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Jean Christophe Bataille

Jean Christophe Bataille

Je suis le chroniqueur économique et financier : http://futures-trading.fr/

Mes faits d'armes : avoir conseillé d'investir largement sur le marché boursier en mars 2009 alors que le CAC 40 était à 2500 et avoir prévu le délitement actuel des monnaies.

J'anticipe une sortie de la crise actuelle par la stagflation."

Les prévisions de Futures sur les actions, les obligations, le pétrole, l’or et les devises pour 2015

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ACTIONS

Si vous connaissez Futures depuis longtemps, vous savez que je n’ai conseillé l’achat massif d’actions que lorsqu’il n’y avait plus assez de vendeurs pour faire encore baisser les cours. Je l’ai fait en 2009 sur le blog de la déflation et en 2011 sur l’ancien blog de Futures. A chaque fois, le CAC était sous 3000 points.

J’ai appris avec le temps que ces moments de panique après un long marché baissier étaient les plus propices à l’achat d’actions. Un vieil investisseur allemand du nom de Kostolany (photo jointe), qui avait connu le krach de 1929, décrivait dans les années 80, la théorie des flux acheteurs-vendeurs. Il affirmait que lorsque les cours montaient dans de forts volumes, le papier passait des mains fortes aux mains faibles et qu’inversement les uniques investisseurs qui achetaient des actions lorsque les cours avaient sombré étaient des mains fortes. Pour ces dernières, seule la valeur intrinsèque des entreprises avait de l’importance. Warren Buffet, comme tous les investisseurs « value », est typiquement une main forte. Les particuliers qui investissent en bourse en suivant les fins de tendances par esprit grégaire ou même les traders court terme qui sortent ou rentrent sur un sous-jacent à tout bout de champ sont des mains faibles. Je suis certain que Kostolany avait raison et que depuis que les marchés existent, il y a des mains faibles et des mains fortes.

C’est pourquoi, pour analyser les marchés actions, mon premier réflexe, au delà des fondamentaux économiques, est de me demander qui détient le papier.

Les fonds d’investissements ? Les particuliers en direct ? Les traders sur equities ? Les banques centrales après les rachats dans le cadre de politiques non conventionnelles ?

Les particuliers n’ont pas actuellement une appétence forte pour le risque et ne sont pas très chargés, sauf aux USA. Les fonds d’investissements sont en général des mains fortes mais ils dépendent le plus souvent des achats et des retraits de leurs clients. Les banques centrales maitrisent leur jeu. Les traders ont été ces dernières années plutôt longs sur les actions. Il n’y a ni panique ni euphorie particulière … Il se développe au contraire une méfiance vis à vis des actions qui me parait plutôt saine.

La neutralité assortie d’une certaine méfiance vis à vis du compartiment actions me semble donc être la bonne attitude patrimoniale.

Sur le plan fondamental, l’introduction de méthodes non conventionnelles et l’inflation monétaire massive mise en place par les américains a permis de faire baisser les taux à un niveau très bas sur l’ensemble de la courbe et a évité une déflation majeure aux Etats-Unis. L’économie américaine a pu repartir avec des niveaux de croissance inespérés jusqu’à présent. Le retard pris par les européens et les japonais dans la normalisation de la masse monétaire est, selon moi, coupable. Les prédécesseurs d’Abe n’ont jamais mis en œuvre les moyens nécessaires pour lutter contre la déflation initiée dans les années 80 et les européens tardent à agir à cause du frein des pays du nord. Le risque que nous courons est une japanisation de l’Europe. La prise de conscience est longue …

Pour bien comprendre la situation actuelle, quelques mots suffisent :

Dans un monde surendetté et en défaut sur une partie de la dette, les pressions déflationnistes sont la règle. Or lorsque l’inflation baisse ou devient négative, les encours d’endettement augmentent en monnaie constante et sont de plus en plus difficiles à rembourser. Cela freine mécaniquement la croissance.


Je crois donc que tant que l’inflation ne sera pas plus forte dans les pays développés, la croissance mondiale restera atone. On observe actuellement aux États-Unis une stagnation des revenus réels et un ratio des prêts à la consommation sur revenus disponibles à son plus haut historique. Les entreprises, quant à elles, seront obligées de limiter leurs investissements du fait de la fonte de leurs marges secondaires à l’appréciation du dollar contre les autres monnaies.

