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Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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La monnaie hélicoptère, arme ultime ou utopie ?

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“Le concept est hérité de Milton Friedman qui, à la fin des années soixante, imaginait un hélicoptère déversant des billets sur la population…” Pourtant, notre cher Milton n’a strictement rien inventé puisque depuis la nuit des temps et des centaines de monnaies plus tard, l’expérience a été tentée à maintes reprises, à des époques, en des endroits, et pour des populations bien différentes avec à chaque fois un résultat parfaitement identique, à savoir au mieux un fort épisode inflationniste et au pire la destruction de la monnaie concernée.

Il est illusoire de croire que la monnaie précède la richesse et qu’imprimer des billets c’est créer de la richesse. La réalité c’est que chaque billet créé et distribué viendra réduire le pouvoir d’achat de chaque billet.

Imaginez que l’on donne à chacun 20 000 euros… Nous allons tous dépenser cet argent tombé du ciel et en le dépensant tous… nous allons faire augmenter la demande et en faisant augmentant la demande, les prix vont évidemment augmenter très fortement. L’hyperinflation sera à nos portes.

C’est donc une proposition totalement stupide économiquement et qui est un non-sens. Cela montre en réalité à quel point les autorités économiques sont désemparées pour en arriver à penser à des solutions qui n’en sont pas et dont on connaît à l’avance parfaitement le résultat !

Charles SANNAT



“Plutôt que de soutenir les banques, la BCE doit-elle distribuer directement de l’argent aux citoyens ? L’idée fait son chemin chez certains économistes.

«Helicopter money» : le concept fait cogiter les experts et couler beaucoup d’encre dans la presse depuis la courte séquence qui s’est jouée le 10 mars, lors de la dernière conférence de presse de Mario Draghi. «Votre boîte à outils inclut-elle la monnaie hélicoptère ?» lui fut-il demandé par un journaliste évoquant les mesures non-conventionnelles que pourrait encore prendre la BCE.

«C’est un concept très intéressant», a répondu le président de l’institution. Et d’ajouter aussitôt : «Mais nous ne l’avons pas encore vraiment étudié» ; une prise de distance un peu tombée dans les oubliettes de l’emballement médiatique…

Une inflation qui reste proche de 0

Mais de quoi parle-t-on ? D’un concept attribué à l’économiste Milton Friedman qui, à la fin des années soixante, imaginait un hélicoptère déversant des billets sur la population. Une image qui prend aujourd’hui concrètement la forme, selon les écoles, de bons d’achat, de virements bancaires, de baisses d’impôts… Bref, de tout moyen permettant de distribuer directement aux citoyens la monnaie créée par une banque centrale.

L’idée prospère sur le constat largement partagé de la faible efficacité des mesures prises jusqu’à présent par la BCE (mais aussi par la Fed américaine, la Banque du Japon…). Ces mesures sont pourtant massives : l’institution de Francfort, notamment, inonde les banques de liquidités et rachète sur les marchés des actifs (essentiellement des emprunts d’État et bientôt des obligations d’entreprise) via son programme de QE, dont le montant mensuel vient de passer de 60 à 80 milliards d’euros.

Mais l’inflation reste proche de zéro dans la zone euro et la reprise de l’activité, poussive. Seule lueur d’espoir : le crédit bancaire. En février, la progression des prêts aux ménages (+1,6 % sur un an) et aux entreprises (+0,6 %) a atteint son rythme le plus soutenu depuis fin 2011.

Contourner les banques

L’idée est donc de contourner les banques et les marchés pour financer directement les citoyens. La banque Nordea, en se basant sur les participations des États membres au capital de la BCE, calcule que 444 milliards pourraient être ainsi distribués. Soit 1 300 euros par habitant de la zone euro !

De son côté le collectif «QE for People», soutenu par une centaine d’économistes, imagine aussi d’autres pistes pour que l’argent créé par la BCE «contribue véritablement au développement de l’économie réelle», notamment le financement de dépenses publiques (infrastructures vertes, logement…).

Nombreux obstacles

Les obstacles sont nombreux. L’hélicoptère monétaire n’est pas évident à mettre en place dans une zone euro en mal d’harmonisation fiscale et budgétaire. Mario Draghi a d’ailleurs évoqué le 10 mars les « complexités » qui en découlent au plan comptable et légal.

Notamment, un transfert direct aux citoyens paraissant impossible via la BCE, la tache incomberait plutôt au Trésor public de chaque pays. Or les traités européens interdisent le financement direct des États par la BCE…

Il est vrai que d’autres mesures monétaires qui semblaient inimaginables ont fini par être prises par la BCE, à commencer par le QE.

De nombreux effets pervers

Reste la question de l’efficacité de l’hélicoptère monétaire. À cet égard, l’inconnu réside dans la proportion du pouvoir d’achat distribué qui serait épargnée. Si un ménage considère que cela « ne changera rien à la trajectoire de ses revenus futurs, ce qui paraît assez probable, alors la part épargnée pourrait être largement supérieure à la part consommée», souligne Tangi Le Liboux chez Aurel BGC.”

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