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Henri Dumas

Henri Dumas

Libéral convaincu,  je tire des expériences de ma vie une philosophie et des propositions.
Le tout sans prétention de vérité.
Mon blog : www.temoignagefiscal.com

 
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La révolte des sardines

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Par une belle journée d’été, la mer nous porte, transparente bleue et calme comme sur une carte postale , au large du cap Creus. Nous sommes ensemble, à bord de ma coquille de noix.

La côte n’est plus en vue, juste dix mètres de plastic pour vous et moi, assis regardant le soleil se lever. Pas un bruit, pas une ride, pas un souffle de vent, l’apaisement total. Ici où là, chacune à distance, quelques mouettes insignifiantes posées sur l’eau dans cet espace vide.

Une heure plus tard la violence se déchaîne. La mer entre en ébullition, de toute part ce ne sont que remous silencieux survolés par des nuées d’oiseaux hurlants d’excitation venus d’on ne sait où. L’intensité croit, quelques sardines percent la surface en espérant échapper aux thons prédateurs qui dans leur dimension sautent vers elles puissamment, elles finissent dans des becs avides. Quelques attaquants entraînés par leur élan traversent aussi leur ciel argent pour retomber lourdement.

Le cri des mouettes est envahissant, tout le reste n’est que silence lourd. Une violence maximum, sans bruit, la plus terrible.

Si les thoniers sont là, ils entourent rapidement la scène de leur filet, quelques minutes plus tard des centaines de thons y seront prisonniers, c’est la violence ultime, terminale, celle de l’homme.

Puis d’un coup la mer redevient hermétique, le ciel se vide, il ne se passe plus rien, il ne se passe jamais rien en mer. La vie que nous percevons de la mer n’est qu’un effet du vent, rien de plus ne nous est accessible depuis sa surface. Sous la surface, ce n’est plus chez nous, c’est ailleurs, un monde inaccessible.

La violence est à la fois belle et tragique, naturelle et révoltante, fascinante et inacceptable, chacun l’aime ou la hait selon sa position et son implication personnelle.

Pour qu’elle naisse il lui faut un théâtre, des acteurs, un scénario.

Ici la sardine poisson fourrage grégaire, une bande de thons qui doivent manger deux fois par jour en des attaques rapides et mortelles dont la sardine est la principale victime, des oiseaux qui survolent la scène n’en perdant pas une miette en tirant quelques menus profits.

La sardine peut-elle se révolter ?

Intrinsèquement non. La sardine n’a rien à opposer à la puissance du thon. En revanche, sociologiquement tout pourrait être différent.

Il se trouve que face au danger connu par elle de servir de nourriture à bien des prédateurs la sardine a choisi la masse, la collectivité.

Lorsque le thon est annoncé les sardines se regroupent en une boule compacte qui favorise le repérage du thon mais donne à la sardine l’impression de minimiser ses pertes au moment de l’éclatement. Elle oppose à l’attaque le nombre, le sacrifice individuel au profit improbable de la collectivité.

Il pourrait en être tout autrement.

Dans l’absolu, la sardine pourrait être éparpillée dans l’immensité de l’océan, vivre individuellement et non en multitude, ce qui rendrait sa recherche beaucoup plus aléatoire.

Dans ce cas évidemment elle devrait s’assumer à longueur de temps. Ce n’est pas le choix qu’elle a fait. La sardine n’a pas une organisation libérale, au contraire elle est intensément collectiviste, égalitariste, sauf au moment du sacrifice ultime où c’est chacune pour sa peau.

Cela peut-il interpeller  les humains que nous sommes ?

Je n’en sais rien. Il est hasardeux de s’aventurer à des comparaisons certainement critiquables.

Donc laissons les sardines à leur vie et les hommes à la leur.

En revanche, en ce qui concerne la violence quelques réflexions peuvent être tirées de la vie des sardines.

D’abord le constat que la violence est. Qu’elle fait partie des incontournables sur notre si jolie terre, impliquant les sardines, mais aussi tout ce qui ressemble à la vie, animale ou végétale. Le nier est absurde, le gérer est un minimum, espérer l’éradiquer est probablement une utopie.

Ensuite que la violence est prévisible. Qu’elle sous-tend toute nécessité vitale. La vie de l’un est le prédateur des autres. Les thons auraient pu apprivoiser et élever les sardines puis les dévorer, la violence à leur égard eut été différente mais égale.

Elle n’est donc pas imprévisible, un hasard soudain, elle est une suite logique.

La violence en col blanc

La violence qui depuis un mois s’est invitée dans la rue n’est pas accidentelle, elle n’est pas le fruit d’une génération spontanée. Ceux qui le prétendent, élus ou profiteurs du système sont de sacrés menteurs.

Cette révolte violente fait suite à la violence des élus et de l’administration associée qui oppriment objectivement la population depuis les années 1970. Le motif fumeux de cette oppression serait le bonheur à venir pour tous. Un truc éculé promis aux sardines depuis des siècles.

Cette oppression de tous les jours a fini par avoir raison de la force de travail des acteurs économiques de notre société. Ils sont tout simplement en train de mourir.

Face à leur propre mort qu’ils voient arriver ils explosent, ils hurlent, ils cassent.

Rien n’y fait. Autistes, les thons de l’Etat continuent à dévorer les sardines aux écailles jaunes, en les accusant de résistance abusive.

Qu’est ce qui pourrait arrêter cette violence urbaine ?

Une augmentation de la violence du pouvoir qui occulterait la résistance spontanée des masses opprimées. Peut-être mais ce serait reculer pour mieux sauter, car la crise demeurerait.

Un écroulement du dit pouvoir ? Ce serait alors l’aventure, la colère réactive de ceux qui meurent n’étant pas structurée. Pas de pronostic possible.

Un pourrissement de la situation sans solution ? C’est probablement ce qui va arriver. C’est ce qui est arrivé aux sardines, depuis des millénaires….

Bien à vous.
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