Qu'importe que les indices européens soient en bear market consommé depuis août 2015, que le Nikkei s'effondre à chaque poussée jugée excessive sur le Yen: les indices US font la course en tête.
A vrai dire, il est bien difficile de comprendre ce qui motive les achats, tant les gérants et les investisseurs se montrent officiellement prudents. Les robots représenteraient 70% de l'ensemble des transactions, ces robots dits suiveurs, se montrent pourtant peu prolixes dans la baisse. De petites attaques, rarement suivies d'effet. Et après chaque consolidation, la hausse ; au pire, une poursuite de la stagnation.
Pourtant, les PER sont bien au-dessus des niveaux de 2007, les résultats meilleurs que prévus sont tout de même en retrait depuis 5 trimestres consécutifs. La Fed a cessé d'imprimer depuis plusieurs trimestres et, si la liquidité banque centrale globale augmente, il ne faut pas perdre de vue l'évolution du marché obligataire qui s'accapare une bonne partie.
Que se passe-t-il ? Très honnêtement je n'en sais rien. C'était d'ailleurs un peu la même histoire en 2007, souvenez-vous. Après l'été meurtrier pour les banques, le Dow Jones nous sortait un plus haut alors que le Cac se cramponnait à la falaise, les pieds dans le vide.
On peut donner quelques éléments d'explication
- économie: la consommation US se porte bien, dopée par le crédit, et permet de compenser la faiblesse patente de la production industrielle
- Brexit: le marché s'est fait peur pour rien, et puis l'Angleterre c'est avant tout le toutou des USA, pas un partenaire si important
- emploi: le SP500 adore un taux de chômage en baisse ; il s'agit de l'un des liens les plus solides de covariance
- financier: j'entendais le 30 septembre 2001 un gérant expliquer à la radio qu'il était acheteur, puisque dès que le PER passait sous 1/taux d'interet, les actions étaient survendues et à un cours d'achat. Etant donné que les taux sont proches de zéro, il n'y a aucune limite à la hausse pour les actions
- monétaire: il existe une corrélation positive entre évolution du dollar et indices US (0,35), la stagnation actuelle des indices US correspond à celle du dollar. Notons que ce n'est pas le seul critère explicatif car en phase de QE, la hiérarchie des priorités du marché a sans conteste évolué
- pétrole: avec le rebond du WTI qui a fait quasiment fois deux depuis février (malgré une rechute de 25%), le spectre d'une faillite généralisée des producteurs de shale oil s'est éloigné. Et, la baisse de la liquidité en provenance des émergents s'est estompée
- liquidité: la BOE, encore aujourd'hui, a montré que les banques centrales faussaient le jeu sans aucun état d'âme et se tenaient prêtes à engloutir le marché de ses largesses
- ... je vous laisse compléter à loisir, il ne s'agit ici que de justifications a posteriori
Bref, tout cela, on le sait déjà. Mais en 2007, toutes les informations étaient déjà connues également. Les avaler est une chose, les digérer en est une autre.
Le cygne noir de Nassim Taleb, c'est l'inattendu, c'est le Brexit, c'est le choc positif du QE de la Fed en 2009. Ce qu'on joue avec des crash puts et pour lesquels il n'y a pas de marché de hedge liquide en face.
Alors que fait-on ? On achète ou on joue le cygne noir comme on se tente un Loto ?
Non, on vend les résistances et en fonction de son profil de risque, on met un stop plus ou moins éloigné, en attendant de voir si le poison de la récession commence à faire effet.
