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Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

Charles-Sannat

« Dans la famille «contents d’eux», je demande… Manu ! »

Audience de l'article : 1860 lectures
Nombre de commentaires : 1 réaction
Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !

Ha, mon Manu… Oui toi, le Manu de Matignon, je t’aime bien, enfin mon hémisphère gauche t’aime bien… Enfin non, l’hémisphère droit, enfin je ne sais plus trop car on a bien du mal à savoir si tu es de drôate ou de gôche, remarque mon Manu, ce n’est pas pour me déplaire tant les problèmes de notre pays ne sont plus ni de gauche ni de droite mais bel et bien pour tout le monde !!

Mais quand même Manu, je ne pouvais pas laisser passer cette perle rapportée par notre AFP nationale concernant ta dernière intervention.

Valls : « Notre politique ne sera crédible que quand le chômage baissera »

Mon pauvre, tu es mal barré alors parce que côté baisse du chômage c’est loin d’être gagné. En plus, s’il faut accueillir les 500 000 migrants venus de Libye comme le souhaite Juncker de la Commission européenne, ça fera autant de postes supplémentaires à trouver. Or disons-le, côté emploi, actuellement c’est la disette. Certains parlent même de famine Manu, et cette famine elle dure depuis 2007.

La population active de France (j’utilise ce terme volontairement car il englobe toutes les palettes de couleurs et de confessions que l’on peut trouver chez nous) fait face à plusieurs phénomènes.
Il y a la mondialisation : l’usine qui ferme ici pour ouvrir en Chine.
Il y a la robotisation/informatisation : on remplace l’ouvrier ou le travailleur par une machine.
Il y a l’immigration : on fait venir une main-d’œuvre généralement beaucoup plus corvéable et connaissant peu ou pas du tout ses droits, on tolère même le travail au noir…
Il y a aussi évidemment les détachements de personnel communautaire : en clair, un petit Polonais pas cher et pas forcément plombier qui vient travailler ici payé au prix de là-bas… Pratique. Peu coûteux. Bien « margeux » pour l’employeur comme disait mon arrière-grand-père radical socialiste.
Enfin, il y a l’arrivée sur le marché du travail, chaque année, de nos jeunes diplômés (ou non !).

Alors côté pression sur l’emploi, les tensions sont multiples et on le voit bien. Il ne s’agit pas de dire c’est bien ou mal. Il s’agit juste de constater ces phénomènes.

L’on considère que l’immigration n’est pas maîtrisable. On considère que la mondialisation n’est pas enrayable. On considère que la robotisation et les progrès sont inéluctables. On pense que la construction européenne est inévitable…

Ce raisonnement – qu’il soit vrai ou pas peu importe puisque c’est actuellement celui qui est appliqué par nos élites – signifie qu’il n’y a rien à faire ou que l’on ne veut rien faire sur les facteurs pesant sur le nombre de postes nécessaires chaque année.

La seule possibilité serait donc d’agir pour que les entreprises créent plus de travail, plus d’emplois. Pourtant, c’est illusoire de croire que l’on puisse inciter des entreprises à créer des emplois quand elles peuvent faire autrement – et c’est logique car la raison d’être d’une entreprise c’est la profitabilité et moins l’on a de salariés plus l’on est profitable et aujourd’hui, on peut entreprendre sans salarié ou presque.

Pour s’en convaincre, il faut rappeler à Manu l’exemple en France de Free et de SFR. 1 500 personnes d’un côté, 15 000 de l’autre. Sans être voyant, sans même une boule de cristal, je peux vous dire que chez SFR, il y aura des plans sociaux.

Mais Manu est content !!

« Manuel Valls persiste et signe : la France est « en train de sortir progressivement des difficultés économiques », a-t-il assuré ce lundi 18 mai sur « France Culture ». Selon l’Insee, la croissance française a bondi de 0,6 % au premier trimestre 2015. « Il faut conforter cette croissance pour toute l’année pour que nous ayons un rythme de croissance autour ou plus de 1,5 % à la fin de l’année, parce que c’est le chiffre qui nous permet de faire baisser le chômage », a-t-il ajouté. « Nous sommes en train d’obtenir des résultats. Mais les Français ne le verront, cette politique ne sera totalement crédible, que quand le chômage baissera », a toutefois ajouté le Premier ministre. »

Manu, voyons, le pétrole a baissé, l’euro a perdu 25 % et la BCE rachète pour 60 milliards d’euros chaque mois d’obligations d’États européens en faillite… Manu, malgré ces éléments exceptionnels, la « crôassance » française atteint un pitoyablement pathétique 0,6 %, sans compter que notre déficit est de presque 4 %… En clair, pour faire 1 de croissance, on dépense 4 de nouvelles dettes… Ce n’est pas de la croissance rentable Manu.

