Charles Sannat
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Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.
«Les fonctionnaires sur le sentier de la guerre !»
Audience de l'article : 2505 lecturesIl y a quelques jours, j’écrivais un papier sur les « fonctionnaires et assimilés » consacré aux régimes spéciaux de cette catégorie.
J’ai reçu un courrier abondant de lecteurs. Très abondant. De façon purement factuelle, car comme je le disais et comme je le répète encore, les fonctionnaires ne sont pas nos ennemis, nous avons besoin d’eux, ils sont indispensables à la collectivité et ils font du bon travail.
Ceci étant posé, et ce sera très vite oublié par mes détracteurs, il apparaît clairement, à la lecture des mails reçus, un très fort clivage. D’un côté les fonctionnaires arc-boutés sur leurs « avantages » et les autres qui, disons-le, sont clairement écœurés de devoir payer et financer des « avantages » avec leur argent pour ne pas en bénéficier.
L’un des arguments les plus courants de la part des fonctionnaires pour s’opposer à la réforme des régimes spéciaux consiste à dire que certes ils partent avec 80 % (en gros) de leurs 6 derniers mois de salaires (en gros) mais que, dans le calcul de leurs pensions, les primes ne sont pas prises en compte !
C’est vrai ! C’est pourquoi il faut intégrer les 10 % de primes dont ils bénéficient dans le salaire et dans le calcul pour la retraite. Car il faut être non pas « juste » (nous laisserons l’utilisation de ce terme au gouverne-ment) mais intellectuellement honnête.
C’est les zautres qui doivent être égaux, pas nous !
Voilà en substance les courriers reçus de la part de nos amis fonctionnaires. Alors il est bien évidemment de bon ton d’appeler à l’Eééééégââlité de tous les êtres humains, valeur fondamentale de notre république et portée haut par nos bien-pensants de la gôche moralisatrice.
Je suis d’accord avec ce grand principe. Soyons égaux… y compris devant la retraite ! Tous pareil, privé comme public. D’ailleurs, à titre personnel, étant de gôche lorsqu’il s’agit d’avantages sociaux (pour moi, j’entends), j’aimerais bien que l’on harmonise le régime du privé… sur celui du public et pas l’inverse, ce avec quoi nos amis fonctionnaires devraient être d’accord.
Mais nous avons un léger problème de pépettes !
Tout le problème est là en fait. Il n’y a plus de sous-sous dans la cai-caisse ! Et là, je tombe sur cet article de L’Expansion suite aux dernières déclarations de Marylise Lebranchu intitulé :
Retraites, salaires : les fonctionnaires prêts à déclarer "la guerre" au gouvernement
Je vais vous citer les passages les plus importants :
« Les salaires des fonctionnaires devraient de nouveau être gelés en 2014. Pour les syndicats, déjà très remontés contre une possible remise en cause du mode de calcul des retraites, la coupe est pleine. Ils prévoient une mobilisation massive cet automne.
« Marylise Lebranchu aurait-elle mieux fait de se taire ? La ministre de la Fonction publique a annoncé ce mardi que le point d'indice sera de nouveau gelé en 2014, fermant ainsi la porte à une revalorisation générale des salaires des 5,2 millions d'agents de fonctionnaires. Cette annonce survient à deux jours d'une conférence sociale où devrait être abordée la question du calcul des retraites des agents, un dossier potentiellement explosif pour le gouvernement, plusieurs syndicats ayant prévenu que toucher au système serait pour eux un casus belli. »
Qu’en penser ?
La Ministre indique qu’en gros les caisses sont vides et qu’il va être difficile, alors que l’on augmente tous les zimpôts, que les rentrées fiscales finalement diminuent, et qu’il manque 8 milliards de plus que ce qu’il manque habituellement, d’augmenter les salaires de nos fonctionnaires aussi méritants soient-ils !
Autre élément à porter à la connaissance de nos zamis fonctionnaires : d’une part les salaires dans le privé n'augmentent pas du tout ou très peu depuis environ 15 ans, d’autre part les fonctionnaires sont des femmes et des hommes libres ! Ils ont le drôat d’aller bénéficier de tous les avantages (et des désavantages) du privé. Personne ne les retient (comme dans le privé où on vous le fait sentir tous les jours), ils ont donc la possibilité de quitter la fonction publique pour aller voguer vers d’autres cieux. D’ailleurs un certain nombre, tous les ans, choisit d’en partir pour de très nombreuses raisons.
Enfin, il faut tout de même rappeler (sans que cela ne remette en cause encore une fois la qualité de leur travail et leur nécessité pour faire fonctionner notre société) que les fonctionnaires sont payés par prélèvement sur la richesse créée par les zautres… Évidemment, les zautres pourraient sans doute créer moins de richesse si nous n’avions pas la fonction publique de qualité qui est la nôtre. D’un autre côté si nous l’avions pas… elle coûterait rien...
