Le ratio de distribution correspond à la part des bénéfices utilisée pour le paiement du dividende. Plus cette part est haute, plus les risques d’investir dans les dividendes sont élevés. A l’inverse, plus cette proportion est basse, plus le potentiel de croissance des distributions est grand. Une entreprise doit équilibrer le partage des bénéfices avec les actionnaires et la part de bénéfices qu’elle va réinvestir pour assurer son développement. Plus elle conserve et réinvestit, plus rapidement elle peut croître. Pour cette raison, les secteurs d’activité en plein boom connaissent généralement de faibles ratio de distribution alors que les secteurs matures sont beaucoup plus généreux. Généralement, il est considéré qu’un ratio de 2/3 est un compromis déjà généreux, et à ne pas dépasser. Il laisse en effet une marge de manœuvre aux entreprises, qui leur évite de revoir leur politique en matière de dividende en cas de baisse de leur bénéfice.
Comme le ratio de distribution équivaut à la part de bénéfices versés sous forme de dividendes, nous pouvons le définir selon la formule suivante :
ratio de distribution = dividende / bénéfice
En multipliant le numérateur et le dénominateur par le cours on obtient :
ratio de distribution = dividende / cours * cours / bénéfice
hors le dividende par le cours n’est rien d’autre que le rendement et le ratio cours / bénéfice est plus connu des investisseurs sous le doux nom de PER (price/earning ratio). On obtient donc :
ratio de distribution = rendement * PER
Là ça devient très intéressant car si peu de sites financiers vous renseignent sur le ratio de distribution, presque tous vous donnent le rendement et le PER. Ainsi, une entreprise qui vous offre un rendement de 4% avec un PER de 15, distribue 60% de ses bénéfices sous forme de dividendes. Les variations de cours ne vont rien y changer car le prix se retrouve au numérateur et au dénominateur. On sait déjà que plus le rendement est élevé, plus le ratio de distribution a des chances d’être haut, et donc plus il pourrait être difficile de faire progresser le dividende. Normal. Mais ce qu’on voit aussi ici, c’est que plus le PER est petit, plus le ratio de distribution pourrait être petit également, et plus il y aurait de la place pour procéder à des augmentations de dividende. L’idéal serait en théorie un haut rendement, avec un petit PER. Cependant, il convient d’être très prudent sur certaines valeurs en difficultés dont le cours s’est rapidement et fortement déprécié. Elles peuvent se négocier à un PER plus que modeste et afficher des rendements mirobolants, mais qu’elles n’arriveront certainement pas à tenir.
rendement = ratio de distribution / PER
Cela signifie que le rendement peut être très élevé non pas seulement parce que l’action est bon marché, mais aussi parce que l’entreprise dilapide son bénéfice pour payer son dividende. Typiquement, une entreprise qui verse le 100% de ses bénéfices à ses actionnaires et qui se négocie à un PER de 25, offrira un rendement de 4%. En se focalisant sur ce dernier on pourrait penser que c’est un bon placement, pourtant l’action est non seulement surévaluée du point de vue de ses bénéfices, mais de plus son dividende risque fort de stagner, voire d’être réduit et même coupé ces prochaines années. A l’inverse, derrière ce même rendement de 4%, peut se cacher une entreprise qui ne verse que 40% de son bénéfice à ses actionnaires et qui se négocie à un PER de 10. L’action est bon marché et le dividende a toutes les chances de progresser à l’avenir.
Voyons maintenant ce qu’il en est si on se concentre sur le PER :
PER = ratio de distribution / rendement
Comme on en a déjà pris conscience ci-dessus, on constate le lien inverse fort qui existe entre le PER et le rendement. Plus bas se situe le PER, plus haut se monte le rendement et inversement. Si l’on reprend la règle des 2/3 (66%) pour le ratio de distribution évoqué ci-dessus et qu’on prend un rendement de 3%, on obtient un PER de 22. On se rend donc compte qu’un ratio de de 2/3, même avec un rendement pourtant correct, peut être le signe d’une valorisation déjà importante du titre du point de vue des bénéfices.
En conclusion, le ratio de distribution est un indicateur qui complète, relie et compile les ratios plus classiques et connus que sont le rendement et le PER. Il nous oblige d’avoir une vision plus complète que la simple valorisation du point de vue du bénéfice ou du dividende. Tout investisseur en dividende devrait tenir compte de ce ratio, de manière au moins aussi attentive que le rendement, si ce n’est plus.