Vous n'êtes pas membre (devenir membre) ou pas connecté (se connecter)
jacques Renard

jacques Renard

Tous les commentaires de ce membre (4 publications)
Sur RMC, un éleveur expliquait que la FNSEA avait laissé ses adhérents surproduire ce qui avait engendré un effondrement du prix. Les syndicats agricoles et leurs annexes – chambres d’agriculture (8 000 salariés), SAFER (1 000 salariés) – gèrent l’économie agricole du pays à la place des agriculteurs et décident de qui a le droit de s’installer pour exploiter une propriété agricole ou en acquérir une. Ils étouffent les agriculteurs sous les réglementations. Il faut simplifier ces règlements, supprimer les organismes qui en vivent et traiter par des aides sociales directes la situation des agriculteurs en difficulté.
selon un vieux cadre supérieur du ministère de l’agriculture mis au placard (le cadre, pas l’opuscule), la PAC avait été et était encore (au moment où il écrivait), pour la France, un système conservateur pour figer la rente agricole et maintenir une sous-productivité soi-disant propice à l’emploi, et pour l’étranger y compris l’Allemagne (mais aussi l’Espagne, l’Italie du nord, etc.), un outil de financement de sa modernisation. La France était donc en train de créer sa propre concurrence, plutôt que suivre la voie de l’industrialisation.
On comprends pourquoi ce monsieur était dans un placard …

La philosophie agricole est la même que celle des taxis : le marché est captif et fixé, dans ces conditions ça ne sert à rien de se battre entre agriculteurs, il vaut mieux se le partager ; celui qui se modernise chasse un collègue pour prendre sa place, mais après on sera moins nombreux, on pèsera moins et pourra moins bien se défendre, la course à la productivité est donc une trahison. Sauf que … à l’étranger ils ont bien compris que le marché n’était pas fixé et qu’il avaient le droit, et la possibilité, de tailler des croupières à ces français assez stupides pour croire que tout leur était du et que leur part de marché était définitive. Certains autres français moins stupides ont d’ailleurs participé eux-mêmes à la curée, en s’installant à l’étranger.

Et pour couronner le tout, on a rajouté des couches délirantes de protection environnementales (dans toute l’Europe) et de droit social (spécificité française) que les fermes industrielles supportent bien mieux que les petites et moyennes. Une ferme géante de mille vaches est moins gênante pour les voisins que son ancêtre traditionnel 20 fois plus petite.

Bref : « plutôt crever que se moderniser ». 50 ans après la PAC, 15 ans après l’opuscule, le résultat est là : on crève. L’agriculteur nouveau doit miser 300 000 € pour avoir le droit de gagner un SMIC en bossant 70 h par semaine, si tout va bien (et « tout va bien », ce n’est pas tout le temps, n’est-ce pas …). tout ça pour quoi ? pour que maintenant en France le lait premier prix dans les supermarchés vienne d’Allemagne, ce qui aurait été inconcevable.
Et quand les matières premières de base foutent le camp, les filières « de qualité » meurent aussi. Il n’est pas difficile de faire aussi bon que le roquefort ou le camembert en Silésie ou en Prusse.

bottom line : c’est à la France de se réformer, pas aux autres de lui faire plaisir.