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Affaire DSK - Et si on avait touché le fond ? (monétaire international)

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Depuis une semaine le monde ne vibre plus que pour et par l'affaire Dominique Strauss-Kahn...


 
Si nous sommes encore bien loin de connaitre tous les tenants et aboutissants de ce tsunami politico-médiatique et si la présomption
d'innocence se doit d’être parfaitement respectée, il y a certains éléments financiers sur lesquels nous pouvons possiblement nous interroger.
(Il est évident que nous ne prendrons pas ici position sur l'affaire elle-même ni d'ailleurs sur ses conséquences politiques. Cet article s'entendant sur un strict plan économique)

 
Outre ces titres de journaux américains plein d'un si fleuri ``french bashing a la mode yankee`` que le monde va finir par nous envier, outre ces ressentis personnels, ces attaques et ces esquives artistiques du plus triste effet, comment ne pas s'interroger sur des raisons éventuellement moins officielles de la chute terrifiante de DSK ?
Par exemple, pourquoi l'ex-patron démissionnaire du Fmi tombe t-il du toit du monde aussi impeccablement ce 14 mai - et en quelques heures - au moment exact ou le plafond de la dette US lui vient d’être crevé en beauté.

 


 

 


 


 

 

 
La guerre des monnaies fait rage, elle est omniprésente, fondamentalement au centre de tout et directrice des phénomènes de marchés que nous connaissons: hausse ubuesque des matières premières, les envolées toutes ``bernankesques`` des indices majeurs sur fond de photocopies survitaminées ou de l'ex-carry trade nippon en passant par le refuge suisse ainsi que les bulles obligataires ou immobilières récentes... En fait, elle a avant tout rendu gratuite la spéculation (dérivés -actions - immo réel - commodities)  avec son maintien de taux a quasi zéro par nos si chères élites banco-centrales. 

 
Fort nombreux sont ceux - comme Marc Faber par exemple - a annoncer la faillite financière des Etats-Unis ou du moins le danger de la voie sans issue choisie par la FED et ses actionnaires pour gagner du temps dans l'urgence. Mais nulle réponse en terme de croissance ne semble a la hauteur malgré les plans de relance mis en place. 
La dette américaine a même du mal a rentrer dans les cadrans de son horloge devenue trop petite, Standard and Poor's la dégradant même encore dernièrement.

 

 
L'heure semble grave et la simultanéité parfaite du monstrueux scandale DSK est-elle alors une totale coïncidence ?

 
Je lis dans les gazettes tricolores que 57% des français croient a la théorie du complot ( quelle surprise ! )  ou du moins a celui de la protection d’intérêts majeurs alors suivons nos concitoyens et demandons-nous donc ceci : mais alors quels seraient-ils ... ?
C'est assez étonnant au fond cette affaire. DSK est lui même le symbole ``polishé-brillantine`` de la mondialisation et de la protection majeurs des intérêts d'états, il a même été él...heu nomm...heu ...choisi pour cela et surtout pour le faire au mieux des intérêts bancaires pour faire simple. Ceci sachant d'ailleurs que le Fmi est lui même financé majoritairement par les USA ( au delà de 30% ) et que ce même brillantissimme Fmi n'avait pas émis la moindre petite alerte ``subprimes`` avant la fin de l’été 2008 et ce réveil un brin brutal des frères Lehman.

 
Une des hypothèse éventuelle serait ainsi la mise en place par le Fmi, version Dsk donc, de la thèse tendance keynésienne de substitution du dollar a la vue de l'effondrement a priori déjà programmé de ce même dollar. Un phénomène structurel que nous commentons depuis des lustres. Les alternatives au dollar sont toujours sujettes a spéculation voire a une jolie moquerie patentée. 

 
Cnn money:

 
DSK aurait-il un peu trop tenté de forcer le passage politique de la thèse dit des DTS ?

 

 
Celle-ci serait ainsi de substituer le greenback' washington non pas a un étalon doré comme le consensus économique le pense globalement mais par une alternative de créances potentielles assez technique dite des ``droits de tirages spéciaux`` qui est une exclusivité Fmi depuis 1967 . Les DTS sont convertibles dans n'importe quelle monnaie sur un panier de monnaies internationales dont la pondération est elle-même revue tous les cinq ans.

 
Pour résumer les DTS sont une sorte d'unité de compte sur créances émise par le FMI lui-même et reposant sur les excédent commerciaux dégagés par les pays membres et garantissant des émissions de créances potentielles sur des profits réels de réserves commerciales cumulées. Pas construit comme une monnaie fiduciaire, cela aurait pu peut-être le devenir sur un plan fondamental sous l'impulsion des défenseurs de cette thèse comme réponse en tout dernier ressort a la crise monétaire que nous connaissons. Des défenseurs DTS dont DSK ( hum pas facile tous ces D et ces S...) était le commandant en chef au Fmi apparemment. Même si des obstacles techniques étaient importants selon ses propres dires, le Fmi de DSK voyait en les DTS des facteurs de stabilité financière notamment dans la cotation des matières premières et des actifs ``énergie`` labellisés ``dollar`` et trop dépendants des coup de faiblesse du greenback et donc soumis a des mouvements spéculatifs peu contrôlables. En fait il y avait aussi certainement un aspect anti-spéculation assez prononcé dans l'établissement réel de la politique des droits tirages spéciaux émis par le fond monétaire international.

 
Bien sur ceci n'est que modeste hypothèse, une simple interrogation et il y aurait aussi le volet de la dette européenne et de sa gouvernance en souffrance a analyser ici.
Mais certains sur la toile internationale, des blogs, quelques journaux soulèvent cette question comme par exemple ici Pierre Jovanovic dans sa revue de presse radio:

 
Les droits de tirages spéciaux auraient pu devenir un sorte de premier pas monétaire global, du moins une sorte de test de garantie sous la couverture officielle d'une meilleure diversification du système monétaire international en alerte maximale aujourd'hui. Mais un peu comme pour le permis a points c'est surtout la mise en pratique et l'orientation finale de l'outil qui devait causer quelques frictions dans les hautes sphères;on évoquait d'ailleurs de possible émissions d'obligations dites DTS que le trésor US ne devait que moyennement apprécier dans cette logique d'inter-dépendance des dettes souveraines, mais qui permet aussi au système de tenir sur cette stratégie globale de fuite en avant.

 
La parfaite coordination a l'actualité économique de ce scandale DSK, avec ces intérêts politiques éventuels, mais surtout avec ce timing monétaire d'ultra crise laisse cependant sceptique sur la teneur de la situation actuelle. Tim Geithner n'ayant lui laissé que jusqu'au 2 août prochain -dernier carat- pour trouver un compromis tenable pour le budget américain. Il n'a pas non plus été tendre avec DSK, ayant réagit rapidement sur son ``inadéquation`` a pouvoir tenir ses hautes responsabilités de chef du FMI. 

 
DSK lui va certainement changer de vie, quels que soient les développements judiciaires a venir, mais le monde reste fasciné par la chute si brutale de cet homme si puissant -peut-être aussi si fragile sur certains plans je ne sais pas - mais dont le titre du bouquin revêt un aspect étrange et sibyllin dans le contexte actuel:

 


 
``La flamme et la cendre``

 
Le moment est indubitablement clé, il est captivant et c'est une des rares certitudes que nous pouvons avoir...

 
 Pascal Vinosoft
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