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Les révolutions spatiales du 21ème siècle

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En tout, à l'heure actuelle, seuls 12 hommes terriens ont déjà eu l'occasion de marcher sur un autre objet céleste que la Terre. Tous américains, et tous sur la Lune notre satellite. 12 individus sur près de 7 milliards, bientôt 9. La dernière fois, c'était en décembre 1972. Cela fait donc 38 ans maintenant qu'aucun être humain ne s'est rendu sur un autre astre. Depuis lors, l'exploration spatiale, au-delà de l'orbite proche, a été strictement robotique.

Cette inertie est due au coût exorbitant des programmes spatiaux, pour peu qu'ils soient ambitieux. On peut prendre pour exemple le projet américain de colonisation lunaire qui est tombé dans l'eau au début de l'année. Envoyer des humains dans l'espace, c'est beaucoup trop cher. Il faudra beaucoup de temps, et une forte baisse des prix, avant de pouvoir savourer par soi-même, sans passer par les caméras satellitaires, les images magnifiques de la Terre vue de l'espace ou les levers de soleil sur Mars.

Mais d'ici là, il va malgré tout se produire des évènements majeurs. De multiples révolutions, dont certaines ont d'ors-et-déjà commencé, qui vont bouleverser notre compréhension et notre rapport avec le monde externe. Je vais essayer de les dévoiler.

 

Les nouvelles techniques d'observation

Il y a encore peu, les seules planètes qui avaient pu être détectées se trouvaient dans notre Système Solaire, car nous n'avions pas les moyens techniques pour voir au-delà. La toute première détection prouvée d'une planète extrasolaire n'a eu lieu qu'en 1992. Et à ce jour, nous en avons recensé plus de 500. La plupart ont été découvertes grâce aux missions Corot et Kepler, deux satellites d'observation, spécialement construits à cet effet.

Mais problème, nous ne voyons pour le moment que des géantes gazeuses, à l'instar de Jupiter, alors que nous sommes plus intéressés par les petites planètes rocheuses comme la nôtre, davantage susceptibles d'abriter de la Vie. Et suite à l'analyse des données recueillies jusqu'ici, certains chercheurs estiment désormais qu'il pourrait y avoir pas loin de 50 milliards de planètes de la taille de la Terre, rien que dans notre galaxie ! Renversant !

Les agences spatiales, dont l'ESA, souhaitent mettre en place de nouveaux moyens pour les trouver. Dans les cartons, il y a deux projets emblématiques :
- La Mission Darwin qui devrait être lancée en 2020, composée de plusieurs satellites munis d'un télescope de 3 ou 4 mètres de diamètre, et travaillant ensemble par interférométrie afin de décupler leur performance. C'est un peu comme si on lançait dans l'espace un télescope de 20 mètres de diamètre ! Ce qui serait impossible avec les fusées conventionnelles.
- Le télescope géant E-ELT, qui sera basé sur Terre au Chili et mis en place à la même date. Avec 42 mètres de diamètre, ce sera le télescope le plus précis jamais construit !

A plus long terme, il apparaît vraisemblable que nous aurons les outils technologiques adéquats pour capturer des images directes des mondes extérieurs, situés à des années-lumières de la Terre. Ce qui constituera un changement radical des perspectives humaines.

 

La mondialisation des ambitions spatiales

Auparavant, l'espace était principalement une source de compétition entre les deux "superpuissances" issues de la Guerre Froide. Les choses ont bien changé depuis. Les pays européens, ainsi que les pays émergents, font partie intégrante de la donne, et de nombreux autres ont accès aux technologies leur offrant l'accès à l'espace.

Et l'objectif ultime semble être le même pour tous les acteurs : aller ou revenir sur la Lune pour mieux décrocher Mars ! Comme s'il y avait un défi lancé à l'humanité...

Que ce soit l'Europe qui veut envoyer un rover, voire lancer un programme d'exploration habité. La Chine, qui a fait des bonds de géants en devenant le troisième pays au monde à envoyer un humain dans l'espace, et qui vise clairement les deux cibles. Le Japon qui préfère de son côté opter pour la solution robotisée meilleure marché. L'Inde qui se concentre sur la baisse des coûts de lancement. Ou la Russie qui pense déjà à rentabiliser le projet en exploitant les ressources naturelles comme l'hélium-3.

Toutes les énergies se mobilisent dans une compétition féroce ! Pour ma part, je préférerais qu'ils fusionnent tous leurs moyens et leurs compétences à travers une coopération internationale, qui nous permettrait d'aller plus vite et plus loin. Mais il faudrait pour cela que toutes les parties acceptent de travailler ensemble et de s'échanger toutes les informations et les connaissances nécessaires. Autant dire que c'est un voeu pieux !

