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Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

Charles-Sannat

« La blague du plan Juncker, l’homme qui valait 300 milliards d’euros… ou pas ! »

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Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !

Voilà, ça y est, enfin, mes chers, mes lecteurs ébaubis, vous pouvez souffler, vous relaxer, nous sommes sauvés. Oui mes bien chers frères et mes bien chères sœurs, Jean-Claude Juncker, cet homme qui a su rendre si riche son pays en détroussant les recettes fiscales d’autrui, vient enfin nous apporter la rédemption économique. Oui mes chers paroissiens, vous devez croire en Saint Juncker et en la déesse « Europa ». 300 milliards, vous rendez-vous compte ? Mais quelle annonce, quel bonheur, nous allons enfin nager dans la félicité et la joie économique pour les siècles des siècles. Amen.

Ouf ! J’ai fini le sermon d’usage, remisons donc tambours, trompettes et fanfreluches et disons maintenant la vérité, pas la propagande habituelle à l’attention du mougeon européen.

Souvenirs-souvenirs !

L’un de mes problèmes en général partagé par les contrariens, c’est que nous avons de la mémoire. Bon, ne me demandez pas de reconnaître Nabila sur une photo, je serais capable de la confondre avec ma boulangère, inculture qui déprime mes proches « peoplisés ». Mais côté politique et économie, comme j’adore ça, forcément je retiens.

Alors souvenons-nous.

FESF… pshiiiiit !

MES… Re-pshiiiiit !

Plan de relance européen de 2008 de 200 milliards… Re-re-pshiiiiit ! Source ici, un article du Mondequi commence par : « Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a proposé, mercredi 26 novembre, un plan de relance représentant 1,5 % du produit intérieur brut (PIB) des vingt-sept États membres. Le montant total de ce plan s’élève à 200 milliards d’euros, un chiffre supérieur aux estimations qui circulaient jusqu’alors. » Hahahahahahahahahahahahahahahahahaha ! Le texte qu’on nous sert aujourd’hui c’est le même ! Il y a juste le nom du mamamouchi qui change et le montant du chèque en bois bidon dont on ne verra jamais la couleur hihihihihihi, houhouhouhouhouhouh !! Mais attendez, ce n’est pas tout.

Plan de relance européen de 2010 de 130 milliards d’euros… Re-re-re-gros-pshiiiiiit… Je cite un article triomphant de l’époque, source ici (L’Expansion) : « Accord à Rome pour un plan de relance européen de 130 milliards
François Hollande a convaincu Angela Merkel d’adhérer à son pacte de croissance qui prévoit de mobiliser 1 % du PIB européen, pour permettre à une zone euro plombée par l’austérité de sortir de la crise… »
Hahahahahahahahaha, houhouhouohuohuohuohu, hihihihihihihi mais quelle poilade collective !

Aujourd’hui, en 2014… Tenez-vous bien, roulement de tambours, clairons et trompettes :

« Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a dévoilé mercredi 26 novembre le projet phare de son mandat : un plan destiné à mobiliser 315 milliards d’euros pour les investissements afin de relancer la croissance et « remettre l’Europe au travail… » Mais c’est drôle, je ris, je ris, je ris, c’est énorme d’humour. Et vous le savez, j’affectionne particulièrement l’humour de répétition… Et là, côté répétition, nous sommes servis nous autres les braves manants sans-dents illettrés ne sachant pas conduire. La source est ici sur Challenges.

Pourquoi c’est encore une fois totalement bidon ?

1/ De façon générale, les supers machins européens ça ne fonctionne pas très bien depuis 2007, et entre le moment où les pays membres réussissent à se mettre d’accord sur le plus petit dénominateur commun et le moment où les choses devraient se matérialiser dans les faits, il se passe tellement de temps que l’on recycle l’ancien bidule dans un nouveau truc qui change de nom, prenant ainsi un nouveau retard dans sa mise en application, retard qui arrange tout le monde, vu que comme personne n’a de fric à mettre dans des poches trouées pour refiler au copain d’à côté… Enfin bref, d’un point de vue factuel, ça ne marche jamais. Taux d’échec des bidules européens depuis 2007 : 100 %. Taux de réussite en terme de communication : 100 % aussi. Vous pouvez donc en conclure que la crise européenne est « maîtrisée » avec du vent à l’image des déclarations de Draghi, notre gouverneur qui déclare régulièrement qu’il fera tout ce qu’il faut et que ce sera assez… en réussissant à ne jamais rien faire. C’est énorme ! Et ça passe. Tant mieux.

2/ En fait il n’y a pas 315 milliards d’euros mais au mieux 21… Eh oui, là c’est tout de suite moins vendeur. L’histoire des 315 milliards c’est totalement brumeux ce truc. L’idée c’est de lever des fonds privés à hauteur de 315 milliards pour financer des trucs mais on ne sait pas trop quoi, ni pour quel montant ni dans quel pays et comme y’en a 30 des pays dans cette fichue Europe, ça laisse quelques inconnues.

3/ Ce sera « d’ici 2020 »… Oulalalalalalalala, ça se complique encore leur bidule là. Soit 315 milliards étant en réalité 21 qui seront dépensés entre maintenant et 2020 pour 30 pays (bon, d’accord, c’est peut-être 27 mais on s’en fiche). D’ailleurs on va prendre 10 pays pour la répartition, ça sera plus facile à calculer de tête et ça ne change rien à la démonstration.
On obtient donc 21 milliards qu’il faut diviser par 5 années (d’ici 2020) puis par 10 pays égal : 420 millions d’euros par pays… Hahahahahaha, houhouhouhouhouh, hihihihi (enfin vous avez compris l’idée).

4/ À chaque plan européen évidemment, le grand jeu c’est de tirer la couverture à soi… Donc avant d’obtenir un consensus pour savoir à qui faire le premier chèque, il va couler de l’eau sous les ponts d’Europe.

5/ On doit plein de sous à l’Europe, entre les arriérés de paiements, les amendes à verser et celles qui vont arriver sans oublier que l’on va bien finir par se faire mettre à l’amende pour notre non-gestion budgétaire et des déficits, c’est nous qui allons payer à l’Europe et pas l’inverse.

Voilà les principales raisons qui expliquent pourquoi tout cela n’est qu’un nouvel exercice de communication de plus et rien d’autre, que pour le moment c’est juste un effet d’annonce. L’Europe va mal, très mal et ce sera la fuite en avant dont personne ne veut (surtout pas les Allemands) avec le grand « sot » fédéral ou l’explosion…

En tout cas, moi, ce nouveau plan européen, il m’a bien fait marrer, comme tous ceux d’avant. Pour ceux d’après, c’est nettement moins certain… car il faudrait qu’il y ait encore une Europe et au rythme où vont les choses, rien n’est moins sûr.

J’espère que vous commencez à comprendre pourquoi il est déjà trop tard, préparez-vous.

À demain… si vous le voulez bien !!

Charles SANNAT
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