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Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

Charles-Sannat

«De l’incantation à la niaiserie…l’Appel de Pékin !»

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Mes chères contrariées, mes chers contrariens !

Hormis le pauvre type qui vient de mourir en s’immolant à Saint-Loup-Sur-Semousse (Haute-Saône), la nouvelle principale du jour c’est bien sûr l’augmentation du chômage, et le record de 1997 qui vient d’être battu.

La France compte donc 3,224 millions de chômeurs

Alors que notre Président voyage en Chine pour tenter de « rééquilibrer » la balance commerciale avec Pékin, ce qui revient à vouloir vendre des frigos à des esquimaux ou du sable aux Touaregs du Sahara, mais bon comme on dit à l’Elysée… l’essentiel c’est la trajectoire les derniers chiffres du chômage ont été publié ce soir et la France n'a jamais compté autant de demandeurs d'emploi sans activité en métropole.

François Hollande qui pédale dans le potage pékinois a appelé depuis la Chine les Français à « se rassembler sur cette seule cause nationale: la lutte contre le chômage ».

Rassemblez-vous mes frères et ralliez-vous à mon panache rose !

Alors depuis la déclaration d’Henri IV heu pardon de François-normal 1er de Hollande me demandant de me rassembler sur cette cause nationale je cherche encore en quoi nous rassembler va changer quelque chose.

Ma femme, qui parfois sait être encore plus rosse que moi, n’a pas hésité à me glisser dans ma chaste oreille, avec sa perfidie toute contrarienne, qu’il fallait que quelqu’un se sacrifie pour expliquer au Roi que le peuple est déjà rassemblé conformément à son édit (ne surtout pas parler de Nantes et de l’Ayraultport à ce niveau du texte).

Oui Monsieur le Président, le peuple, votre peuple, ne vous a pas attendu pour se rassembler, s’unir, communier ensemble de façon extatique… chez Paul Emploi. Pour information Monsieur le Président il y a même 5 millions de pékins qui se donnent rendez-vous chez l’ami Paul (à ne pas confondre avec ceux à qui vous essayez de vendre des trucs, que de toute façon ils ne vous achèteront pas ou alors en faisant semblant juste pour ne pas vous faire perdre la face, ce qui est un concept purement chinois…).


Pour le reste, ce type de déclaration, que tous nos hommes et femmes politiques savent faire (pensez aux lagourderies) sonne particulièrement creux. C’est la représentation du vide intersidéral de la politique gouvernementale, le mot savant pour dire la même chose étant la vacuité !

Avec plus de 36.900 chômeurs en mars et une hausse de 11,5% depuis un an, la France expérimente les résultats de l’austérité. Lorsque je dis que la France se « grécifie », n’oubliez pas que le processus de destruction de l’économie grecque dure depuis 6 ans. Nous venons de commencer le nôtre depuis seulement 6 mois, ce qui va nous laisser de nombreuses autres occasions de nous rassembler chez notre ami Paul.

Mais l’AFP nous a trouvé quelques bonnes nouvelles. Il ne faut surtout pas que l’on commence à broyer du noir. En plus il fait beau et de vous à moi, la dette est toujours plus supportable au soleil.

A propos de météo d’ailleurs, je ne peux que constater que Rainman (le 1er surnom de François suite à sa passation de pouvoir passablement pluvieuse) est en Chine avec la pluie… mais comme il ne va pas tarder à rentrer nos amis chinois ne souhaitant pas le garder (c’est de l’humour), les nappes phréatiques françaises devraient prochainement continuer à se remplir.

Bref, je voulais vous parler des bonnes nouvelles que cherchent toujours l’AFP car il faut PO-SI-TI-VER les mauvaises nouvelles. Je cite :

« Face à cet afflux, un nouveau renfort de 2.000 CDI à Pôle emploi d'ici à septembre a été décidé par le gouvernement, comme en 2012 ». Soit tout de même 4 000 personnes supplémentaires pour s’occuper des nouveaux chômeurs, enfin s’en occuper c’est un bien grand mot.

Comment voulez-vous que ces pauvres agents de Paul Emploi (forts sympathiques en général au demeurant) puissent faire quoi que ce soit de réellement utile lorsqu’il n’y a pas de boulot ! Il n’y a pas plus de boulot en France, qu’en Grèce ou en Espagne. Enfin, soyons honnête. Il y a encore un peu plus de boulot en France, mais cela ne va pas durer longtemps.

Ce passage de la dépêche de l’AFP je l’adore, qu’est-ce que j’ai rigolé en le lisant: « Pour autant, le chef de l'Etat maintient son objectif d'inverser à la fin d'année la courbe du chômage ».

C’est l’incantation de la trajectoire. Cela me fait penser à la chanson, « il attend que le monde change, il attend que tournent les vents »… Il attend la crôassance, il attend l’inversion de la trajectoire de la courbe, il attend les socialistes « zallemands », il attend, il attend et… nous aussi !

Sinon l’AFP est allée nous trouver un vraie bonne nouvelle ! Le témoignage de Bercy, appelé à la barre du tribunal populaire. Accrochez-vous : « l'engagement du président sera tenu grâce notamment à la reprise progressive de l'activité et aux premiers effets des nombreux dispositifs de soutien à l'emploi mis en place depuis dix mois ». Et c’est quoi les nombreux dispositifs ? Mystère, enfin si on sait de quoi ils parlent mais moi je sais quelle efficacité leurs différents machins vont avoir. Cela se résume de la façon suivante : Efficacité macro-économique 0 (sinon le chômage baisserait), et pour ma pomme (et accessoirement la vôtre) augmentation de mes impôts pour pas grand-chose.

