Je ne sais pas pour vous mais quand je me regarde, je vois beaucoup d'ambivalence entre le bien et le mal. J'arrive pas à me retrouver derrière les images toutes lisses toutes propres du monde moderne, qui est en réalité refoulé et ignorant pour ne pas dire aveugle sur l'ombre qui existe partout dans le cadre de la polarité globale. Mi ange mi démon me parle beaucoup plus comme lunette.
J'ai une femme Thaï que j'ai embarqué dans mon shift au Panama. Elle est orpheline et a cette caractéristique si rare d'avoir conservé un accès à son innocence malgré les pires évènements que des enfants peuvent affronter.
Elle a une seule amie à Bankok, qui crève la dalle, elle et sa famille avec la farce corona virus (tout particulièrement en Thaïlande où avec 56 morts pour 69 millions de personnes dans le pays et environ 30 morts par jour sur la route... la destruction de l'économie n'est plus de la bêtise mais de la pure haine).
J'ai envoyé 20.000 baths toutes les 6 semaines pour leur maintenir le ventre à peu près plein.
C'est là ou toute l'ambivalence de la vie démarre.
Je ne donne pas pour donner. Je reste très dubitatif sur le caritatif. Que des enculés aient transformé le monde en gigantesque esclavagisme et puis ensuite que ces mêmes enculés s'achètent publiquement une image en faisant du caritatif au lieu d'instaurer des règles du jeu plus justes qui permettent à chacun de s'insérer dans la vie mondiale... très clairement, j'ai du mal avec le caratitatif. C'est un foutage de gueule qui dépasse la raison.
Aider en one to one, financièrement, ou avec autre chose... me laisse tout aussi perplexe, car sans autonomie, cela revient à chercher à arrêter l'eau d'une rivière avec une simple épée...
Aider la seule amie de ma femme à la dérive pour apporter du soutien à ma propre femme de manière à ce qu'elle ne me casse pas les burnes, ce n'est pas vraiment aider et en même temps, cela l'est car il s'agit quand même d'un humain luttant pour ne pas crever de faim (sachant qu'elle sort d'une leucémie). Je dirais que je fais un deal, un échange sain de service, donc de l'entre aide.
Seulement, voilà, la vie n'est ni du caritatif lisse dégueulasse, ni un échange de service.
La complexité et l'ambivalence peuvent entrer dans la danse et transformer le tout, le sublimer de quoi faire oublier les débats intello.
J'ai envoyé 10.000 baths il y a une semaine, soit un peu plus de 300$.
La famille de l'amie de ma femme a prélevé 2.000 baths pour acheter des matériaux. Puis ils ont décroché un petit contrat leur permettant de faire 5000 baths de profits en plus des 2000 investis.
Voici les photos







J'avoue que là, mon coeur a explosé. Une immense joie. Celle d'avoir contribué à aider une famille à pêcher au lieu de rester dans la dépendance et la victimisation.
Ma femme a explosé de joie aussi car tout ceci est bon esprit.
Alors que mes intentions initiales étaient ambivalentes, égoïstes également, j'ai contribué à la création d'une belle expérience de vie qui me rend fier et qui a redonné de la fierté à cette famille.
La vie est curieuse et complexe.
Bien sûr, on pourrait débattre à l'infini sur le fait d'aider les gens autonomes massacrés par le système et délaisser ou faire crever (Bill Gates s'en charge) les victimes dépendantes irrécupérables... c'est toute la logique judéo chrétienne à laquelle je ne crois pas une seconde d'ailleurs, qui dit que toutes les brebis du troupeau ont les mêmes droits et valent l'amour de dieu, y compris celles qui s'écartent du troupeau et nécessitent une intervention au risque que celles du troupeau se retrouvent sans maître et connaissent des périphéties.
Le fait est que je me sens ultra à l'aise à pousser les humains à l'autonomie, les aider, leur apporter des ressources, des contacts, de l'argent, des outils et que je me sens extrêmement mal et ce, très rapidement, quand on tombe dans l'instauration d'une mise en dépendance. A ce jour, sans me cacher, je constate qu'une fois identifié le dépendant dans la merde, je détourne sans aucun état d'âme le regard et le laisse sombrer. Alors que je suis prêt à me casser le cul sur plusieurs années (et les exemples pullulent dans ma vie perso) pour aider à surmonter les épreuves du candidat humain autonome.
Chacun positionne son bien et son mal là où il l'entend.
J'avoue que cette famille thaïe m'a offert une belle et pure émotion et aussi l'occasion de revisiter ce qui comptait vraiment pour moi.