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Bourse, argent et bonheur

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La preuve scientifique est là ! L’argent ne fait pas le bonheur, alors changez de motivation pour durer en bourse

Vous prenez la bourse pour un lieu dans lequel vous allez gagner beaucoup d’argent, et donc, vous entrevoyez la place financière comme un endroit grâce auquel vous atteindrez le bonheur.

Alors, prenez garde, car en bourse vous trouverez de l’argent peut être, du bonheur sûrement pas !

Sur le plan de la psychologie humaine, les choses ne sont jamais simples.

Dans notre cas, l’articulation « bonheur-argent »  mérite une petite dissection que nous allons réaliser ensemble.

En fait, le bonheur et l’argent sont intimement liés, mais pas tout à fait comme vous l’imaginiez.

Suivez moi bien : voyage au centre du bonheur !

Un travail de bénédictin effectué en partenariat par des chercheurs de l’Université de Chicago, et ceux de San Diego aux Etats Unis va nous aider à éclairer la scène du crime.

Il faut dire que leur analyse, qui  porte sur les résultats de presque 300 études différentes sur le bonheur étalées de 1950 à nos jours, est l’une des plus complète actuellement.

  D’après ces travaux, le bonheur est l’apanage uniquement de ceux qui vivent l’instant présent.

Les individus heureux ne sont jamais ceux qui se  focalisent sur l’avenir.

Or, investir en bourse est aux antipodes du fameux « Carpe Diem » (Vit l’instant présent).

La science de l’investissement est  une activité orientée sur le futur, et, par nature, elle nous pousse à l’oubli des déconvenues de court terme afin de viser l’exploit à moyen terme.

L’investissement est un acte qui n’a jamais pour cible le « ici et maintenant », mais plutôt le « ailleurs et après demain ».

Il s’ensuit donc systématiquement, à la suite de l’initiation d’une prise de position sur une valeur,  des déconvenues, des frustrations, et des peurs qu’il faut gérer car perdre de l’argent, même si cela n’est que ponctuel, n’en demeure pas moins une charge mentale exceptionnellement ardue à supporter.

Sur ce point, la seule douleur comparable en puissance est la peine de cœur !

Pour résister aux épreuves psychologiques, l’évolution nous a doté d’un mécanisme puissant : je vous présente l’accoutumance !

L’accoutumance nous permet d’affronter des conditions extrêmes, nuisibles, voire destructrices pour l’organisme humain.

Ainsi, des sollicitations répétées telles que des bruits chroniques, une humidité irrespirable, une température insoutenable, ou une douleur au travail, finissent-elles par être traités par le cerveau comme habituels, et  normales … bref, la période d’adaptation passée tout se passe comme si le désagrément n’existait plus.

C’est grâce à cette  accoutumance adaptative  que nos ancêtres réussirent à survivre dans des conditions aussi périlleuses que celles de la préhistoire, ou du Moyen-Âge par exemple.

Mais, cette merveille de l’évolution laissée en héritage dans nos gènes par nos prédécesseurs, cette opportune  accoutumance adaptative  possède un revers moins glorieux : elle s’applique aussi aux aspects heureux de notre vie.

Ainsi, quelle que soit l’euphorie procurée par une expérience nouvelle, si cela dure longtemps, nous nous y habituons … nous sommes donc génétiquement programmés pour être heureux … mais pour un temps seulement.

Oui, vous êtes aux anges car vos stratégies boursières vous rapportent beaucoup d’argent, et c’est précisément ce que vous souhaitiez depuis toujours.

Vous pouvez vous offrir tout ce qui vous traverse l’esprit.

Vous goûtez à un niveau supérieur de reconnaissance sociale … désolé de faire l’oiseau de mauvais augure, mais bientôt vous serez malheureux.

Nos lointains ancêtres les proto-humains, qui n’étaient jamais satisfaits pour très longtemps, possédaient un avantage par rapport à leurs pairs heureux : la petite voix de l’insatisfaction les incitait à mieux innover pour survivre … elle chuchotera bientôt, à votre oreille, sa complainte sirupeuse de sirène fatale.

Il faut bien retenir aussi que nos cerveaux sont  câblés pour se focaliser sur les problèmes.

Ainsi, l’homme considère-t-il souvent que les expériences positives sont normales, donc elles deviennent transparentes, et ne sont même pas mémorisées pour l’essentiel, tandis qu’il concentre de l’énergie de jus de neurones à foison sur les aspects négatifs.