 

La militarisation de l'orbite terrestre

L'heure est hélas plutôt à l'affrontement, en particulier en ce qui concerne l'orbite terrestre. Certes, la militarisation de cette zone remonte à loin : les divers systèmes d'écoutes et d'espionnage sont légion au-dessus de nos têtes ! Et à ce niveau, ce sont les Etats-Unis qui mènent la danse avec près de 90% des dépenses !

Mais cela va bien au-delà. L'armée américaine est en train de se robotiser à une vitesse phénoménale. Entre les drones aériens et sous-marins, et tous les robots terrestres, les soldats mécaniques occupent tous les terrains. Là encore, c'est une question d'argent : un robot coûte 250.000 dollars quand un GI revient à 4 millions, de la formation à la retraite...

L'idée de guerres entièrement robotisées, faisant très peu de victimes humaines, est en soi séduisante mais elle a un point faible majeur : tous les robots sont téléguidés via les satellites en orbite. Il suffirait de trouver un moyen efficace pour les repérer et les détruire, pour que l'armée américaine se retrouve en bien fâcheuse position. C'est là que la Chine intervient, car non seulement elle est capable d'aveugler les satellites par laser, mais elle est aussi en position de les détruire avec des missiles.

Jusqu'ici, les USA étaient les seuls à posséder cette technologie. Depuis peu, il est fait mention par ailleurs d'une mystérieuse navette spatiale militaire, qui a été surnommée X-37B. Il s'agirait d'un "drone spatial" réutilisable, autrement dit une machine automatisée capable de faire des allers-retours dans l'espace et ne nécessitant pas la présence d'humains à bord. On parle du premier engin spatial militaire "offensif"...

 

La privatisation de l'accès à l'Espace

Un autre des grands bouleversements actuels, c'est bien entendu l'arrivée du secteur privé sur le marché des vols spatiaux, jusqu'ici réservé aux différents monopoles publics. Il s'agit en fait d'une initiative de la Nasa, qui chercher à favoriser le transport "spatial commercial" de fret ou de passagers. L'objectif étant une baisse des coûts significative grâce au jeu de la concurrence. Plusieurs firmes commencent à faire parler d'elles. Notamment SpaceX, qui devrait selon toute vraisemblance décrocher une partie du marché du service de ravaitillement de la Station Spatiale Internationale.

Il y a aussi Virgin Galactic et Masten Space Systems, plutôt orientées pour le moment sur les vols touristiques suborbitaux, mais qui n'ont clairement pas envie de s'arrêter là. L'idée est d'établir des vols réguliers au-delà de l'atmosphère terrestre, et d'offrir des services au plus grand nombre. Cette émulation aurait déjà permis de diviser d'un facteur 1000 le coût de l'envoi d'êtres humains dans l'espace, et ce n'est que le début de l'aventure !

Dans quelques décennies, le prix d'un vol dans l'espace ne devrait pas être beaucoup plus élevé que celui d'un vol longue distance actuel, et toute une panoplie d'industries et de services devrait voir le jour. Certains réfléchissent déjà à une évolution des besoins, comme le développement de l'accès à Internet via des routeurs spatiaux.

 

Les androïdes et la conquête du Système Solaire

Comme je le disais plus haut, l'Helium 3 lunaire attire toutes les convoitises, futur carburant idéal des centrales nucléaires à fusion qui restent encore à inventer. Il semble donc que le temps des colonies lunaires soit bel et bien arrivé. Mais, ne vous faites pas d'illusions, il s'agira dans un premier temps de colonies entièrement robotisées.

Les robots humanoïdes seront les "éclaireurs" de la conquête du Système Solaire, une fois sur place ils pourront éventuellement construire un habitat favorable aux voyageurs humains et les aider à survivre dans des milieux très difficiles. Mais ils ne seront pas seuls. Entre les rovers et les drones, c'est tout un écosystème robotique qui va s'installer sur les diverses cibles choisies. Et si jamais ils parviennent à utiliser les matières premières présentes sur place pour se multiplier, ils pourraient se répandre très rapidement.

En fait, je commence à me dire que la robotisation de la société se déroulera simultanément sur Terre et dans le Système Solaire. Et que, du fait de leur supériorité de plus en plus évidente dans les environnements inhospitaliers, on finira à terme par théoriser le concept "d'humanisation de l'espace", en lieu et place de celui de colonisation.

Enfin, seulement si les machines veulent bien de nous...

 

Aymeric PONTIER

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