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Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

Charles-Sannat

« Dramatique ! Selon la FED, 47 % des Américains ne peuvent pas faire face à une dépense imprévue de 400 dollars ou plus ! »

Audience de l'article : 1972 lectures
Nombre de commentaires : 2 réactions
Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !

Oui je sais, et vous aussi, c’est la reprise ! Aux États-Unis, c’est même la croissance et lorsque je dis le contraire, que non, il n’y a pas de croissance saine et autonome, c’est parce qu’il n’y a pas de croissance autre que celle malsaine reposant sur plus de dette que de création de richesse et ce, dans un rapport globalement de 1 à 4 puisque pour chaque dollar de nouvelle croissance, il y a eu environ 4 dollars de nouvelle dette ou d’impression monétaire ex nihilo. (Terme latin sans doute prochainement inusité dans la mesure où il est totalement inutile d’étudier une langue morte. D’ailleurs, je propose à ceux qui pondent ce genre de raisonnement inepte de méditer sur cette citation sublime : « C’est parce que c’est superflu que c’est indispensable… » Il en va ainsi des arts et de la culture au sens large. Supprimons donc tout.)

Mais ce n’était pas le débat du jour. Non, nous parlions de la croissance américaine. Ce pays donc en pleine croissance et qui va monter ses taux d’intérêt pour éviter toute surchauffe (j’en rigole d’avance tant cela n’est pas crédible) voit, selon les propres rapports de la banque centrale américaine elle-même, ses habitants avoir sans doute une appréciation légèrement différente de cette fameuse croissance puisqu’ils sont pour beaucoup d’entre eux à 400 dollars près… Ne me demandez pas pourquoi ce seuil de 400 dollars, je n’en sais fichtrement rien si ce n’est que si ce n’est pas rien, ce n’est pas non plus une somme colossale.

47 % des Américains incapables de faire face à 400 dollars d’imprévus…

D’un autre côté, ce sont des Américains… Non, il n’y a pas de haine envers les Américains (je précise tout de suite pour les brigades de la haine de mon copain Manu qui veille désormais sur nos pensées les plus nauséabondes), c’est un problème de culture… Enfin de « Kulture », maintenant on écrit comme on veut vu qu’il n’y a plus à s’emmerder avec les locutions latines… D’ailleurs, j’espère une réforme prochaine de « l’ortografe » qui permettra sans nul doute de supprimer les « fotes » de « francé ». Oui, je disais, c’est une notion de culture. Depuis tout gosse, mes parents et mes grands-parents me répètent qu’il faut économiser, que l’on n’a pas de sous, qu’il faut « attendre », ou encore qu’un sou qui rentre c’est un sou qui ne doit pas sortir. On m’a toujours appris aussi qu’il fallait « garder une poire pour la soif », ou encore ne pas « mettre tous ses œufs dans le même panier », sans oublier le fait d’avoir toujours « plusieurs fers au feu »… Eh oui, le « francé » est une langue d’une telle richesse… se même que les proverbes de la sagesse populaire.

Vous comprendrez qu’en France, pour beaucoup, faire des économies c’est une évidence, c’est l’héritage paysan de notre histoire et de notre culture. Il faut mettre de côté. La culture américaine est, sur ce point précis, très différente depuis une trentaine d’années – avant, les Américains aussi mettaient de côté. En gros, aux USA, le taux d’épargne est très faible et en France, il est élevé. Entre 0 et 3 % aux États-Unis, entre 15 et 18 % en France.

Dans notre pays, je pense que nous aurions, à ce sondage, des résultats profondément différents et pourtant nous ne sommes pas dans une croissance folle. Tout ça pour dire simplement qu’évidemment, ce n’est pas du tout une bonne nouvelle pour l’économie américaine, et vous connaissez mon point de vue sur ce sujet, mais qu’il faut tout de même pondérer ce chiffre de la culture américaine.
Comme vous pouvez également le voir sur ce graphique – les Américains qui, eux, font des statistiques ethniques histoire de pouvoir mesurer un certain nombre de choses de façon scientifique plutôt que de fantasmer des réalités – , il y a également de fortes disparités, même très fortes entre les 3 grandes communautés américaines, c’est-à-dire les communautés blanches, hispaniques et noires. On y voit également des disparités dans chaque classe de revenus.

Officiellement tout va bien, et la FED va monter ses taux

Sauf que lorsque l’on creuse un peu à l’intérieur des rapports parfaitement officiels (qu’il suffit juste d’aller lire), on se rend compte qu’il n’y a pas de croissance aux États-Unis, pas de croissance économique pour les gens et convenablement répartie entre les citoyens. Évidemment, il y a croissance des bénéfices des 1 % les plus riches mais pour le reste, soit pour les 99 %, c’est la disette.

Encore une fois, nous sommes dans un mécanisme qui consiste à faire croire le plus longtemps possible que tout va mieux.

Nous sommes dans un mécanisme de mensonge gigantesque pour reculer le plus longtemps possible l’inéluctable, à savoir l’effondrement économique du système occidental sous le poids d’un vieillissement de la population, des limites environnementales et bien sûr sous le poids d’une dette colossale, sans oublier les gains de productivité qui rendent obsolètes les besoins massifs en main-d’œuvre.
Alors non, il n’y a pas de croissance, pas plus aux USA qu’en Europe.

