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Thibault Doidy de Kerguelen

Thibault Doidy de Kerguelen

Je suis président de la Compagnie Financière et Patrimoniale de Normandie. Vous pouvez me suivre sur mon site http://maviemonargent.info/

L’effet boomerang des drones….

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Après la France, les USA, voici venu le temps pour le Pakistan de la coopération avec la Chine...

Même si le thème de ce site, MVMA, n’est pas la géostratégie, les mouvements d’alliance et de financements qui tournent actuellement autours de l’Iran, de l’Arabie Saoudite et du Pakistan méritent que nous nous y arrêtions un instant.

La Chine finance le nucléaire pakistanais

« Le Premier ministre Nawaz Sharif a annoncé mercredi ce projet de financement des infrastructures nucléaires qui doit permettre à terme de mettre fin à la crise énergétique, responsable de coupures de courant pouvant atteindre 20 heures par jour dans certains villages et plombant l’activité manufacturière. Le prêt sera octroyé au Pakistan par la banque publique chinoise Exim à un taux préférentiel et devra être remboursé sur une période de 20 ans, ont confirmé jeudi à l’AFP des responsables au ministère pakistanais des Finances.

Ce prêt est le dernier exemple en date de la coopération entre Pékin et Islamabad afin de moderniser les infrastructures du Pakistan. Des sociétés chinoises travaillent sur une centaine de projets dans le pays dans les secteurs du bâtiment, de l’énergie et des hautes technologies, chiffrés à plus de 18 milliards de dollars, selon les autorités d’Islamabad.

Fin novembre, le Pakistan avait notamment lancé la construction d’une centrale nucléaire de 2.200 mégawatts, avec l’aide technique de la Chine, sur les rives de la mer d’Arabie à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Karachi, la métropole économique du pays.

Seul pays musulman doté de la bombe atomique, le Pakistan compte actuellement trois réacteurs nucléaires en service d’une capacité totale de 740 mégawatts, et a commencé en 2011 les travaux pour la construction d’une quatrième centrale.« 
Telle est la dépêche AFP qui vient de sortir. La réalité est un petit peu plus compliquée que cela. L’Arabie Saoudite, déçue de son allié américano – musulman Barack Hussein Obama qui semble la lâcher dans l’affaire syrienne, se tourne vers d’autres horizons et commence à mener sa propre politique internationale. Ainsi, déjà bailleur de fonds de la bombe nucléaire pakistanaise dans les années 70 – 80, elle vient de passer un accord (moyennant espèces sonnantes et trébuchantes) d’utilisation à discrétion des vecteurs armés de la seule puissance musulmane dotés de l’arme nucléaire.

De son côté, le Pakistan, qui a pensé, il y a quelques années, recevoir de la part de la France un soutien sinon aussi efficace que celui que la « république » apporta au programme nucléaire israélien du moins déterminant se retrouva enlisé dans des affaires de commissions et rétrocommissions avec le personnel politique français qui l’obligea à se tourner vers un autre partenaire. Déjà la Chine? Jouant par intérêt la carte américaine, les Pakistanais ont vite compris que les rapports avec l’Empire étaient pipés. Soit tu te soumets et te vassalise, ce qui implique, comme la Grande Bretagne, de soumettre son arsenal nucléaire à la double clef, ou l’abandon de ton indépendance et l’acceptation du parapluie américain, soit tu es traité en ennemi potentiel. Durant cette période, le programme nucléaire pakistanais n’évolua quasiment pas. La multiplication des interventions armées, en particulier des drones, sur le territoire pakistanais, la facilité avec laquelle Obama a, en quelques mois, abandonné ses alliés islamistes en Egypte et en Syrie et trouvé un accord avec les Iraniens ont suscité la plus vive inquiétude chez son allié d’Islamabad.

Il faut pour les Pakistanais trouver de nouveaux soutiens et si possible les multiplier pour ne pas être dépendants. L‘Arabie Saoudite, de son côté, en finançant un programme nucléaire pakistanais entre dans le club des puissances disposant de l’arme nucléaire, tout en étant co-financeurs dudit programme avec les Chinois, c’est à dire engageant un mouvement diplomatique indirect pour faire pression sur son allié de moins en moins « maître », les USA. Gageons que dans un premier temps, grâce au soutien de la Chine (et éventuellement de Hollande qui a désormais une dent contre Obama qui l’a ridiculisé aux yeux du monde sur l’affaire syrienne et qui vient de s’engager à réarmer l’armée libanaise pour lui permettre d’engager les combats contre le Hezbollah afin d’ouvrir un front dans le dos de la Syrie), l’Arabie Saoudite obtienne d’être associée au club des 5+1 et de peser sur les accords passés avec l’Iran. Dès lors, la tension ne manquera pas de monter entre les deux grandes puissances, avec Israël qui attend tranquillement la déflagration entre musulmans.

Voilà dans quel contexte s’inscrit cet accord sur une « centrale nucléaire civile » entre la Chine et le Pakistan. Pas aussi simple que ne semble le croire le permanent au desk qui a pondu cette dépêche falote….
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