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Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

Charles-Sannat

« Discuter oui, annuler non ! Continuons à peigner la girafe !... »

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Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !

Je dois vous avouer que j’ai encore une fois bien rigolé. Bon, non en fait, j’étais là à me creuser la tête et à embêter ma femme pour savoir de quoi j’allais vous parler aujourd’hui… Bon, encore de la crise grecque… Mouais, bof… pas génial comme idée… De Bill Gates… Pfff, il me fatigue Bill Gates avec sa tête de premier bienfaiteur de l’humanité à la générosité variable et bien organisée…

Bref, impossible de choisir un sujet jusqu’à ce que je tombe sur l’excellente blague du jour de Michel Sapin qui rencontrait dimanche le ministre de l’Économie grec en déplacement à Paris. « Discuter oui, annuler non » ! Alors ça c’est de la motion de synthèse digne d’un congrès du PS !!

Ne pas fâcher Athènes et ne pas se disputer avec Berlin…

Voilà la grande ligne diplomatique et politique de notre pays, la grande vision de nos mamamouchis franchouillards pour l’avenir de l’Europe ! Lol de lol de re-lol comme disent les jeunes qui se « lol » de tout (ça veut dire beaucoup de rigolade ou un truc comme ça). En tant que bons socialos incapables de recevoir Syriza il y a deux ans, il ne faudrait pas passer pour des crétins en étant vilains avec ces pauvres Grecs… Bon, d’un autre coté, on ne va pas se mettre mal avec la grosse Bertha d’outre-Rhin, parce que les sous… c’est elle qui les a. En plus, de vous à moi, on fait les fanfarons mais on sait tous qu’à la maison, le patron… c’est la dame… (demandez à ma femme).

Alors voici les propos exacts et néanmoins parfaitement hilarants de notre ministre des Finances Michel Sapin à Paris, le 28 janvier :

« On peut discuter, on peut reporter, on peut alléger mais on n’annule pas… »

Haaaa…. Haaaa hahahahahhahha !! Alors discuter ça n’a jamais fait bouillir une marmite, fut-elle grecque !

Reporter une dette dont la maturité moyenne est déjà assez lointaine, vu que la Grèce est bien incapable de rembourser sa dette aujourd’hui ou même demain, n’est pas du tout une solution économiquement pertinente.

Pourquoi ? Parce que plus la maturité, c’est-à-dire l’horizon de remboursement, est lointain plus le coût du crédit est élevé… Encore plus grave : si j’emprunte à 20 ans… mon taux sera disons de 3 % alors qu’en empruntant à 30 ans, mon taux sera de 5 % !! Double effet coût donc, non seulement je rembourse des intérêts pendant plus longtemps mais en plus à un taux supérieur…

Enfin, selon Sapin, on pourrait « alléger » mais pas annuler… Bon, d’accord, c’est peut-être de la sémantique dans l’esprit de notre ministre mais alléger c’est tout de même une forme d’annulation, fut-elle partielle, parce que si alléger c’est passer la dette grecque de 50 ans à 70 ans cela n’allégera rien du tout et certainement pas le coût final du crédit…

Quant à Varoufakis, le vilain ministre marxiste de l’Économie grec, sa vision est la suivante : « Le programme d’austérité mené en Grèce est très mauvais pour toute l’Europe. N’oublions pas que tout ceci n’est pas qu’une crise grecque. Nous avons l’Italie dont la dette n’est pas viable, la France qui sent le souffle de la déflation sur sa nuque, même l’Allemagne est entrée en déflation, dans une phase de baisse des prix. »

Vous pouvez retourner le problème dans tous les sens, la Grèce ne PEUT PAS rembourser sa dette

On pourrait même d’ailleurs ajouter que la France, l’Italie, l’Espagne non plus… On ne remboursera jamais notre dette. Le problème est assez simple en fait : si l’on dit que la Grèce ne peut pas rembourser, alors par extension c’est un certain nombre de pays qui seront sur la sellette car susceptibles d’être en faillite… Et cela personne ne veut le reconnaître.

Nous sommes donc engagés dans une course assez stupide où personne ne veut être celui qui devra annoncer que la partie d’endettement généralisé à l’œuvre depuis plus de 40 ans est désormais terminée, que tout le monde est ruiné et que le système économique est mort… Mais reculer le moment de l’annonce du décès ne change rien au fait que le système est déjà mort…

En attendant, et pour occuper la galerie encore quelques instants de plus, il est donc indispensable de peigner la girafe le plus longtemps possible… On va donc discuter le plus longtemps possible avec la Grèce car tant que l’on discute, on n’est pas obligé de reconnaître que l’on ne sera jamais d’accord !!

Il est déjà trop tard, préparez-vous.

Charles SANNAT
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