Pourquoi les créateurs cassent ils souvent leurs jouets ?
Je viens de regarder un reportage ancien sur Philippe JEANTOT.
Aujourd'hui...

Tous les ingrédients classiques sont là.
C'est un compétiteur froid, technique, motivé.
Il exerce dans sa jeunesse son métier de plongeur Comex à un top niveau mondial et place son argent dans de l'immobilier à Andorre. Il pourrait tourner à droite et dérouler nickel sa life...
Sauf que... Il tourne à gauche et écoute le moteur de la création...
Vient le succès rapidement. Il remporte plusieurs tours du monde et explose en notoriété américaine et française.
Il créé alors deux bijoux. Le Vendée Globe Challenge et le fabriquant de catamaran dont je suis très fan, la série PRIVILEGE.
Il se marie et fait de beaux enfants avec lesquels il fait un tour du monde de plus ou moins 10 ans.
Seulement, dans cette belle story, tout finit par partir en couille, avec toujours les mêmes ingrédients...
Le fisc français, un associé qui trahit, les salopards habituels qui récupèrent le Vendée Globe Challenge devenu bien trop politique et influent...
En face il vend son chantier en 1996 à un vrai gestionnaire qui va le développer. Et rate une aventure industrielle.
Il y a manifestement une part d'ombre en lui qu'il n'a pas dompté à temps.
Et à la fin, on retrouve actuellement Philippe Jeantot vivant sur son bateau à Koh Samui, Thaïlande.
Ce que cela m'inspire ?
Croire que parce qu'on est bon à un jeu, on est bon à tous les jeux. C'est le pire des poisons pour la cervelle...
Créer est une chose. Il faut souvent casser pour accoucher. On ne créé pas du premier coup. D'autant que plusieurs succès exigent de nombreuses tentatives autour qui foirent. Un peu comme les mecs qui continuent de me tomber dessus sur mes pertes en bourse. Il n'y a pas de gains sans pertes. C'est justement la manière dont on gère le lien des gains et pertes qui fait le résultat final et non le fait de perdre qui rend pas crédible... comme si on pouvait que perdre sans jamais gagner en face... Les gestionnaires ne le comprennent pas trop ce lien de gains qui compensent les pertes. Ils ne voient que le risque et leur aversion utile et toxique en même temps.
L'âme créatrice est quelque chose de spécifique qui repose très ou trop souvent sur une faille ou des failles psychologiques.
Développer est un job qui ne va pas bien avec la création. Pourtant tous les créateurs ont besoin à un moment de savoir pivoter vers la gestion. Et vice et versa. Les gestionnaires qui ne veulent pas finir dans leur bouteille de vin doivent apprendre à se relâcher et tenter des trucs out of the box.
L'association est souvent la clef... mais l'association dans un monde de malhonnêteté est ultra risky. Les gestionnaires sont régulièrement des escrocs qui abusent. Le nombre de stars plumés est hallucinant.
Le mieux est donc d'expérimenter les deux facettes soi même. La création destruction, le contrôle et le lâcher prise
Qui honnêtement fait un sans faute au jeu de la vie ?
Nous tombons tous un à un dans ces pièges.
Certains ne parviennent pas à créer et vivent des vies réussies de gestionnaires qui sont totalement misérables, insignifiantes et frustrantes. Combien m'ont fait des confidences à 65 ans passés avec un océan de regrets après leurs décennies de zombies.
D'autres dont je fais partie cassent méthodiquement leur jouet avant de se réveiller et de réfléchir quand il n'est pas trop tard.
D'autres cassent tout y compris leur physique et ne se réveillent qu'une fois la ligne rouge franchie.
La trajectoire de vie de ce Philippe Jeantot m'intéresse. C'est certain.
Charles