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Professionnels Vs Particuliers, ce qui change dans le carnet d'ordre

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Différence de nature ou différence de degré ?

Dans l’environnement rationnel de la Bourse des valeurs, le carnet d’ordres peut être comparé à un outil ou instrument de passation des ordres de Bourse à un broker ou courtier (opérateur) qui, à partir des informations données par l’intervenant (agent économique, professionnel ou particulier), va se charger d’exécuter ou non cet ordre à un instant t, en fonction de la réalité de ce marché en termes de prix et de quantités, à cet instant précis.

 

Un carnet est toujours une réalité dynamique située historiquement dans le temps entre l’ouverture et la clôture de séance ; la variable temps est gelée aux fixings d’ouverture et de clôture où les derniers échanges sont encore possibles jusqu’à dix minutes environ après 17 :30 :00, au dernier cours coté seulement ; la notion temps est neutralisée avec la clôture du fixing vers 17 :40 :00, jusqu’au fixing d’ouverture de la séance suivante à 9 :00 :00.

 

Entre un carnet d’ordres professionnel de salle de marché (sales trading et sales trader) et celui du trader domestique, la différence est faible : les données à renseigner sont les mêmes (valeur, type d’ordre, prix, quantité, limites un/deux, etc.), ce qui va différencier les deux carnets ce n’est pas la rapidité de transmission des données, qui, avec les progrès de l’Internet haut-débit, a fait entrer le real time chez le particulier, ce n’est pas non plus la nature de l’information disponible au carnet qui s’étend au moins aux cinq meilleures demandes à l’achat à cours limité (colonne de gauche) et aux cinq meilleures offres à la vente à cours limité (colonne de droite) ; c’est plutôt la quantité ou l’étendue de l’information à la disposition de l’intervenant ; la différence n’est pas qualitative, mais uniquement quantitative.

 

 

Le nombre de lignes au carnet

Le professionnel possède une information plus étendue que les cinq premières lignes acheteuses et vendeuses à cours limité, qui peut aller jusqu’à dix lignes ou plus ; elle va donc plus profondément dans le carnet et donne théoriquement plus d’information sur le rapport de force entre demandeurs et offreurs ; dans la réalité, il n’est pas si sûr que cette surinformation soit si utile à l’intervenant : en effet, sauf à gérer un capital élevé ou des quantités de titres importantes - ce qui n’est pas normalement le cas d’un trader particulier - les cinq meilleures demandes et offres doivent suffire pour trader au carnet ; trop d’information disponible peut finalement rendre l’analyse trop complexe, voire impossible ; pour avoir une bonne lisibilité il vaut mieux se concentrer sur les premières lignes qui ont le plus de chance d’être exécutées et donc de bouger à très court terme.

 

Quel est l’intérêt pour le trader de savoir que dix lignes plus bas, pour les ordres positionnés à cours limité acheteur, il y a tant d’ordres postés pour une quantité totale exécutable de X titres ? De même, à quoi sert pour le trader de savoir que dix lignes plus haut, pour les ordres positionnés à cours limité vendeur, il y a tant d’ordres postés pour une quantité totale exécutable de X titres ? Cette information est superfétatoire, les ordres à cours limité éloignés de la première fourchette (la meilleure limite acheteuse et la meilleure limite vendeuse et sa différence qui est le spread) ont, dans la réalité, très peu de chance d’être exécutés à très court terme en intraday : trop d’information tuerait-elle l’information (pertinente) ?

 

La fonctionnalité étendue aux dix lignes à l’achat et à la vente est désormais disponible chez certains courtiers spécialisés (les courtiers généralistes de type boursorama.com n’en disposent pas habituellement) ; chez dubus.fr cette option d’extension de carnet est possible et paramétrable.

 

 

La quantité dévoilée

Cet avantage professionnel est certainement bien plus pertinent que le simple fait d’avoir accès aux profondeurs du carnet d’ordres ; il s’explique normalement par la propension naturelle des institutionnels à traiter des volumes de titres nettement supérieurs à ceux des particuliers ; aussi, les quantités passées au carnet peuvent-elles être en totalité ou en partie cachées, pour deux raisons principalement :

 

- discrétion des échanges de blocs de titres volumineux entre institutionnels faisant l’objet d’une application (type d’échange de gré à gré sur des volumes de titres importants, réservé aux professionnels) ;

- volonté de ne pas impacter psychologiquement le marché en exécutant immédiatement, à n’importe quel prix et pour tous les titres (au marché/ATP), ou en postant des ordres avec les quantités désirées à un prix déterminé (cours limité), ou encore à la meilleure limite de la fourchette.

 

Cette option strictement professionnelle peut se comprendre et n’a guère d’utilité pour le trader particulier dont les quantités échangées sont trop faibles sur le SRD pour vraiment impacter le carnet ; comme Vincent Baron le souligne cette pratique gène considérablement les petits traders, qui doivent estimer la contrepartie au moment d’entrer en position pour savoir si elle est suffisante, de même au moment de sortir de position.

 

Les différences entre le carnet professionnel et particulier sont faibles et à la marge ; la nature de leurs carnets est identique, seule la profondeur de lecture diffère avec la visibilité des quantités exécutées ; la différence n’existe donc uniquement qu’en terme de degré, ce qui, compte tenu des relativement faibles quantités traitées par le trader domestique, est de bien peu de conséquence sur son approche, le plus souvent concentrée aux meilleures limites du spread.

 

Vincent Baron

Extrait de l'ouvrage :

http://www.edouardvalys.com/livre-vincentbaron.jsp

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