C’est là aussi un  trait universel de la psychologie des  humains, une séquelle de l’évolution qui veut que ceux qui sont davantage sensibles aux changements négatifs, sont aussi ceux qui ont le plus de chances de survivre, car les changements négatifs signalent souvent  des dangers mortels.

Gagner des sommes d’argent importantes en bourse, rentrer dans la spirale vertigineuse de la réussite, voilà qui  rendrait heureux n’importe qui, même le bipède le plus désabusé. C’est une certitude.

Néanmoins, comme on vient de le voir, on s’habitue vite aux choses telles qu’elles sont, et l’humeur, tout comme la pierre à rouler du fameux Sisyphe, retournera vite à un niveau que certains spécialistes affublent de  point fixe du bonheur .

Ce niveau de base auquel nous revenons sans cesse est une caractéristique de notre personnalité.

Des travaux datant du milieu des années 90, produits par deux chercheurs de l’Université du Minnesota, et effectués sur des vrais jumeaux, montrent que 80% de la valeur du point fixe est la conséquence de facteurs génétiques.

Bref, on ne choisit pas grand-chose, et l’on est acteur qu’à la marge du processus de stabilisation du point bas de satisfaction.

De plus, à la fin des années 90, d’autres chercheurs de l’université de Baylor et de l’Université de Columbia, ont montré que certaines personnes disposent d’un point haut du bonheur très élevé vis-à-vis de la normale.

Cela se traduit par des traits de caractère récurrents : ce sont des gens heureux, gentils, confiants et consciencieux.

Ce sont des personnes qui disent bien contrôler leurs vies, être peu sujettes à l’anxiété, aux regrets, et aux sautes d’humeurs.

On montre facilement, par ailleurs, que ces traits de personnalité liés au bonheur sont les caractéristiques associées au succès et à l’accomplissement personnel.

Donc, ce n’est pas l’argent qui fait le bonheur … mais c’est du bonheur que découle l’argent.

Le succès est une conséquence du bonheur, et non une cause.

Pour gagner en bourse, il faut auparavant trouver le  bonheur, car il ne viendra pas avec le succès et les gains, ou plutôt comme on l’a vu plus haut : l’allégresse ne fera son nid dans votre cœur que pour un temps infime seulement.

Alors, comment atteindre le bonheur, puis le succès en bourse qui en découlera, si tout est figé par l’hérédité, tellement inconsistant dans le temps, et parfaitement cadré par nos inconscients ?

Des théories orientales nous enseignent cela. Il suffit de vivre pleinement ce qui porte le nom de  flux , ou encore  l’expérience optimale, c'est-à-dire qu’il s’agit de vivre les choses bien ancré dans le présent, et sans porter de jugement.

C’est bien ainsi que l’on gagne de l’argent sur les marchés financiers : concentrés sur des défis qui captent toute notre attention.

Et surtout, sans se projeter intérieurement des scénarios catastrophes qui pourrissent le mental, tout en épuisant les résistances psychologiques.

Malheureusement, cet état d’esprit n’est pas facile à obtenir. C’est une capacité qui nécessite de l’entraînement à travers la méditation par exemple.

Chacun sait que rien n’est plus difficile que de méditer.

Cet acte que maitre bouddhiste Zen Shunryu Suzuki définissait comme « la sagesse à la recherche de la sagesse », n’est accessible que si l’on actualise simultanément deux conditions : la détente totale, et la volonté.

Alors, sans vouloir tomber dans le mysticisme, si vous voulez devenir un grand trader, il est temps de vous rendre compte que vous devez temporairement abandonner vos ouvrages de chartrisme, pour de nouveaux écrits plus orientés  sciences molles et spirituelles. Ces nouvelles lectures vous serviront bien plus.

Avec ces nouveaux compagnons, vous apprendrez comment désamorcer la turbulence de vos émotions.

Vous verrez  comment débusquer la « vista », cette lucidité silencieuse d’où les constructions mentales défaillantes sont absentes.

Le voyage sera long, et aussi complexe que la compréhension technique des marchés financiers.

A l’issue de cet effort, je ne vous garanti même pas que vous serez plus riches, mais vous serez plus beaux et plus heureux … vous serez donc prêts à … devenir riche !

 

Christophe Gautheron

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