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Est-ce si bon de suivre la tendance?

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La tendance est votre amie est un adage célèbre des marchés financiers. Nombreux sont les spéculateurs adeptes de l’analyse technique et autres “momentum traders” qui tentent de s’enrichir en surfant sur une tendance haussière. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, les investisseurs ayant une vision à long terme et se basant sur l’analyse fondamentale ont aussi une forte propension à suivre la tendance…

 

 

 

Prenons l’exemple d’une société ayant une croissance des profits supérieure à la moyenne au cours des trois dernières années. Il y a de fortes chances que l’investisseur “fondamentaliste” identifie une telle société comme étant une compagnie de grande qualité et investisse dans celle-ci. Il fait ainsi le pari que la société maintiendra sa croissance supérieure à la moyenne dans les années à venir. Bref, il mise sur un maintien de la tendance.

 

Les gens investissant à la Bourse par le biais des fonds communs de placement ont aussi une belle relation d’amitié avec la tendance. Ils achètent très souvent les fonds ayant connu la meilleure performance au cours des deux ou trois dernières années en espérant qu’ils continueront à très bien performer.

 

Bien souvent, ces investissements s’avèrent décevants. Par un phénomène occulte, la belle performance du gestionnaire ou de la compagnie semble s’estomper dans les années suivant notre décision d’achat. Sans trop le savoir, l’investisseur est confronté à un principe très puissant dans le monde financier comme dans la vie en général : le principe de régression vers la moyenne.

 

Il est très difficile pour une société de maintenir un degré élevé de croissance pendant plusieurs années. Le professeur Josef Lakonishok a étudié les statistiques des sociétés publiques américaines de 1951 à 1998. Il a conclu que la croissance passée des profits n’est pas un indicateur valable pour prédire la croissance future de ceux-ci ! Par exemple, parmi les sociétés ayant connu une croissance des profits supérieure à la moyenne de 1989 à 1992, seulement 9.5% (1 sur 10 !) ont réussi à maintenir cette surperformance de 1992 à 1995. Un pourcentage tout à fait conforme aux lois du hasard…

 

L’investisseur qui table sur un maintien de la croissance élevé se trouve ainsi à miser sur un scénario à basse probabilité (une chance sur 10). Il est en confrontation directe avec le principe de régression vers la moyenne. Parallèlement, les compagnies ayant connue une performance inférieure à la moyenne sur une période de trois ans ont tendance à améliorer leurs résultats dans les trois années suivantes.

 

La régression vers la moyenne n’est pas qu’un phénomène purement statistique. Il y aussi une logique économique derrière le principe. Une société ayant beaucoup de succès va attirer la concurrence et subir de fortes pressions qui peuvent faire régresser son taux de croissance vers un niveau plus “moyen”. De la même façon, une entreprise ayant de mauvais résultats va prendre des mesures pour améliorer sa rentabilité. Elle peut se départir d’activités peu rentables ou carrément remplacer son équipe de direction. Il est plus facile pour une société de passer du statut de “médiocre” à celui de “moyenne” que de se maintenir au sommet de la pyramide.

 

Les investisseurs au style “contrarian” et “valeur” ont compris que la tendance n’est pas une amie sur laquelle on peut compter. Ils préfèrent de loin faire équipe avec le principe de régression vers la moyenne. Selon le prof Lakonishok, c’est ce qui explique la supériorité historique du style “valeur” sur le style “croissance”. Je me demande bien ce que Bill Miller en pense…

 

 

 

L’étude du professeur Lakonishok sur la persistance des taux de croissance

 

 

 

Philippe RANCOURT

 

Article original :

 

http://www.entrepreneurboursier.com/2010/08/08/suivre-la-tendance/

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