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La régression sociale arrive en France

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Nombre de commentaires : 3 réactions

La folie des politiciens et des technocrates retombe toujours sur les citoyens, en particulier sur les pauvres. Ils promettent monts et merveilles, ils sont tellement persuadés de pouvoir résoudre tous les problèmes grâce à leurs idées grandioses, via une réglementation souvent bâclée et une redistribution qui s'évapore en cours de route. La vérité pourtant est que le progrès social vient toujours du progrès technique, et que tout interventionnisme n'a pour finalité réelle que de freiner ce processus naturel.

Comme le disait Frédéric Bastiat, l'Etat est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde. Les humbles demandent protections et argent. Les nantis espèrent influence et privilèges. Tous ont des exigences, mais personne ne veut consentir à des sacrifices. Et pourtant ils en font, ils renoncent consciemment ou non à quelque chose de primordial : leur liberté. Car c'est le prix à payer.

Au début, la dépendance et la servitude savent se faire discrètes et douces, tel un hameçon enrobé d'un appât à la chaire tendre et savoureuse lancé dans l'océan des citoyens dociles. Puis, lors de conditions moins favorables, en particulier suite à de nombreuses années d'excès en tout genre, la Caste de Tout-En-Haut décide brusquement de tirer sur la ligne de la canne à pêche, et de remonter les petits poissons qu'elle s'apprête à dévorer.

C'est justement le phénomène auquel nous assistons en ce moment. Le rapporteur général de la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale, Gilles Carrez, vient de dévoiler un nouveau rapport sur l'état du déficit et de la dette publique.

Ce rapport précise les derniers chiffrages de la folie dépensière qui caractérise la France moderne, bien que le même schéma se répète siècle après siècle. En vrac :
- La dette publique a augmenté de 30% en trois ans, soit de 20 points de PIB.
- La dette publique est détenue à 70% par des non-résidents, contre 33% en 2000.
- D'ici 2013, les seuls intérêts dépasseront les 50 milliards d'euros annuels.
- La dette dépassera les 100% du PIB d'ici 2014 selon le scénario "réaliste"...

Pendant ce temps, le pouvoir exécutif qui vit apparemment sur un petit nuage, ou un monde alternatif, préfère se concentrer sur des objectifs de croissance totalement démentiels, plus de 2.5% par an minimum, que la France n'a pas connu depuis bien longtemps. La France fait désormais partie des 15 pays les plus endettés au monde par rapport à la création de richesse intérieure, et cela va en s'empirant.

Lors de la prochaine élection présidentielle, en 2012, la dette aura déjà largement dépassé les 90% du PIB, seuil stratégique lorsque l'on se réfère aux leçons du passé. En effet, à partir de ce niveau d'endettement, la croissance potentielle d'un pays devient très inférieure à la croissance moyenne des années précédentes. La moyenne en France étant de 2%, je vous laisse donc imaginer la suite : chômage de masse, comptes sociaux en déficit, aggravation de la pauvreté, etc etc...

Devant l'injustice de cette situation, on aimerait connaître les coupables. En premier lieu, certains accusent la crise financière, et les banques. Or, dans le dernier rapport de la Cour des Comptes, présidée par le socialiste Didier Migaud, il est très clairement fait mention que la crise n'est directement ou indirectement responsable que d'un tiers de la nouvelle dette contractée. Le reste est intégralement du à la dégradation du déficit structurel du pays.

Les dérives du monde financier sont donc partiellement responsables, mais il y a d'autres pistes à défricher. Notamment, chez ceux qui ont répété depuis des décennies que tout était sous contrôle. Les démagogues malfaisants qui osent nous dire que toutes les dépenses sont utiles, efficaces et indispensables. Les menteurs qui s'acharnent à nier les évidences, et qui font mine de ne pas voir le cercle vicieux dans lequel ils nous entraînent, tel que décrit par Charles Gave : "Plus la part de l’État dans l’économie est forte, plus la croissance est faible. Plus la croissance est faible, plus le taux de chômage monte. Plus le taux de chômage monte, plus les dépenses de l’État augmentent. Et plus la croissance est faible…"

La solution, c'est de retrouver un semblant de raison. De cesser d'entretenir l'illusion que la France est un îlot coupé du reste du monde, susceptible de s'affranchir des réalités ordinaires et basiques. L'insurrection qui vient sera libérale ou ne sera pas.
 

 

Aymeric PONTIER

Source :

http://aymericpontier.blogspot.com/2010/11/la-regression-sociale-qui-vient.html 

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3 commentaires

  • Lien vers le commentaire stifler dimanche, 05 décembre 2010 20:44 Posté par stifler

    "mais personne ne veut consentir à des sacrifices"=> cela s'est vérifié pour la réforme des retraites. Tout le monde savait qu'elle était nécessaire mais personne ne voulait payer ....

    Vivement que les marchés s'attaquant à la France. Enfin bon, avant il y a l'Espagne et l'Italie. Les marchés ne croient déjà plus en la France. Il n'y a qu'à comparer l'évolution récente du DAX avec le CAC.