Comme en 2006 / début 2007, l'heure du grand retournement de cycle approche, je vais vous proposer pour l'occasion une série d'articles sur la prochaine crise et ses caractéristiques.
Avant cela, voici un premier article très général pour mieux cerner les acteurs de cette crise à venir et la façon que j'ai de les appréhender.
Je commencerais cet article en vous disant que je ne serai JAMAIS adepte ou même sympathisant éloigné des théories du complot sur les « sionistes », les « francs-maçons », les « illuminati », les « banquiers juifs » ou autres boucs émissaires visés par des personnes qui ont besoin d’inventer un coupable pour avoir la sensation de se croire plus « éveillées » que le commun des mortels ou simplement trouver un exutoire à leur frustration.
Les juifs ont apporté énormément à l’humanité, avec par exemple plus de 20% des prix Nobel (notamment dans les disciplines scientifiques). Je n’ai donc qu’une chose à leur dire : « Merci et continuez ! ».
Ceci étant posé, il y a évidemment chez les juifs comme chez n'importe qui d'autre des personnes brillantes, et d'autres qui brassent du vent conformiste comme Jacques Attali par exemple.
Sur le fond, ceux qui croient dans ces théories du complot voient simplement le monde du 21ème siècle avec une grille d’analyse qui date du 19ème siècle (affaire Dreyfus et autres). Ils ont juste 200 ans de retard.
Un complot suppose une organisation secrète qui vise à renverser une instance de pouvoir pour la remplacer (en général via un coup de force). Aujourd’hui c’est exactement la situation contraire à laquelle nous assistons : Des dirigeants aveuglés par deux facteurs que je vais détailler ci-dessous, et qui s’accrochent par tous les moyens au statu quo, à leur bulle de confort et à leur pouvoir, en méprisant effectivement la démocratie si il le faut (et sur ce point je reconnais que les partisans des théories du complot ont en bonne partie raison).
Les deux facteurs qui guident les dirigeants actuels sont donc :
1) Une psychologie des foules à un niveau d’optimisme extrême (beaucoup moins dans les classes populaires, mais très présent dans les CSP+ de grandes villes d’où les dirigeants sont issus). Depuis 1945, nous en sommes à plus de 70 ans de prospérité et de paix dans le monde occidental, et cela provoque forcément un sentiment « d’invulnérabilité » : Ce sentiment conduit à penser qu’on peut vivre à crédit sans limites, gonfler l’endettement public et enchaîner les relances keynésiennes ou la planche à billets des banques centrales également sans limites et même croire que cela va enrichir son pays sans aucun risque en contrepartie.
2) Le traumatisme de la seconde guerre mondiale, qui a généré en réaction au sein ces élites une idéologie mondialiste (appelée pompeusement « humanisme universaliste »), à savoir la conviction qu’il faut arriver le plus vite possible à un gouvernement mondial (en passant par l’étape « Europe Fédérale » avant cela), en accélérant le brassage et l’homogénéisation des populations autant que possible, pour que tout le monde veuille gentiment « vivre ensemble » sans conflits sous la direction de ce futur « super-gouvernement ».
Là aussi, cela relève d’une vision de la nature humaine et des relations entre civilisations extraordinairement optimiste et complètement naïve, mais ce sont simplement les caractéristiques des grands pics d’optimisme de psychologie des foules.
Un dirigeant (haut fonctionnaire, banquier central, élu…) ne « complote » pas sur des horizons de temps de 50 ou 100 ans. Avec les outils que je développe dans le « grand accélérateur » ou « le bouclier », je pense arriver plus ou moins à pouvoir anticiper un retournement de cycle quelques trimestres ou quelques mois à l’avance. C’est déjà pas mal et bien utile pour un investisseur et un épargnant, mais je connais mes limites, et suis évidemment complètement incapable de vous dire ce que sera la tendance économique ou boursière dans 10 à 15 ans.
Aucun homme au monde, ou groupe, ou « illuminati » ou « extraterrestre » ou comploteur / déité diverse que vous pourrez inventer ou imaginer, si intelligent soit-il, n’a les capacités de prévoir le comportement d’un système chaotique comme l’économie mondiale sur une durée aussi longue, de même qu’aucun supercalculateur ne pourra jamais prévoir la météo de façon précise à 50 jours. Il est donc totalement impossible de « comploter » ou de « maîtriser » quelque chose qu’on ne peut même pas prévoir.
Les socialistes qui rêvent de « contrôler » et de « maîtriser » le système ont tous échoué pour cela. Si le libéralisme réussit nettement mieux, c’est d’abord parce qu’il a intégré cette imprévisibilité et se contente de laisser au maximum le système s’auto-organiser et évoluer librement.
Les élites veulent en fait juste se maintenir en place le plus longtemps possible dans leur bulle de confort, et accessoirement faire avancer leur cause « mondialiste » qui constitue leur « religion ». Leur horizon de temps dépasse rarement 5 à 10 ans, le temps d’un ou deux mandats électoraux.
