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Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

Charles-Sannat

« La Route 66 ? Non la D117 ! »

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Mes chères contrariées, mes chers contrariens !

Avant de vous parler d’or, il fallait que je vous parle de mes vacances… Remarquez, les deux sont liés puisque, comme je vous l’avais dit, je suis parti faire un « road trip » en famille avec un camping-car de location le long de la départementale D117 (qui est vraiment très très longue).

Comme me le disait ma femme, la D117 c’est un peu moins glamour que la « Route 66 », elle qui rêve d’aller aux États-Unis d’Amérique… Ce que je lui refuse obstinément depuis plusieurs années.

Le long de la D117 qui borde les Pyrénées se trouvent de nombreux sites d’orpaillage. De vous à moi, je pensais revenir « riche » de plein de poudre d’or et de pépites. Nous sommes revenus pauvres comme Job et surtout pleins de piqûres de moustiques. Oui cette année, écologie oblige, les tonnes de pesticides réglementaires et de rigueur avant chaque été n’ont pas été déversées… Résultat : pas l’ombre de la moindre once d’or mais côté moustiques, nous avons eu notre dose pour la décennie à venir, ce qui m’a valu quelques railleries bien senties de ma moitié face à mes gémissements (de douleur) nocturnes.

Mais ce fut de bien belles vacances et les châteaux cathares valent vraiment le déplacement.

Une guerre pour la rentrée ?

Bref, je pensais que Barack et François, sans oublier Cameron, allaient m’offrir une belle guerre pour la rentrée du Contrarien Matin. Mon sujet était donc tout trouvé. La guerre en Syrie. Alors j’étais serein. Avec un truc comme ça, j’allais pouvoir broder à l’infini dans les semaines à venir, et je n’avais donc aucune crainte à avoir au sujet de la page blanche… Enfin, maintenant que tout est numérique et informatique, il faudrait parler du syndrome de l’écran blanc mais bon…

Mais bon… Patatras oui ! Voilà t-y pas que les Anglais (pas le peuple – lui, dans sa sagesse, il est rarement va-t-en-guerre, raison pour laquelle justement les grands mamamouchis ne l’écoutent pas –, non, les parlementaires anglais), refusent tout net à David (Cameron) le premier sinistre britannique d’aller attaquer la Syrie alors qu’il avait déjà déployé ses avions à Chypre… Oui je sais, Chypre, vous connaissez hein ? Ses plages, ses banques en faillite et son État en déroute sans parler de sa population baignant dans la félicité la plus totale après s’être fait laminer leurs comptes en banque. C’est bien de ce Chypre-là dont on parle. Eh bien Chypre est le « porte-avions » de la perfide Albion dans ce coin-là du monde. Super pratique Chypre pour attaquer la Syrie puisque c’est à 10 minutes de vol.

De son côté, François Normal 1er, l’homme qui en est à sa deuxième guerre en un an, dégaine un peu moins vite sur la réforme des retraites par exemple. François donc était déjà prêt à aller soutenir les gentils rebelles contre le méchant gouvernement Assad, le Charles de Gaulle était déjà en train d’appareiller.

Manque de chance, les députés anglais sont venus casser toute cette petite histoire déjà écrite. Vous vous rendez compte quand même ! Des enfants gazés en Syrie. Cela ne peut se résoudre qu’en rentrant en guerre. Pensez donc, c’est vraiment pour les pauvres zenfants syriens qu’il faut aller se battre. Les tuer par balle, passons, mais les gazer…. Beurk, vraiment. Du coup, nos stratèges se sont dit qu’aller bombarder tout ce petit monde serait la façon la plus efficace sans doute de sauver ces pauvres zenfants. Demandez aux zenfants irakiens ce qu’ils pensent de l’exportation de la démocratie américaine et de la précision de nos bombes.

Évidemment, le pétrole syrien n’y est pour rien dans notre empressement. C’est vrai que le pétrole libyen ne nous a pas coûté trop cher (c’est Total et BP qui s’en occupent désormais comme par hasard). Non, le pétrole n’a rien à voir dans tout ça, car comme tout le monde le sait bien, grâce au pétrole de schiste (super bon pour la planète et méga top pour l’environnement), nous sommes autosuffisants pour les siècles des siècles en essence.

C’est sans doute parce que l’on a aucun problème d’accessibilité à cette forme d’énergie que l’on fait des guerres (justes), (morales), (pour la démocratie), (pour protéger les zenfants) depuis plus de 10 ans au monde entier… Enfin surtout au monde qui a un peu de pétrole en stock, parce que de vous à moi, attaquer l’Islande et ses volcans alors qu’ils n’ont même pas payé leurs dettes à notre égard, même les Anglais n’ont pas pensé à les attaquer, c’est tout dire.

