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Thibault Doidy de Kerguelen

Thibault Doidy de Kerguelen

Je suis président de la Compagnie Financière et Patrimoniale de Normandie. Vous pouvez me suivre sur mon site http://maviemonargent.info/

Petroplus ou un nouvel exemple de la « méthode Montebourg »

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Le feuilleton Petroplus n’en peut plus de rebondir… jusqu’au flop final?

Le candidat préféré du ministre jette l’éponge

Samedi dernier, c’était le conseil d’administration de la société égyptienne Arabiyya Lel Istithmaraat International qui décidait de renoncer au projet de reprise de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne (Seine-Maritime). Mohammed Metwalli,  président de la société égyptienne, précise que  »Cette décision négative est motivée par la grande complexité de cette reprise dans le cadre de la phase judiciaire actuelle et du peu de temps qui lui est imparti – compte tenu de son entrée tardive dans le processus – pour en maîtriser les risques et présenter un projet industriel viable »

Pourtant,  Arnaud Montebourg, ministre du « redressement productif », nous avait vanté ce candidat en février dernier, qualifiant le dossier « de bonne qualité, d’un groupe égyptien qui a pignon sur rue, disposant de liquidités et de pétrole« , étalant « le meilleur cabinet d’avocat, les meilleurs conseillers juridiques » que cette société avait sélectionnés pour cette négociation.

Après ce flop, voici notre ministre qui s’emballe pour un autre candidat! Enfin la solution?


Il s’agit de la société libyenne Murzuq Oil, qui a fait une offre conjointe avec la société suisse Terrae International.

Une rencontre a eu lieu à Bercy avec Arnaud Montebourg, une autre devrait avoir lieu en Libye. Un communiqué publié à la sortie de cet entretien, nous apprend que   »Murzuq Oil a découvert en Arnaud Montebourg un grand ami de la Libye, soucieux du rapprochement entre les deux pays« , et « tient à rassurer l’intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC sur sa détermination à faire aboutir cette opération« . Une telle déclaration, plus politique qu’économique, laisse entendre que l’Etat, d’une manière ou d’une autre, a promis de mettre la main à la poche pour assurer le « succès » de cette reprise. Les emplois « sauvés » risquent donc de l’être au profit d’une société libyenne subventionnée par le contribuable français.

Le plan présenté par la société pétrolière Murzuq Oil, dont le PDG est Mabrouck Jomode Elie Getty, conjointement avec Terrae International, une société suisse d’ingénierie spécialiste des activités de pétrole, promet de garantir tous les emplois de la raffinerie en liquidation judiciaire, soit 470. 

D’autres solutions possibles?


De tous les candidats qui s’étaient soit disant déclarés il y a quelques mois, seuls restent en lice, outre cette société libyenne, la panaméenne Net Oil et la chypriote FJ Energy Group. Seuls? Non, car depuis le début de cette affaire, un candidat a fait une offre de reprise complète de la raffinerie, avec sauvegarde des emplois, perspectives d’agrandissement. Il s’agit de la société privée iranienne Tadbir Energy. Mais voilà, la France, tenue par ses liens de l’OTAN à respecter l’embargo américain sur l’Iran (MVMA a été un des premiers, grâce à la perspicacité d’un de ses lecteurs, à vous informer des conséquences désastreuses de ces accords sur PSA) ne veut pas retenir cette candidature. Pourtant, comme le reconnait Yvon Scornet, président de l’intersyndicale de Petroplus, Tadbir a tout pour plaire : «Ce sont des raffineurs, ils ont du pétrole et de l’argent». En outre, pour ne pas s’opposer de front aux sanctions, les Iraniens proposeraient de livrer du pétrole qu’ils extraient de la mer du Nord. Mais rien n’y fait, notre gouvernement ne veut pas déplaire aux USA et préfère une solution partielle voire brinquebalante plutôt que traiter avec des Iraniens.

Cette affaire et ses rebondissements sont la démonstration supplémentaire (en fallait il une?) que l’interventionnisme étatique qui prévaut à l’action de « redressement productif » de notre gouvernement est voué à l’échec ou aux solutions artificielles condamnées à termes puisque économiquement non viables.

Ouvert en 1929, le site de Petit-Couronne est aujourd’hui sérieusement menacé. Pour l’instant, la poursuite de l’activité est prévue jusqu’au 16 avril.
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