cela ne se voit pas vraiment. Plus on aide Jessica, plus notre taux de croissance baisse. À tel point que l’on ferait mieux de ne plus aider personne (je parle des entreprises dans ce cas) et de les laisser se débrouiller toutes seules (ce qu’elles réclament). Soyons simples. L’entreprise fait son boulot d’entreprise et les autres bonnes âmes charitables arrêtent de vouloir aider tout le monde avec le pognon des autres.

Donc Jessica nous coûte 3 900 000 euros par an… pour 20 ingénieurs, ce qui nous met le cours de l’ingénieur à 195 000 euros annuels… Leur aide doit être sacrément précieuse à ce prix.

Bref, mon cher Président vénéré, vous avez à votre disposition ce petit document de très exactement 21 168 lignes où chaque ligne correspond à une subvention versée par l’État, c’est-à-dire avec mon argent.
Comme je sais qu’actuellement c’est disette, vous pourriez tailler dans le vif. Avec mes amis contrariens, nous sommes volontaires (du prôôôôôgrèèèèès) pour créer un groupe de travail gratuit pour couper dans les dépenses. En gros, subventionnons la recherche médicale et la solidarité alimentaire type Restos du cœur. Après pour le reste, comme l’Association des boulistes de tulles, l’utilité économique est très marginale ce qui nous permettrait d’économiser 30 milliards d’euros.

La formation professionnelle

Pour le même montant, nous avons la formation professionnelle. Également 30 milliards d’euros en jeux.

J’entends déjà les mêmes arguments. La formation c’est important blablabla, permettre aux gens de se réorienter blablablabla. Il y a aussi les frais de transport blablabla… Bref, autant d’arguments parfaitement vrais.

Sauf que la réalité des faits c’est que plus la formation professionnelle nous coûte cher, plus le nombre de chômeurs augmente. Je n’y suis pour rien. Ce sont les faits. Et les faits sont têtus.

Nous parlons là encore de 30 milliards d’euros par an. Chaque nouveau mois, nous battons des records de nouveaux chômeurs chez Paul Emploi. Mais ne réformons pas la formation professionnelle.

Le débat sur ces deux postes très importants de dépenses est absent !

Augmenter la taxe forfaitaire sur l’or permettra de grappiller 2 millions d’euros. L’écotaxe, quelques centaines de millions d’euros par an (après avoir laissé la société Écomouv’ se gaver au passage)… Alors que là, nous parlons d’une enveloppe de 60 milliards d’euros de dépenses.

Je peux vous assurer que quelques dents grinceraient. Que quelques personnes perdraient leur gagne-pain. Quelques formateurs se retrouveraient à devoir aller former ailleurs, mais il n’y aurait aucun, strictement aucun cataclysme économique.

Vous pouvez annuler 60 milliards de dépenses du jour au lendemain sans provoquer de cataclysme économique.

Pourtant sur ce sujet, il n’y a aucun débat. Pourquoi ?

Pourquoi ?

Pourquoi ?

Pourquoi ?

Évidemment, je ne répondrai pas à cette question puisque la réponse pourrait être diffamatoire à l’égard de certains. Disons que poser la question, c’est déjà y répondre.

Les subventions des associations et la formation professionnelle dans ce pays ne servent économiquement à rien. Utilité ? Proche de zéro. Mais il s’agit des deux plus belles pompes à financement de la République.

Alors mes braves contrariens, mes braves citoyens, vous allez payer, raquer, jusqu’à ce que mort financière s’en suive, mais jamais, jamais notre cher Président ne touchera à ces 60 milliards d’euros.

Redresser notre pays n’est pas impossible. Ce serait même assez facile. Encore faut-il avoir le courage de changer le cadre.

Restez à l’écoute.

À demain… si vous le voulez-bien !!

Charles SANNAT

Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Contrarien Matin est un quotidien de décryptage sans concession de l’actualité économique édité par la société AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT, directeur des études économiques. Merci de visiter notre site. Vous pouvez vous abonner gratuitement www.lecontrarien.com.
Aujourd’hui, enfin ce soir, mais quand vous lirez ces lignes ce sera hier soir, il y a webinaire. Donc il faut que je prépare tout ça, que je fasse quelques petits « slides » de présentation (on dit des « transparents » en français) et du coup, l’édition du Contrarien sera plus légère puisque en gros elle se limitera presque à cet édito. Je compte sur votre bienveillance évidemment.

Pour me faire pardonner cette édition plus courte, je suis allé vous chercher un petit jaune !

Pour télécharger le document de Bercy c’est ici
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