Vous n'êtes pas membre (devenir membre) ou pas connecté (se connecter)
H16

H16

Je suis naturellement grand, beau, j’ai le teint buriné par le soleil et le sourire enjôleur et des mocassins à gland, un très gros zizi et une absence totale de lucidité sur mes qualités et mes défauts !

J'ai un blog sur lequel j'aime enquiquiner le monde : Petites chroniques désabusées d'un pays en lente décomposition...

        BOUTIQUE DE
                H16
 H16

Le livre de H16 sur Amazon : cliquez ici

Quand l’État-maman vous dit quoi manger et comment

Audience de l'article : 2081 lectures
Nombre de commentaires : 0 réactions
L’État peut tout. C’est même à ça qu’on le reconnaît. Et notamment, il peut s’occuper de votre santé, notamment en la dégradant puis en mettant tout en œuvre pour vous la rétablir avec des remèdes de son invention. Pour cela, il utilise l’arme redoutable du Comité Théodule.

Le comité Théodule, c’est le couteau suisse de l’État qui peut tour-à-tour fournir des expertises sur les digues en Poitou-Charentes, détailler les normes de sécurité à appliquer dans les réacteurs nucléaires, lister les avantages comparés des éoliennes et des panneaux photovoltaïques et établir la liste officielle des aliments que tout Français doit avoir dans son réfrigérateur, pour son goûter du mercredi.

Pour plus d’efficacité devant une telle versatilité, il faut bien sûr multiplier les experts et les Comités Interministériels, Commissions Nationales et Hautes Autorités. Il en va de la santé comme du reste : elle a donc sa Haute Autorité qui prétend contribuer à la régulation du système de santé par la quälitay et des missions finement étudiées dans les champs de l’évaluation des produits de santé, des pratiques professionnelles, de l’organisation des soins et de la santé publique.

Créée depuis 2004, on peut déjà admirer ses résultats flamboyants de cette HAS puisque, tout le monde le sait, depuis qu’elle est intervenue en régulant à fond les ballons avec des palettes de quälitay, la santé en France ne s’est jamais si bien portée : l’organisation des soins est tip top, la gestion des pratiques professionnelles est impeccable, l’évaluation des produits de santé ne souffre d’aucun reproche et la santé publique n’a jamais affiché un tel ratio de survie chez ses 60 millions de cobayes en plein système collectif alternatif de synthèse.

Pas de doute : grâce à la HAS, le Français, déjà heureux de vivre dans un pays de cocagne, se retrouve le teint rose et les joues rebondies à attendre une retraite méritée qu’il passera à boire de bons vins en grignotant d’excellents fromages dans une absence idyllique de tout problème cardio-vasculaire ou hépatique.

Cette année, les membres de cette indispensable institution sont en plein renouvellement. Et là, c’est le drame : il semble que certaines promesses politiques ne seront pas tenues.

Oh. Zut alors !



Certes, le décret présidentiel n’est pas encore paru, mais la liste des membres fuite déjà.

Or, cette liste est composée sur recommandation des présidents du Sénat et de l’Assemblée Nationale (chacun pour 1 membre), du Comité Conseil économique, social et environnemental (pour un autre membre – victoire, on sait enfin à quoi sert ce Comité au nom à rallonge), et de la ministre de la Santé pour trois membres. Et malgré les promesses de Marisol Touraine, les patients n’auront toujours pas de représentants. Quant aux médecins, le cardiologue qui tenait ce rôle dans l’Autorité actuelle ne sera pas renouvelé.

Autrement dit, des fonctionnaires siègeront à cette Hautotorité, sans présence de patients ou de médecins. C’est extrêmement rassurant puisqu’alors, l’État aura enfin toutes latitudes pour imposer son doigté magique aux décisions qui seront prises en son sein.

On sait d’ores et déjà, compte tenu d’un historique relativement flamboyant de l’État en la matière, que ce sera un franc succès et ce d’autant plus que l’État, depuis qu’il gère la santé, tant depuis sa couverture assurantielle que son côté purement physique (hospitalier, même), a enquillé d’amples réussites et des bénéfices hygiéniques palpables le tout plongé dans des aventures financières bien trouvées et hautement rentables.

mangibougisme, programme nationale d'interdiction du fun
D’autant qu’on ne compte pas qu’une unique instance en charge de la bonne santé de nos compatriotes. Entre cette HAS, l’Institut de veille sanitaire (INVS), l’Institut national pour la prévention sanitaire (INPES), l’établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (EPRUS) et la demi-douzaine d’autres agences ou institutions publiques en charge de notre sécurité bactériologique qui nous facilitent tous notre transit intestinal, jamais dans l’Histoire de l’Humanité un peuple n’aura été scruté et papouillé avec autant d’attention.

Pour tout dire, la santé, dans ce pays, n’est plus une institution, mais une galaxie, ou plus à propos, une véritable nébuleuse de bidulotrons hygiénistes qui s’occuperont de vous de la tétine au sapin, depuis le cor au pied jusqu’au dénombrement des métastases de votre prochain cancer dont on saura jamais si elle a participé à le guérir ou à le provoquer avec acharnement de bons soins.

C’est cette regrettable vénérable Nébuleuse qui nous aura fourni nos plus beaux slogans défilants aux bas des publicités pour les petits Lus ou les sodas sur le mode « Culpabilisez : la verdure, c’est meilleur ». C’est elle aussi qui nous recommande, par le truchement de radios et de télévisions tendrement complices, de boire lorsqu’on a soif, de se couvrir lorsqu’il fait froid et de mettre chapeau et huile solaire lorsqu’il y a beaucoup de soleil.

C’est d’ailleurs aussi elle qui, depuis janvier de cette année, après nous avoir indiqué avec précision quels aliments nous devions nous fourrer dans le gosier, nous fournit à présent les indications indispensables sur leur quantité.

Nous attendons avec gourmandise les « Fiches Recettes de la République », avec les ingrédients, les quantités, les prix recommandés et le menu pour chaque jour, chaque semaine et chaque mois de l’année pour être un bon éco-citoyen mangeant de bons fruits, de bons légumes de saison (forcément de saison), pas trop sucrés, pas trop salés, pas trop gras, pas trop funs, dans des quantités idoines pour un développement physique et intellectuel harmonieux favorisant le vote collectiviste parfaitement syntonisé avec Gaïa, qui garantit des digestions faciles et des prouts recyclables.

Tout ceci n’est-il pas merveilleux ? Non seulement, c’était évidemment indispensable au vu des résultats obtenus, mais en plus, tout ceci ne nous coûtera rien puisque c’est, comme d’habitude, l’État qui paye. Et ça tombe bien qu’il paye, parce qu’il va devoir le faire encore un moment : la Nébuleuse recrute encore et encore.






Poster un commentaire