J'ai lu il y a quelques jours un article de Richard Duncan très instructif sur l'état de déliquescence et de délire collectif dans lequel se trouve la psychologie des foules aujourd'hui.
La thèse de Richard Duncan est simple : Nous serions dans une ère nouvelle appelée « créditisme » où le nouveau moteur de la croissance viendrait de la consommation à crédit. Pour que ce miracle dure, il suffirait que l'état emprunte et déverse encore plus de centaines ou de milliers de milliards dans l'économie, en se lançant cette fois dans toutes sortes d'industries et de domaines technologiques.
Cet hymne au crétinisme créditisme, dont l'auteur semble pourtant disposer de capacités intellectuelles à peu près correctes (il a travaillé à la Banque Mondiale et a été responsable de la stratégie d'investissement chez ABN Amro) aurait été en temps normal considéré au mieux comme un mauvais poisson d'avril.
Mais aujourd'hui, il a été repris en boucle sur de nombreux sites, sans que personne ne semble relever l'énormité du propos (en dehors du toujours excellent Mike Shedlock).
Le « créditisme » (un keynésianisme vaguement habillé de "pilotage monétaire" pour faire plus moderne) est même devenu aujourd'hui la doctrine phare de tous les dirigeants occidentaux, des banques centrales et d'une grande partie des « experts » en économie.
Il n'a pourtant jamais créé de richesses. Dans le meilleur des cas (les USA pour le moment, pas pour très longtemps), il parvient à entretenir pendant un petit moment, avant la faillite, une croissance-zombie, qui ne crée aucun emploi (ratio population employée / population active en chute libre depuis le début de la crise, voir le graphique ci-dessous) et n'enrichit pas les ménages (le revenu disponible par habitant ne progresse pas aux USA en monnaie constante, graphique de dshort.com ci-dessous).
Ratio population employée / population active aux USA :
Dans les autres cas (qui concernera aussi prochainement les USA si ils continuent sur leur lancée actuelle), il aboutit à la faillite du pays et à une dépression économique d'une ampleur exceptionnelle.
Nous avons déjà eu l'exemple Grec, mais je voudrais à présent vous parler de l'Espagne :
L'indice IBEX est aujourd'hui tout près de casser ses plus bas de 2009 (il faudrait encore 2,5% de baisse environ pour cela).
L'espagne serait alors la première grande économie à casser ses plus bas de 2009, ce qui ouvrirait la voie à beaucoup d'autres (l'Italie et la France par exemple).
Voici le premier résultat social du « créditisme » du gouvernement espagnol et des dispositifs de soutien de la BCE et de l'Union Européenne :
22,8% de chômage, et la hausse est loin d'être terminée si on en juge le développement de la récession en cours dans ce pays. Bien entendu, les problèmes de surendettement à l'origine de cette déconfiture espagnole se sont aggravés sensiblement grâce aux interventions européennes, ce qui laisse augurer de taux de chômage et de détresse sociale bien plus grands encore à l'avenir :
Le déficit espagnol a déjà atteint près de 2% du PIB sur les deux premiers mois de l’année 2012, et il devient de plus en plus évident que l’objectif fixé pour 2012 (5,3% du PIB) a très peu de chances d’être atteint.
Au déficit de l’état central vient s’ajouter le problème de celui des collectivités locales, et de la recapitalisation du système bancaire espagnol, dont les créances douteuses, actuellement au plus haut depuis 18 ans, dépassent 143 milliards de $.
Nous surveillerons donc de près l'IBEX dans les jours à venir, pour savoir jusqu'à quand le support de 2009 va tenir.
En attendant, sachons aussi, comme Charles Dereeper, apprécier à sa juste valeur la probable élection à venir d'un champion du "créditisme" en France dont l'idée phare est de "réenchanter le rêve français".
Il sera sans doute encore meilleur dans ce domaine que son prédécesseur, qui a pourtant réalisé une performance historique en faisant passer notre dette publique de 1210 milliards fin 2007 à 1750 milliards aujourd'hui (cela représente une augmentation de 33 000 euros par ménage standard formé d'un couple ayant deux enfants).
J'ai en tout cas pleinement confiance dans notre futur président (et en ses collègues européens) pour m'aider à réussir de nombreux trades baissiers sur le CAC dans les mois et années à venir !