L'or a cassé un support clé (situé à 1525 $ l'once), qui résistait depuis maintenant deux ans, cassure qui s'est faite de façon très convaincante vendredi avec un gros écart à la baisse dans de forts volumes.
Le message des marchés me semble assez clair : les évènements survenus à Chypre n'ont constitué aucun soutien au cours de l'once, qui se dirige dans les trimestres à venir graphiquement vers des supports situés à 1280$ l'once, voire même 1000$ si la correction devait se prolonger.
Cela ne remet bien entendu pas en cause la tendance haussière de très long terme du métal précieux, initiée en 2002, et le rôle d'assurance qu'il représente dans un patrimoine.

Cette baisse du cours de l'or avait été anticipé depuis longtemps par l'indice HUI des mines d'or : On notera que le cours de cet indice a été divisé par deux depuis 2011, et se retrouve maintenant à ses niveaux de 2006. Je continue à rester très méfiant sur le secteur des mines d'or en général. Toutefois, et pour la première fois depuis bien longtemps maintenant, certaines valorisations commencent à devenir raisonnables (PER inférieurs à 10, rendements sur dividende dépassant 3 ou 4%) : Si la correction sur l'once se poursuit en direction des 1250-1300$ comme je l'attends, nous aurons alors peut être enfin une véritable opportunité d'achat sur le secteur minier, c'est à dire la possibilité d'acheter des titres sous-valorisés, avec des rendements sur dividendes supérieurs à 6% et des PER dans la zone des 5-7 : Je vais donc commencer à surveiller de plus près ce secteur dans les mois à venir, chose que je n'avais plus fait depuis 2006 ou 2007 maintenant !

L'indice CRB des matières premières a aussi confirmé la cassure de son support à 292 points :

Là aussi la tendance est baissière pour les trimestres à venir, même si certains composants clés de l'indice (pétrole et cuivre par exemple) n'ont pas encore cassé leurs supports de long terme.
Ce qui s'est passé vendredi est aussi pour moi particulièrement important au niveau de la tendance à venir des grands indices boursiers : Le retournement de tendance survenu sur l'euro, les matières premières et l'or signale un début de course au cash. Les indices, en particulier américains, ont jusqu'ici été épargnés par ce mouvement. Au vu de la forte corrélation entre les classes d'actifs (euro / matières premières / or / actions) observée ces dernières années, depuis 2006-2007, je ne pense pas qu'ils pourront faire longtemps cavalier seul.
Le consensus bullish de Barron's (graphique : sentimentrader) est au plus haut, signalant un large excès d'optimisme des opérateurs sur les échéances de moyen terme (1 à 6 mois). La probabilité que les indices actions suivent les matières premières à la baisse est donc particulièrement élevée.

Nous voyons aussi à travers ces mouvements que les pressions déflationnistes sont toujours présentes dans le système, malgré les liquidités déversées par la FED (et dans une moindre mesure par les institutions européennes). Vouloir compter trop fortement sur les matières premières serait pour moi une erreur dans ce contexte, au moins sur le moyen terme (1-3 ans) : Une stratégie combinant des small caps décotées (qui ont un intérêt en tant que valeurs tangibles largement aussi bon que les matières premières), des positions baissières de protection dimensionnées en fonction de la position des indicateurs de sentiment, une part en devises solides (dollar singapourien), du dollar US sur le moyen terme (il profite mécaniquement des situations de course au cash) et un peu d'or physique à titre d'assurance (qu'on pourra renforcer si le métal atteint son premier support à 1300 comme je l'attends) me semble plus équilibrée, dans un contexte où la déflation est loin d'avoir dit son dernier mot.