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Guy Wagner

Guy Wagner

Je suis chief economist à la Banque de Luxembourg.

Dans mon blog, je commente les derniers développements sur les marchés financiers ainsi que mes évaluations sur leur future évolution.
Ces pages s’adressent aux investisseurs dans des fonds et actions avec un certain intérêt pour les marchés boursiers.


Mon parcours

Licencié en Sciences Economiques de l'Université Libre de Bruxelles, je rejoins la Banque de Luxembourg en 1986, où je fus successivement responsable des départements analyse financière et Asset Management. Depuis 2005, je suis administrateur-directeur de BLI - Banque de Luxembourg Investments.

Pas de solution miracle

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A travers leurs actions, les banques centrales rendent la vie dure à l’épargnant qui ne veut pas prendre de risque et qui traditionnellement privilégie les placements monétaires tels que le compte à terme ou le compte d’épargne. Le rendement offert par ces placements est aujourd’hui proche de zéro et certaines banques réfléchissent même à introduire des taux négatifs, à l’image de ce que fait la Banque centrale européenne pour les dépôts que lui confient ces banques. Lorsqu’une banque offre encore des rendements élevés sur ce type de placement, l’épargnant devrait se poser des questions sur la solidité de la banque.

Dilemme pour l'épargnant

La réaction logique de l’épargnant prudent serait (et a été) de délaisser les placements monétaires au profit deplacements obligataires. Ces derniers sont un peu plus risqués (le cours d’une obligation, et donc d’un portefeuille obligataire, peut fluctuer, contrairement à ce qui se passe pour un compte d’épargne) mais dans la mesure où une obligation a une échéance fixe, l’épargnant peut se consoler en se disant qu’à cette échéance, il sera de toute façon remboursé à 100 %. Ce raisonnement ne vaut cependant que si l’émetteur de l’obligationest solide comme l’ont récemment appris ceux qui avaient acheté des emprunts de la Grèce ou de General Motors. C’est ici qu’apparaît un nouveau dilemme pour l’épargnant : le rendement offert par les obligations de qualité est extrêmement faible (l’Allemagne vient d’émettre un emprunt d’Etat à 10 ans avec un taux inférieur à 1 %). Pour obtenir des rendements plus élevés, il faut faire d’importantes concessions au niveau de la qualité du débiteur (à moins d’investir dans des monnaies plus exotiques et d’assumer le risque de change). Et même dans ce cas, le rendement n’est pas très attrayant et sans aucune mesure avec le risque encouru.

Rendement de l'emprunt d'Etat allemand à 10 ans


Risque : Volatilité

C’est ici qu’entrent en jeu les actions. La première réaction de l’épargnant prudent sera de les considérer comme trop risquées, surtout après leur hausse des dernières années. Et c’est vrai que si on prend comme mesure du risque d’un placement sa volatilité, les actions sont risquées. Le cours d’une action fluctue nettement plus que le cours d’une obligation. La valeur d’un portefeuille actions peut rapidement baisser de 10 % ou 20 %, voire plus et ce, sans que les fondamentaux des entreprises qui le constituent n’aient nécessairement changé. Un investisseur qui achète des actions doit pouvoir assumer cette volatilité aussi bien financièrement (ne pas être obligé de vendre au pire moment) qu’émotionnellement (ne pas paniquer au pire moment).

Risque : Perte définitive

On peut toutefois aujourd’hui se poser la question de savoir si la volatilité est la meilleure mesure du risque. Dans un environnement marqué par de nombreux problèmes structurels se pose ainsi la question durisque d’une perte définitive de son capital (ou du moins d’une partie significative de ce capital). Ce risquepeut être éliminé dans une large mesure dans le cas des actions, à condition d’acheter des titres d’entreprises de qualité et de faire attention au prix payé. Il est nettement plus présent dans le cas des obligations de moindre qualité, ne serait-ce que parce que les entreprises qui émettent de nombreuses obligations sont par définition plus ou moins fortement endettées.

Risque : Pouvoir d'achat

Il y a aussi le risque de perte de pouvoir d’achat. EUR 100.000 sur un compte d’épargne seront peut-être toujours EUR 100.000 dans 5 ans mais risqueront d’acheter moins de biens ou services si le coût de la vie continue d’augmenter.

Qualité et dividendes

Que faire dès lors ? Il n’y a pas de solution miracle. L’épargnant qui ne peut ou ne veut pas assumer la volatilité des actions devra se contenter de rendement très faibles, voire nuls et accepter la perte de son pouvoir d’achat. Il devrait résister à la tentation d’acheter des obligations de moindre qualité sous prétexte qu’elles lui offrent un peu plus de rendement. L’épargnant qui peut assumer la volatilité des actions (ce qui présuppose un horizon d’investissement suffisamment long) devrait franchir le pas et investir une partie de ses avoirs dans des actions d’entreprises de qualité, en mettant entre autres l’accent sur le dividende. Alors que l’évolution (à court terme) du cours de bourse d’une entreprise est souvent déconnectée de ses fondamentaux, le dividende qu’elle paie est directement influencé par ceux-ci et donc nettement moins volatil (pour autant que l’entreprise en question soit bien sélectionnée). Pour un investisseur à la recherche de revenus réguliers, les actions à dividende offrent dès lors une alternative aux placements à revenu fixe.
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