Après la crise qui a secoué la zone euro en 2011/2012, rien n'a vraiment changé.
Les balances Target 2 qui mesurent notamment l'état des échanges entre pays d'Europe du Nord (Allemagne, Pays-Bas et Finlande notamment) et ceux d'Europe du Sud (Espagne, Italie, Portugal et Grèce) montrent que l'action de la BCE n'a pas corrigé le fond du problème (elle ne peut évidemment pas le faire).
Son action a temporairement réduit les déséquilibres pendant deux ans (jusqu'en 2014) puis ceux-ci sont repartis à la hausse inexorablement ensuite, en dépassant maintenant largement les niveaux de la crise de 2012. Le mois de mai 2018 a été marqué par une forte hausse du déficit italien (en réaction à l'élection du nouveau gouvernement), mais la tendance de fond remonte à bien avant cet évènement.
Source : https://seekingalpha.com/article/4181232-italys-silent-bank-run
L'Allemagne va bientôt détenir une positio créditrice de 1000 milliards d'euros vis à vis de la BCE, pendant que l'Italie en est déjà à une position débitrice de plus de 460 milliards d'euros, accumulés en 7 ans.
Pour donner une idée du rythme de creusement de ce déficit, cela correspond à une fuite de capitaux d'environ 1080€ par italien et par an. Ce déficit se creuse malgré un contexte économique très favorable et un haut de cycle des économies européennes et mondiales.
Le problème de fond est celui d'une utopie socialiste de plus : vouloir réaliser une union monétaire dans un ensemble hétérogène (notamment du point de vue économique avec des compétitivités divergentes qui ne peuvent plus se réajuster à cause de la parité fixe et de la rigidité des salaires). Toutes les expériences passées de ce type ont échoué.
Il n'y a que trois scénarios possibles maintenant concernant l'union européenne et l'euro :
1) Le statu quo.
La BCE achète sans limites, comme elle le fait maintenant, les dettes des pays d'Europe du Sud pour les renflouer. L'Europe du Sud peut ainsi continuer à acheter à crédit des produits allemands à taux très bas, et l'Allemagne accumuler des excédents (mais aussi des créances vis à vis de pays qui deviendraient insolvables sans l'action de la BCE). Combien de temps ce scénario peut-il durer ?
Les seules limites possibles viennent ici :
- De la confiance du marché et des intervenants extérieurs à la zone euro, qui finiront forcément par s'inquiéter un jour et par vendre l'euro.
- De la situation sociale dans les pays d'Europe du sud (les entreprises de ces pays ne pouvant fonctionner et vendre leurs produits à un niveau optimal à cause d'une monnaie trop forte, ce qui provoque du chômage et de la colère).
La prochaine récession et crise économique (qui sera celle des banques centrales) marquera à mon avis la fin de ce scénario.
2) l'Europe fédérale
C'est le scénario dont rêvent la majorité des élites actuellement au pouvoir, et qu'elles essaient de faire avancer plus ou moins furtivement (ou parfois ouvertement) au sein de l'Europe (les opinions publiques n'y étant pas vraiment favorables). Ce serait en pratique encore plus de socialisme et de subventions : l'Europe du Nord renflouerait massivement, cette fois avec l'argent des contribuables, l'Europe du Sud. Vu les écarts de niveau de vie entre le Nord et le Sud, et la population importante au Sud, ces transferts seraient très lourds et impliqueraient certainement une baisse du niveau de vie au Nord.
Je ne crois pas à ce scénario pour une raison : Le scepticisme vis à vis de l'U.E est déjà assez fort maintenant, alors que nous sommes pourtant en sommet de cycle, à un moment où le balancier de la psychologie des foules est orienté au maximum vers l'union et l'inclusion.
A la prochaine crise, ce balancier va repartir fortement dans l'autre sens (repli sur soi), et le rejet du projet fédéral sera trop fort. Les mouvements eurosceptiques devraient au contraire gagner beaucoup de terrain.
3) L'éclatement
C'est pour moi le scénario de loin le plus probable à terme (après quelques années de tentatives pour maintenir le statu quo actuel). La prochaine récession fera flamber les divergences entre les membres de l'U.E, et le marché perdra confiance dans la capacité d'action des banques centrales.
Pour le moment, l'incendie couve doucement. Mais au moindre évènement un peu défavorable, il ne demandera qu'à flamber pleinement, beaucoup plus fort qu'en 2011/2012. Un évènement relativement mineur comme la récente élection italienne a fait bondir de 100 points de base le spread de taux entre Italie et Allemagne.
(source : https://ycharts.com)
N.B : Si vous avez besoin d'idées pour avoir les solutions et les moyens d'agir prêts face à ce qui va arriver en zone euro, la formation "le bouclier" pourra certainement vous aider !