« De son côté le ministre des Finances, Michel Sapin, a expliqué dimanche sur « BFM-RMC-Le Point » que cette croissance devait « maintenant » s’inscrire « dans la durée ». Selon lui, « il faut une croissance plus forte en emplois, plus consistante en emplois ». Et d’ajouter : « Je le crois tout à fait possible. Mais il reste un élément décisif (…) il faut que l’investissement des entreprises reparte ». »

Haaa, Sapin a eu des cours d’économie, ça se sent tout de suite. Il faut que l’investissement des « entreprises reparte » ! Eh oui Michel, mais il va repartir l’investissement des entreprises, d’ailleurs elles investissent les entreprises, mais pas en France… à l’étranger, mondialisation oblige. Et puis quand elles investissent, c’est dans des machines et des ordinateurs qui leur permettent de ne pas avoir à recruter.

Nous avons donc à faire à de la croissance au mieux sans emploi… Au mieux parce que lorsqu’il n’y a plus « l’emploi » pour répartir la création de richesses et solvabiliser des consommateurs… eh bien rapidement, il n’y a plus de consommation faute de consommateurs solvables, c’est-à-dire faute de travailleurs rémunérés ayant un emploi… Du coup, il n’y a plus de croissance… Mais Manu, c’est un truc que seuls les sans-dents, comme dirait ton patron, peuvent comprendre.

Vers la fin du CDI ?

« Manuel Valls a par ailleurs rappelé qu’il ferait « de nouvelles propositions » concernant « l’embauche dans les PME et dans les toutes petites entreprises » au mois de juin. « L’obsession qui est la nôtre, c’est de faire baisser le chômage », a-t-il conclu. Ces propositions seront annoncées dans le cadre d’une conférence thématique portant sur une réforme du contrat de travail pour les petites entreprises. D’après le ministère de l’Économie, ces mesures seront retranscrites dans les textes existants, qui sont actuellement en discussion au parlement. »

Je comprends bien cette volonté de casser le droit du travail. Mais soyons sérieux et pas dogmatiques.

Oui il faut alléger les contraintes pesant sur les employeurs mais licencier, en France, c’est facile lorsque le salarié n’a pas 20 ans d’ancienneté, et les grandes entreprises savent organiser le « turn-over » naturel de leurs troupes avec toute l’hypocrisie du système managérial français.

Mais il faut admettre tout de même que où que vous regardiez, que ce soit en France, en Allemagne, au Royaume-Uni ou aux USA, le niveau d’emploi ne progresse pas du tout. Le taux de chômage officiel ne baisse que parce que de très nombreuses personnes sortent des statistiques et deviennent invisibles. D’ailleurs, même la banque centrale américaine a fini par reconnaître ce phénomène.

Il n’y a pas de travail et pas d’emploi uniquement parce que l’on n’a plus besoin de bras dans les mêmes proportions qu’auparavant.

La croissance ne reviendra pas. Mais quand bien même elle reviendrait qu’il s’agirait d’une croissance sans emploi. Or nous ne savons pas faire tourner un pays sans croissance économique et sans emploi.

Or Manu, la différence, l’énorme différence entre un simple homme politique et un grand homme, c’est la capacité à répondre aux ruptures. Ce que nous vivons n’est pas une simple crise passagère et tout ira bien plus tard. Non Manu, cette crise c’est une rupture, un changement radical. Tout ce qui faisait l’économie est en train de disparaître, conséquence de multiples facteurs.

Notre Premier ministre a beau être « content », il ne peut rien faire, pour la simple et bonne raison qu’il faudrait tout changer, radicalement mais personne ne le fera, nous condamnant ainsi à une plus ou moins longue agonie économico-sociale.

Il est déjà trop tard, préparez-vous.

Charles SANNAT


http://www.boursorama.com/actualites/valls-notre-politique-ne-sera-credible-que-quand-le-chomage-baissera-b82ed03cd95b9175c7d73f9232640944


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1 Commentaire

  • Lien vers le commentaire titi jeudi, 21 mai 2015 11:31 Posté par zetiti

    Bonjour,

    En bon connaisseur du secteur, je vous conseille de vérifier vos chiffres pour éviter la décrédibilisation de l'article. Il y a bien longtemps que Free (ou plutôt le groupe Iliad) emploie plus de 1500 employés. Il sont en fait plus de 7000, probablement pas loin de 7500. Et SFR n'a jamais eu 15000 employés mais plutôt autour de 10000 et même 9000 aujourd'hui (je parle avant la fusion avec Numéricâble), il suffit d'aller voir les publications officielles.

    Par ailleurs, il faut mettre en parallèle les différences fondamentales entre les 2 opérateurs : Free qui basiquement ne gère pas de réseau ou presque et SFR qui gère un réseau (fibres notamment) très étendu avec toutes les contraintes techniques que cela suppose. Enfin, Free est complètement absent du marché de gros des télécoms contrairement à SFR, idem pour le marché entreprise. Et qui dit marché à adresser en plus, dit nécessairement effectif en plus, et pas seulement pour faire de la vente, car il faut gérer un système d'information plus complexe, un réseau plus complexe où cohabitente des flux différents, etc...

    C'est la raison pour laquelle les effectifs ne sont pas les mêmes, ainsi que le chiffre d'affaire (24Mds d'un côté et 4Mds de l'autre). Même en tenant compte de la fusion SFR-Numéricâble on ne dépasse pas les 11000 salariés et l'ensemble des remarques ci-dessus demeurent valable.

    Ce n'était pas la comparaison la plus pertinente de vos articles...