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Vincent Benard

Vincent Benard

Vincent Bénard est analyste à l'Institut Turgot (Paris) et, depuis mars 2008, directeur de l'Institut Hayek (Bruxelles). C'est un spécialiste du logement et  de la crise financière de 2007-2008 (subprimes). Grand défenseur du libéralisme économique, Vincent décortique tous les errements des Etats providence !

La droite a gagné gné gné...

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Départementales: La droite à gagné… Et alors ?


Ok, “La droite à gagné” les élections départementales. Tels des supporters de foot dansant après une victoire 1-0 sur un pénalty douteux de leur équipe après un match insipide comme une endive vinaigrette, les leaders de la droite dite parlementaire peuvent savourer quelques minutes de joie, avant de se heurter au mur de la réalité.

50% d’abstention et près de 10% de bulletins nuls ou blancs, du jamais vu: on ne saurait mieux dire que la “vague bleue” doit plus aux spécificités du scrutin majoritaire à deux tours qu’à une adhésion massive de l’électorat à son programme ou à ses idées.




Loi “Notre”, une pantalonnade législative


Et que feront ils, nos nouveaux élus ? Ah, et bien… On ne sait pas exactement.

Vous savez, il y a un an, la réforme annoncée à grands renforts de trompettes par le gouvernement devait aboutir à la suppression des départements afin de simplifier le coûteux “millefeuille” institutionnel Français. Or, sous la pression des conservatismes locaux, le gouvernement a reculé, et la loi “NOTRe” (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) en discussion maintiendra l’existence des deux strates politiques et administratives. Pire, les “compétences partagées” devraient subsister, même si un très improbable rôle de “chef de file” devrait être assigné à une collectivité dominante, sans qu’on sache très bien comment les recouvrements d’intervention (et donc autant de gaspillages d’argent public…) seront gérés. On ne sait donc pas si la simplification envisagée par la loi sera effective ou pas.

De plus, la loi NOTRe n’étant pas votée définitivement, personne ne peut dire aujourd’hui quelles seront les compétences finalement attribuées à un département. Les électeurs ont donc voté, mais sans savoir exactement pour quoi ! La France, quoi...

Seule certitude: le nouveau mode de scrutin ne permet même pas de diminuer le nombre d’élus ! On ne saurait mieux dire que cette “réforme” ressemble à une mauvaise comédie de boulevard dont les contribuables, votants ou abstentionnistes, seront de toute façon les cocus.



Un nouveau président de département, pour faire quoi ?

Parions d’ores et déjà qu’aucun nouveau président élu n’osera mettre en place un véritable programme de sabordage de sa collectivité, anticipant sur sa disparition, et n’osera faire de la baisse des impôts locaux sa priorité affichée. Il est vrai que les marges de manoeuvre de ces présidents sont faibles, puisqu’en moyenne 50% des dépenses des départements sont des dépenses sociales “obligatoires” du fait de la loi: RSA, Prestation autonomie, Prestations handicap, et aide sociale à l’enfance.

Nous pourrions espérer, si hélas la loi à venir ne l’imposait pas, ou trop mollement, qu’un nouveau président annonce une suppression totale des interventions de sa collectivité dans les domaines déjà traités à d’autres niveaux: développement économique, emploi, environnement, culture, logement, transports. Mais je doute qu’un seul d’entre eux ose une approche si radicale.

Nous ne verrons, j’en suis sûr, aucun nouveau président élu aider ses communes à partir en guerre contre l’odieuse loi SRU, la loi qui exclut les classes moyennes du logement: au contraire, la plupart d’entre eux devraient continuer à verser au pot des plans locaux de l’habitat, usines à gaz destinées à parsemer le territoire de logements subventionnés.

Verrons nous un nouvel élu se lancer dans un audit des dépenses sociales “non obligatoires” de son département, et sabrer dans celles faisant double emploi avec celles des CCAS communaux (Centres communaux d’action sociale), ou celles qui tendent à maintenir le récipiendaire dans l’assistanat ? Ce serait une première, dont les risques politiciens n’échapperont à personne. Et je doute que ces nouveaux présidents soient nombreux à entreprendre des actions spectaculaires pour réduire la masse salariale de leur collectivité.

J’espère bien sûr me tromper, et que parmi les nouveaux élus, des nouvelles figures avec un vrai caractère réformateur émergeront. Mais force est de constater que le système est conçu pour faire rentrer rapidement dans le rang tout élu défendant une telle vision de l’action politique, fondée sur un désengagement de la puissance publique. 4000 élus locaux trouveront la soupe trop bonne pour oser demander des mesures garantissant qu’elle ne leur soit plus servie à terme. Et la vie va continuer… Jusqu’à ce que l’argent des autres fasse défaut.


Vincent Benard




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