Pour autant, si je dénonce les théories du complot, vu mon positionnement économiquement libéral et politiquement souverainiste, ne croyez pas pour autant que j'aie une opinion plus positive sur les dirigeants actuels et leur idéologie socialiste - universaliste.
Voici quelques citations de Jean-Claude Juncker, un parfait représentant de l’élite européenne qui nous dirige, qui illustre bien l’arrogance et les objectifs de ces élites.
« Les frontières sont la pire invention des politiciens »
« Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens »
« Bien entendu, il y aura des transferts de souveraineté. Mais serais-je intelligent d'attirer l'attention du public sur ce fait ? »
Et Gunther Oettinger (commissaire européen au Budget) : « Les marchés vont apprendre aux Italiens à bien voter. »
Il n’y aucun complot caché là dedans, les intentions des élites sont affichées clairement et ouvertement, les principaux médias relayant largement leur vision du monde. Et quand malgré tout les peuples ne font pas les « bons choix », ils s’assoient purement et simplement sur leur vote :
L’union Europénne et les dirigeants français se sont assis sur le « Non » des français au référendum sur l’Europe de 2005, et aujourd’hui Theresa May fait tout ce qu’elle peut pour tenter d’étouffer le Brexit. En espérant peut-être qu’un futur gouvernement annulera purement et simplement le vote des britanniques.
Tout cela ne forme évidemment pas un « complot ». Juste des manipulations grossières qui fonctionnent encore parce qu’une part encore importante de l’opinion croit dans la construction européenne et dans l’Europe Fédérale (nous sommes, rappellez vous, à la fin d’un long cycle de croissance, donc dans un état d’optimisme maximal, et il faut une dose d’optimisme et d’inconscience énorme pour croire qu’une utopie comme l’euro pourra exister durablement) !
A la prochaine crise, le sentiment de foule basculera vers beaucoup plus de pessimisme, et les votes « incorrects » de type britannique ou italien deviendront alors tellement majoritaires que l’élite actuelle finira par être balayée (et son projet d’Europe fédérale avec), ou changera son fusil d’épaule pour se maintenir en place.
Au cours de la crise de 2008-2009, puis de celle de 2012 en zone euro, les banques centrales et les institutions européennes ont en grande partie pris le relais des dirigeants élus. Lors de la prochaine crise qui finira par marquer l’échec de leur action, ce sont elles qui seront perçues par l’opinion comme « responsables » et seront rejetées.
Mon modèle explicatif sur la crise et l’époque actuelle en général n’est donc certainement pas les théories du complot, mais tout simplement celui bien plus simple et naturel de la psychologie des foules !
Je finirai ce billet par les conséquences pour la gestion de notre patrimoine, c’est quand même ce qui nous intéresse le plus.
Beaucoup de partisans des théories du complot sont dans un mode de fonctionnement religieux / sectaire : Il est impossible de réfuter une théorie du complot, comme il est impossible de réfuter un discours de secte, tout argument que vous présenterez contre ces théorie faisant de toutes façons « partie du « complot ».
Du coup beaucoup d’entre eux vont souvent finir par confondre leurs choix d’investissement ou même leurs choix de vie avec des combats contre des comploteurs imaginaires. J’ai vu beaucoup d’entre eux se faire massacrer par les marchés dans les années 2000 parce qu’ils achetaient par exemple des mines d’or ultra-spéculatives qui ont coulé par la suite en croyant lutter ainsi contre je ne sais quel « cartel manipulateur ».
Donc quelles que soient vos convictions, pro U.E, anti U.E, mondialistes ou souverainistes…oubliez les quand vous investissez ou vous tradez !
Je suis climato-sceptique par exemple (l’expérience des climats chauds passés comme l’Eemien à -125 000 ans montrant notamment une large réduction des surfaces désertiques, donc des conséquences qui seraient loin d’être mauvaises pour nous si jamais le climat devait se réchauffer).
Cela ne m’a pas empêché de faire une belle opération sur une ligne d’actions « Environnement SA » qui vend des équipements de mesure de paramètres de qualité environnementale, et profitera donc largement des politiques de lutte contre les supposées « conséquences néfastes » du réchauffement climatique. Et reviendrai sans doute sur cette valeur le moment venu.
Je suis également complètement opposé aux politiques de relances keynésiennes et de fuite en avant dans la dette actuelles, mais ne me gêne pas pour surfer sur les bulles d’actifs provoquées par celles-ci (tout comme je ne me gênerai pas pour parier sur leur échec lorsque celui-ci arrivera ce qui ne saurait tarder !).
Quand vous investissez, il n’y a qu’une grande cause que vous avez le droit et le devoir de défendre : Celle du montant de votre patrimoine !
Les autres causes, vous pourrez toujours les défendre ensuite bien plus efficacement avec une partie de l’argent que vous aurez gagné si vous le souhaitez...