la BCE vient donc d'annoncer son programme de quantitative easing, prévu s'élever à 60 milliards d'euros mensuels jusqu'en septembre 2016 au moins.
Pour le situer et le comparer à ceux d'autres pays, il est de même intensité que le précédent programme américain, en atteignant un rythme d'expansion du bilan de la banque centrale à environ 7% du PIB de la zone euro.
Celui du Japon est nettement plus intense encore, avec un niveau prévu atteindre 15% du PIB japonais, et des rachats d'actifs plus larges allant jusqu'aux actions.
La première raison d'être d'un programme de Q.E, celle que tous ses promoteurs nieront dans un bel ensemble c'est cela :
Vous l'avez compris, le Q.E permet avant tout aux dirigeants des états concernés de dépenser toujours plus d'argent public, de laisser filer encore plus les déficits et la dette publique, tout en profitant du parapluie de la banque centrale qui rachète les dettes émises et pousse les taux vers 0, évitant ainsi aux gouvernements toute sanction du marché (jusqu'au jour où la confiance dans les banques centrales disparaîtra et où ce schéma s'effondrera).
Le second effet d'un programme de Q.E est de créer des bulles d'actifs, avec par exemple un doublement de l'indice nikkei en deux ans. Il n'est pas interdit d'en profiter (au contraire !), je viens par exemple d'acheter une ligne d'actions d'une honding financière très décotée sur la place de Paris, ayant ses principaux actifs en Suisse (ce qui permet à la fois de bénéficier du Q.E et de la réévaluation du franc suisse). Mais gardez à l'esprit que toutes les bulles finissent par éclater, et que votre sort dépendra à la fois du bon vouloir des banques centrales et de la durée pendant laquelle celles-ci conserveront la confiance des marchés.
Pour les autres effets, ceux que les partisans du Q.E mettent en avant, il y aurait :
- Une hausse de l'inflation.
La réalité est que les banques centrales n'arrivent pas à la relancer malgré leurs efforts. L'inflation japonaise est déjà en train de retomber rapidement aujourd'hui, avec des prévisions d'inflation inférieures à 1% sur 2015, malgré une dévaluation du yen considérable (118 yens pour 1$ aujourd'hui contre 75-80 avant les vagues de QE japonais). Et aux USA l'inflation est actuellement tombée à 0,8% malgré le récent Q.E qui a eu lieu.
- Des créations d'emplois.
Voilà un autre mythe. Aux USA, pays où le Q.E est censé avoir le mieux réussi, l'emploi réel ne redécolle pas, il y a moins de chômage simplement parce que de plus en plus d'actifs se retirent du marché du travail.
Taux de participation (emploi US, source BLS)
- Une relance de la consommation via la baisse des taux et la relance du crédit.
Aux USA, cela a fonctionné en partie, pour deux raisons :
- Les taux à 10 ans étaient encore à 3,6% début 2011 et 3% fin 2013, il y avait donc une certaine marge de manoeuvre à la baisse.
- Les modes de consommation de ce pays (recours massif au crédit à la consommation et au crédit hypothécaire) rendent la dépense des ménages très sensible aux taux d'intérêt.
En Europe la situation est radicalement différente :
- Les taux sont déjà au plancher, avec par exemple seulement 0,6% sur le taux à 10 ans français et n'ont pratiquement plus de marge vers le bas.
- Les habitudes de consommation sont beaucoup moins dépendantes du crédit. Certains auteurs (Michael Pettis ou Mike Shedlock par exemple) attendent même un effet inversé du fait que c'est l'épargne qui domine sur le crédit en Europe, et qu'une baisse des taux réduira les revenus des épargnants et leur capacité à consommer (voir cet article).
Le QE européen devrait donc avoir beaucoup moins d'effets sur la croissance que son prédécesseur américain.
Que restera-t-il aux "élites" (si on peut les appeler ainsi !) qui nous gouvernent une fois que les Q.E n'auront plus d'effet ?
(le Japon semble tout près d'avoir atteint cette limite)
Je vois deux options :
- Ou elle finissent par jeter l'éponge, comme la BNS en Suisse et accepter qu'une crise remette les compteurs de la dette à zéro. On pourra alors repartir du bon pied après une période difficile.
- Ou on pousse la logique keynésienne / étatiste à l'oeuvre dans les programmes actuels jusqu'au bout pour forcer les ménages à consommer coûte que coûte, et il faudra aller toujours plus loin dans le dopage de la consommation.
Cela passera par :
- Des politiques de confiscation de l'épargne (taux d'intérêt négatifs, pénalités sur les dépôts des épargnants) pour que tout le monde soit obligé de consommer.
- Une distribution directe d'argent public aux ménages via la monnaie imprimée, avec des entreprises qui deviendront alors entièrement dépendantes des programmes des états.
- Une appropriation partielle puis de plus en plus massive par l'état des biens des ménages (il faut bien que celui-ci récupère quelque part les dettes qu'il émet).
Toutes ces idées ont déjà été émises plus ou moins discrètement par les représentants de l'"élite" soucieuse uniquement de notre bonheur bien entendu. Ici, ou ici par exemple.
Des entreprises qui deviennent entièrement dépendantes des états, des états qui confisquent le patrimoine des ménages...cela ne vous rappelle rien au fait ? Cela a déjà été essayé dans le passé, cela s'appelle le communisme.
Espérons quand même que le chemin de la France et des autres états occidentaux sur la route de la servitude étatiste s'arrête avant cela. Nous en sommes déjà à 57% du PIB en dépenses publiques. Plus de la moitié du chemin qui conduit au communisme "parfait" a déjà été accompli en France.