Donc du coup, François Normal 1er, qui aime les zenfants syriens, voulait aller les sauver, le tout sans vrai débat démocratique, parce que la guerre… c’est comme les zimpôts, c’est juste !
Forcément mes amis, une guerre de gôche c’est forcément juste, alors qu’une guerre de drôate c’est un peu fasciste sur les bords. Par exemple, Mitterrand (oui, notre ancien Président de gôche), ministre de l’Intérieur pendant la guerre d’Algérie, était « juste ».

Bon du coup, ce week-end, rétropédalage des mamamouchis gouvernementaux forcés de reconnaître que l’on était pas en mesure nous, la France, d’aller casser tout seul la gueule à Saddam Hussein… heu, pardon, excusez-moi, on m’a tellement manipulé avec Saddam Hussein et ses armes de destruction massive que personne n’a jamais retrouvé que lorsqu’on me demande de citer le nom d’un grand méchant, hop, tout de suite je pense à Saddam Hussein. Je voulais donc dire Assad mais je suis sûr que vous aviez corrigé de vous-même mon « erreur ».

Oui, François Normal 1er vient de se rendre compte qu’à force de réduire le budget de notre armée pour augmenter celui de l’Éducation nationale, dont les dépenses progressent au même rythme que l’illettrisme dans notre pays sans que personne n’ose poser les vraies questions (la vraie question n’étant pas sur les profs d’ailleurs), ne pouvait aller déclarer la guerre à lui tout seul à la Syrie. Sans blague. Remarquez, vu les bêtises de ce gouvernement depuis un an, cela va sans dire, mais encore mieux en le disant, et au moins François ne va pas envahir Damas à lui tout seul. Il n’en a pas les moyens.

Avec tout ça, si Bachar el-Assad était futé, il nous attaquerait le premier et l’armée syrienne serait sans doute assez rapidement à Paris.

Donc du coup, je n’ai rien à vous dire aujourd’hui. Je n’y suis pour rien, ils m’ont annulé ma guerre de rentrée au dernier moment alors que tous mes zarticles étaient prêts.

Ma série d’articles pour participer à l’effort de guerre !

Celui que vous deviez lire aujourd’hui s’intitulait « On ne peut pas laisser les zenfants se faire massacrer en silence ». Oui c’est facile de culpabiliser les gens en leur parlant des zenfants qui meurent.

Puis le lendemain, « Saddam Hussein, Ben Laden et Bachar el-Assad, la même face d’un même problème ». C’est important de faire appel à votre cerveau reptilien et au côté conditionnement depuis 10 ans. Avec un tel article, vous ne pouviez pas dire « vous êtes sur ? Faut vraiment partir en guerre ? » Évidemment voyons.

Ensuite, on enfonçait le clou avec un « Ne rien faire serait un nouveau Munich ». Là c’est top aussi ce genre de titre. Hyper culpabilisateur.

Enfin, je terminais la première semaine de guerre en titrant « François Hollande, un véritable grand chef de guerre ». Du coup, j’envoyais cette tribune directement sur l’adresse mail du Président et je me faisais remarquer par l’Élysée.

Finalement, mon beau plan tombe à l’eau !

Au lieu de fayoter pour l’avenir de ma carrière, me voici encore en train d’émettre des doutes quant à la sagacité des décisions de nos grands mamamouchis, et je vais encore être obligé de vous parler d’or… Zut alors !

Alors que vous dire sur le métal jaune ? La dernière poussée, vous l’aurez compris, a été avant tout provoquée par les bruits de bottes en Syrie qui semblent s’éloigner. Résultat logique : l’or consolide.

La question qui maintenant va se poser est celle de l’ampleur de cette consolidation. Tant que les velléités guerrières occidentales se maintiennent, alors cela restera positif pour l’or et continuera d’ailleurs à tendre les prix du baril de pétrole, très élevés actuellement mais qui s’éloignent des 115 dollars le baril.

Je pense que l’or devrait donc rebaisser dans les jours à venir ce qui est une excellente nouvelle car encore une fois, l’actualité à venir dans les prochains mois est particulièrement chargée.

Problèmes dans les pays émergents, glissade du Japon, endettement massif en Europe et la Grèce toujours en faillite, le risque bancaire toujours présent, les élections en Allemagne pour le 22 septembre, le remplacement de Ben Bernanke qui a démissionné et laisse peser de grandes incertitudes, rumeurs sur la noyade en cours de la JP Morgan, l’une des plus grosses banques au monde… et la plus active sur les marchés de l’or, sans oublier non plus l’arrêt des quantitative easing, etc. Non c’est une liste à la Prévert qui nous attend.

Nous cachons tout sous le tapis depuis cinq ans. La poussière finira bien par nous éclabousser. Nous aurons l’occasion de reparler de tout ça dès demain, puisque… les vacances sont finies ! Alors excellente rentrée à chacun de vous, je sens que nous allons tous avoir du pain sur la planche !

À demain… si vous le voulez-bien !!!


Charles SANNAT

Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Contrarien Matin est un quotidien de décryptage sans concession de l’actualité économique édité par la société AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT, directeur des études économiques. Merci de visiter notre site. Vous pouvez vous abonner gratuitement www.lecontrarien.com.
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