« Le point d'indice, qui sert de base au calcul des salaires des fonctionnaires, est gelé depuis une faible revalorisation de 0,5 % en 2010. Selon la Cour des comptes, une hausse de 1 % du point augmente de 800 millions d'euros la masse salariale de l'État (80,6 milliards d'euros en 2013). C'est pourquoi le gouvernement avait choisi de poursuivre en 2013 la politique de gel mise en place par la précédente majorité de droite. »
Qu’en penser ?
On apprend au passage la masse salariale pour l’État qui s’élève à 81 milliards d’euros. Cela ne prend pas en compte les « assimilés ». Juste pour relativiser tout de même le coût de notre fonction publique (qui sera toujours trop cher aux yeux du FMI, de la BCE et consort), les intérêts d’emprunts coûtent à notre pays environ 50 milliards d’euros chaque année… Et encore, les taux sont historiquement bas. Si les taux montent assez fortement dans les années qui viennent, nous pourrions dire que les intérêts d’emprunt coûtent plus cher que les fonctionnaires… Et objectivement au total, disons-le, ils ne nous coûtent pas si cher que cela, bien que ce sera toujours trop cher…
« Six syndicats sur huit de la fonction publique – CGT, FSU, FO, Sud-Solidaires, CFE-CGC et CFTC – ont déjà prévu de se rencontrer le 5 septembre pour préparer une mobilisation cet automne. Avec cette dernière annonce sur le point d'indice, il n'est pas exclu que la CFDT et l'Unsa les rejoignent. »
Un front syndical uni des fonctionnaires à l'automne serait un très mauvais signe pour le gouvernement, à quelques mois des élections municipales. Les fonctionnaires sont un électorat essentiel pour le PS - les deux tiers ont voté François Hollande au second tour de la présidentielle en 2012. »
Qu’en penser ?
Encore une fois, ne comptez pas sur moi pour faire de l’antifonctionnaire primaire. Ils ne nous coûtent pas si cher que cela dans l’absolu mais en pratique et cela n’a rien à voir.
Néanmoins, et c’est là leur erreur actuelle d’appréciation fondamentale sur la réalité de notre pays, les « zautres » ne veulent plus payer pour qu’ils aient plus d’avantages que tout le monde. Encore une fois, les fonctionnaires doivent sortir de la culture du misérabilisme qui est la leur en se croyant toujours plus pauvre qu’ailleurs. C’était vrai. Ça ne l’est plus (statistiquement), car les salaires du privé n’évoluent plus depuis 15 ans, comme je l’ai déjà dit.
Nous apprenons au passage que 66 % des fonctionnaires votent à gauche, avec pour unique objectif de préserver leurs acquis. En préservant leurs acquis à tout prix dans un pays en quasi-faillite, nos zamis fonctionnaires doivent comprendre qu’ils le font au détriment des zautres catégories. C’est de l’égoïsme pur.
Inciter ou appeler à la grève est irresponsable et cela n’aura qu’un seul résultat : monter l’ensemble des Français contre les fonctionnaires et assimilés. Au bout du compte, à rester campés sur des positions indéfendables, ils perdront tout alors qu’ils peuvent encore sauver l’essentiel. L’exemple de la télé grecque est à méditer à cet égard. Ce n'est pas un affront, ni une provocation que de leur dire tout cela. C'est du simple bon sens.
Enfin, dernière chose, que nos amis fonctionnaires n’oublient pas le point de vue de Churchill : « Mieux vaut prendre le changement par la main, plutôt que d’attendre qu’il vous prenne à la gorge. »
Charles SANNAT
Editorialiste et rédacteur du Contrarien Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/
Ceci est un article 'presslib', c'est à dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Contrarien Matin est un quotidien de décryptage sans concession de l’actualité économique édité par la société AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT, Directeur des études économiques. Merci de visiter notre site. Vous pouvez vous abonner gratuitementwww.lecontrarien.com
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3 commentaires
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jeudi, 20 juin 2013 02:03
Posté par
alex6
On s'en fiche de tout ca, la seule mesure qui importe c'est de faire disparaitre le status de fonctionnaire et avec lui, la garantie d'un emploi a vie qui est une aberration economique.
Les salaires des fonctionnaires sont surtout payes a credit actuellement puisque les impots et autres taxes sont largement insuffisants a couvrir les depenses courantes de l'etat. Avec une dette galopante et donc des interets qui vont prendre de plus en plus de place dans un contexte de diminution des recettes fiscales, il est mecanique de soit baisser les salaires de fonctionnaires, soit d'en licencier.
S*ck it up les syndicats, vous ne pourrez rien contre ce qui n'est deja plus du domaine du politique.