Tout cela est une grande, une immense illusion, un mirage, et il finira par prendre fin. Ne soyez pas dupes. Lorsque 47 % d’un peuple, fut-il dépensier et amoureux du crédit, ne peut pas faire face à une dépense de 400 dollars alors que l’on est censé parler du pays le plus riche au monde… il y a du soucis à se faire.

Il est déjà trop tard, préparez-vous.

Charles SANNAT

 

http://www.federalreserve.gov/econresdata/2014-report-economic-well-being-us-households-201505.pdf

(Page 18)
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2 commentaires

  • Lien vers le commentaire titi vendredi, 05 juin 2015 09:04 Posté par zetiti

    Vos chiffres pour les USA sont en désaccords avec ceux de l'OCDE (pour la France, on parle d'épargne brut et non net) :
    OCDE (2014), « Taux d'épargne des ménages - prévisions », Économie : Tableaux-clés de l'OCDE, No. 7.
    DOI : http://dx.doi.org/10.1787/hssv-gr-table-2014-1-fr
    On y voit aussi que le Japon est en pleine décollecte et que des pays pas spécialement en difficulté comme la Nouvelle Zélande, le Canada ou les pays bas ont un taux d'épargne similaire à celui des USA. Qu'en conclure?

    Cela dit, votre point de vue est intéressant. Dans une note de Patrick ARTUS http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=63558, Natixis souligne le fait que les pays sortis par le haut d'une consolidation budgétaire dans les années 90 (avec forte réduction du déficit public) ont tous combiné une dévaluation monétaire avec une baisse du taux d'épargne des ménages.
    Par ailleurs, la note insiste sur le fait que ce niveau épargne est souvent la réponse des ménages au vieillissement, à une pression fiscale forte (et d'une ampleur incertaine) ou à la peur de l'avenir (chômage).

    Donc d'un point de vue théorique et strictement financier, on pourrait dire que les USA tentent de suivre une voie qui a marché dans le passé et que la réponse des ménages est probablement celle attendue : augmentation de la consommation stimulée par une relative confiance dans l'avenir et une pression fiscale faible.
    Cela étant dit, je partage votre avis sur la consommation excessive et abrutissante qui sert de modèle aux USA et sur le fait que les chiffres du chômage sont probablement insincères. Je ne pense pas que cette voie soit la bonne, mais je ne vous rejoins pas totalement dans votre raisonnement.

    Concernant la France, je m'interroge sur la nature exacte de l'épargne en question.
    Ca ne vaut rien d'un point de vue statistiques, mais un rapide tour d'horizon personnel me permet de voir qu'avec environ 15% de cash économisé (+ ou - 2% en fonction des années), je fais parti du top de mon entourage (catégorie CSP+ surreprésenté, les catégories inférieurs n'épargnent presque rien dans mon entourage et sont souvent locataires). Les autres sont essorés par leur prêt immobilier (je suis locataire) et économise très peu de cash (même s'ils ne sont pas à 400€ près).

    La définition de l'INSEE laisse entendre que les investissements immobiliers font partie de cette épargne. C'est cohérent avec le fait qu'ils considèrent l'achat immobilier de sa résidence principale comme un investissement (et que ca sort du calcul de l'inflation, etc...) et non une dépense de logement. Du coup, ce n'est peut être pas très étonnant qu'on arrive à un tel pourcentage. Mais c'est un trompe l'oeil (tout comme le montant du patrimoine des ménages qui est massivement investi en immobilier).
    Quoiqu'on pense des prix de l'immobilier, il s'agit de toute évidence d'un investissement illiquide qui ne permet pas de faire face à des dépenses immédiates imprévues. Je ne serai donc pas surpris qu'on ait, en France une réponse similaire, modulo les différences de coût de la vie et les spécificités propres à ces pays. On est quand même assez loin de l'épargne de précaution dont vous parlez.

  • Lien vers le commentaire Falconnier vendredi, 05 juin 2015 02:09 Posté par Ma Pomme

    Vous voyez les choses de façon négative.
    Si les Américains ont peu d'argent, c'est qu'ils le dépensent ; ils brûlent constamment leurs vaisseaux, comme des conquérants qu'ils sont.
    Nous épargnons, mais dans de l'assurance vie qui ne fait que permettre à l'état et de vieilles boîtes d'avoir des moyens - utilisés prétendument pour "relancer" la croissance, ce keynésianisme poussé à l'absurde qui ferait certainement honte à Keynes lui-même.
    Ils ont Uber puis Google cars quand nous avons les gréviculteurs de la RATP et les chauffeurs de taxi mal embouchés.
    Eux permettent directement à leurs entreprises de vendre, aux idées de trouver un marché, ils ont une destruction créatrice qui fonctionne, quand nous n'avons que la destruction  - retardée par  les interventions ruineuses de l'état, qui empêche l'ajustement de se faire au quotidien et fait croire aux crétins d'électeurs de gauche qu'ils ont raison de refuser le futur.