En tant qu’investisseur, je ne suis donc pas acheteur sur les marchés actions, mais je crois qu’on peut conserver une allocation d’actions aux USA du fait de la force du dollar, avec une préférence pour le stock picking sur des petites capitalisations moins sensibles à la montée des taux. On peut également garder une proportion d’actions européennes car les assouplissements monétaires de la BCE devraient soutenir les cours de l’EUSTX 50. On peut enfin détenir un pourcentage spéculatif d’actions chinoises du compartiment A en Yuan pour le long terme. Dans les faits, le patrimoine type de Futures, après de nombreuses prises de bénéfices, ne comporte aujourd’hui que 13 % de véhicules actions et cette proportion plutôt basse ne devrait pas être modifiée en ce début d’année. L’immobilier de qualité reste le contingent principal du patrimoine.


OBLIGATIONS

Les taux obligataires peuvent difficilement aller plus bas, que ce soit en Europe ou aux États-Unis. A ce stade des cycles économiques et dans les suites de l’expansion monétaire, ils devraient rester sous contrôle. Toute hausse rapide de la rémunération de l’argent créerait un danger de krach obligataire. Cette montée brutale des taux est l’épée de Damoclès du marché depuis de nombreuses années et fait courir un vrai risque aux porteurs de supports en euros dans le cadre des contrats d’assurance vie en France. Les taux devraient toutefois remonter très lentement aux USA en 2015 et rester stable en Europe du fait de la monétisation.

Je ne crois donc pas que 2015 verra un krach obligataire. Les taux devraient rester bas encore longtemps. Je reste toutefois négatif sur les compartiments obligataires souverains du monde occidental, aujourd’hui peu rentables .

DEVISES

Les Etats-Unis ont affiché des chiffres flatteurs : GDP à 5 %, chômage en forte baisse. Mais les données de l’inflation US sont moins encourageantes car, nous l’avons vu, les américains importent de la désinflation du fait d’une stagnation des prix à la consommation en Europe et d’un dollar qui se renforce de façon très rapide dans toutes les parités. La baisse du pétrole devrait favoriser la croissance aux USA mais limiter les créations des emplois qui sont pour une bonne partie liées à l’avènement des shales énergies à coûts d’exploitation élevés. Or, celles ci risquent de vivre une période difficile en 2015. Les risques géopolitiques, les intransigeances et l’abondance actuelle de l’offre empêcheront une hausse significative des prix du pétrole.

Après une poursuite de la hausse du dollar en début d’année, la montée des taux aux USA pourrait être beaucoup plus lente que ne le prévoit le marché, et nous pourrions observer une consolidation du Dollar Index au printemps.

La Banque Centrale Européenne va agir avec retard mais elle sera obligée d’élargir de façon plus importante son bilan car les forces déflationnistes resteront majeures et la baisse des prix de l’énergie ne fera qu’amplifier le phénomène.

La baisse de la paire EUR USD pourrait alors repartir de plus belle et le dollar devrait reprendre son cours haussier en anticipation d’un nouveau desserrement monétaire européen et de la poursuite avec retard de la hausse des taux américains.

Il faudra donc observer un timing particulièrement précis sur les paires en dollar pour en profiter pleinement en trading.

PÉTROLE


Le pétrole devrait rester sous 80 dollars au premier semestre 2015 et l’évolution des prix du Crude pourrait devenir capricieuse pendant de longs mois.

L’importance des encours en produits dérivés baissiers devrait occasionner un mouvement brutal sur les marchés lorsque le pétrole remontera. L’échéance de cette remontée est imprévisible car essentiellement liée à des décisions politiques aux USA, en Russie et au sein de l’OPEP.

MÉTAUX PRÉCIEUX.


Je ne peux pas terminer cet article sans parler des métaux précieux. Les cours de l’or en dollars sont naturellement inversement corrélés au Dollar Index.

L’or ne ne devrait pas briller en 2015 et les prix devraient stagner. Les facteurs haussiers et baissiers ont été détaillés dans un article précédent : http://futures-trading.fr/prix-de-lor-etat-des-lieux/

Le métal jaune sous forme de pièces ou de lingots reste une assurance.

Détenir de l’or physique est indispensable à tout patrimoine.  Une allocation de 5% me parait être un minimum.

Bonne semaine !
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