
Car à l’évidence, c’est bien elle qui est à l’origine de l’horreur, c’est bien cette liberté d’expression, largement utilisée par le journal, qui a motivé le triplet d’individus cagoulés à dégommer froidement du journaliste, du dessinateur, et, ce faisant, à emporter dans la foulée quelques salariés et deux policiers. Et, comme le fait très justement remarquer Guillaume Périgois, directeur de publication de Contrepoints, ce qui a été attaqué n’est pas spécifiquement la branche de la liberté de la presse ni même son tronc, la liberté d’expression mais c’est bien la racine, le droit fondamental qu’a chaque individu de penser librement.

Ce combat, à mener, va mobiliser les uns, les autres, et tout le monde, vous allez voir. Mais pas maintenant. L’heure, évidemment, est au recueillement et c’est tout à fait normal. Apparemment et selon les uns et les autres (ceux qui parlent, avidement, dans tous les micros à portée), l’heure est aussi à l’unité et aux rassemblements.

Et puis, des rassemblements, partout. Mais pourquoi ? Pour y déclamer haut, fort et grégairement « Je suis Charlie » ? Mais pourquoi ? Quel but peut-il y avoir à vouloir se fondre dans un grand tout lacrymal, à se dissoudre ainsi pour montrer qu’on peut ou qu’on doit s’exprimer ? On peut parfaitement être choqué et viscéralement contre ce qui vient de se produire sans avoir pour autant la moindre affinité avec le journal et à plus forte raison sans vouloir disparaître derrière un slogan niaiseux. Et puis surtout, la liberté de penser, de s’exprimer, ce n’est précisément pas de penser et d’exprimer ce que tout le monde pense et exprime déjà, que diable !
Mais rassurez-vous, l’heure est trop grave pour
Ça tombe bien. Avec ce qui vient de se passer, de l’encadrement, on va en avoir de grosses louchées.