Autre témoin de moralité interrogé par l’AFP pour témoigner en faveur de l’accusé exilé pékinois le ministère du Travail (que l’on ferait mieux de nommer le ministère du chômage). Voilà ce que nous disent les services de Monsieur Sapin : « tous les leviers de la politique de l'emploi sont désormais opérationnels : emplois d'avenir, contrat de génération, sécurisation de l'emploi (en cours d’adoption). Leur montée en puissance au cours des prochains mois est désormais l'enjeu majeur pour tous les acteurs de terrain ».

Quelqu’un pourrait-il expliquer là aussi à Michel Sapin que les lois dites de la sécurisation de l’emploi vont en réalité conduire à une très grande précarité. C’est une excellente idée en soi de rendre les choses plus flexibles, mais si cela est relativement indolore en période de croissance, ce dispositif va s’avérer extrêmement douloureux pour ceux qui vont y être prochainement confrontés et ils vont être nombreux.

Il est par exemple prévu qu’une entreprise puisse, en gros, diviser par deux les salaires (les salariés travaillant deux fois moins) pendant une durée de deux ans. Alors effectivement un tel système peut sembler séduisant puisqu’il permet de sauver les emplois. Sauf que pour le moment il n’est pas prévu que la perte de salaire soit compensée par Paul emploi. Tenir deux ans avec un demi-salaire sans avoir droit au chômage, sans avoir le droit de travailler pour un autre employeur, et si vous partez il faudra donner votre démission ce qui fera perdre tout droit au chômage. Bref… cette réforme porte en elle les germes d’un futur mécontentement qui sera à la hauteur de l’absence d’explications données puisque toute cette loi a été adoptée dans la plus grande des discrétions.

En l’intitulant « sécurisation de l’emploi » pour éviter le mot flexibilité, les français vont découvrir très rapidement et avec effarement à quelle sauce ils vont être mangés.

On peut donc prédire une forte déception populaire qui se traduira par une chute de la cote de popularité du Chef de l’état qui va poursuivre, elle aussi sa trajectoire descendante.

Enfin l’AFP sort son cric pour terminer de vous remonter le moral.

Car le gouvernement a prévu 100 000 emplois d’avenir qui n’offriront aucun avenir mais plutôt une perspective à court terme (mais c’est déjà ça pour celui qui en bénéficie), même si l’Agence de presse reconnait elle-même que « six mois après leur lancement, les emplois d'avenir peinent à décoller: fin avril, 20.000 environ devraient avoir été signés sur un objectif de 100.000 fin 2013. Malgré des subventions élevées (75% du Smic dans le secteur non marchand), les employeurs restent frileux face à des candidats pas ou peu diplômés ».

Pour faire un peu d’enseignement à mes heures perdues, un jeune qui fait des études c’est déjà pas terrible (je ne parle pas des grandes écoles) et le niveau des étudiants est très hétérogène, mais alors le jeune pas diplômé c’est-à-dire sans le bac… c’est compliqué dirons-nous pudiquement, surtout depuis que le bac est donné à tous ceux qui savent « lire » pour l’écriture c’est moins simple, même avec un bac en poche. Les entreprises ont donc beaucoup de mal à intégrer un tel public dans leurs effectifs, car ce qui ne sera pas dit et que vous ne trouverez écrit nulle part ou presque, c’est que ces publics au-delà de difficultés scolaires ont des difficultés de sociabilisation pour ne pas dire plus. Résultat ? Ils sont inaptes ou presque à la vie en entreprise sauf en passant par une phase de préparation et d’éducation qui ne peut être fournie par des entreprises elles-mêmes en difficulté. France 2 avait fait un reportage passionnant au JT de 20h concernant des jeunes bénéficiant d'un accompagnement pour leur ré-apprendre à parler.

Voilà pour le contrat pour les jeunes, mais le gouvernement a aussi prévu un contrat pour les « vieux » !

Le vieux et le jeune en entreprise, quel poème !

La définition du jeune et du « vieux » en entreprise me fait de plus en plus rigoler par son absurdité. Pour vous raconter ma vie, chez BNP Paribas, on était considéré comme vieux à partir du moment où on était né en 1975. Comme c’était mon cas, nous avions le choix entre avaler mille et une couleuvres ou partir. A 35 ans on était considéré comme définitivement trop « vieux », ce qui n’est en soi pas tout à fait faux puisque l’on est moins malléable à 35 ans qu’à 25…

Bref, tout ça pour vous dire que les jeunes ont de plus en plus de mal à trouver un poste durable avant l’âge de 30 ans et devenir aussitôt vieux dès 35 ans… soit 5 bonnes années de carrière et encore si vous avez de la chance et que votre boîte ne se fait pas racheter 3 fois. La palme dans mon entourage revenant à l’une de nos amies qui travaille (grande chance) depuis 11 ans dans l’a même entreprise… mais avec 9 logos différents sur ses fiches de paie, puisque sa société (dans les télécom) a été rachetée 9 fois dans les 11 dernières années.

Donc le gouvernement pour lutter contre le chômage des séniors (c’est comme ça que l’on dit pour ne pas dire « vieux ») a inventé le « contrat de génération », qui vise à favoriser l'embauche des jeunes (sans doute jusqu’à 30 ans) et le maintien des seniors (à partir de 35 ans). Pour l’AFP ce dispositif est « opérationnel depuis début mars. Le gouvernement en espère 500.000 embauches de jeunes en CDI en cinq ans et autant de seniors maintenus dans l'emploi ».

Encore faudrait-il qu’il y ait un peu d’activité économique et que les entreprises aient des besoins ce qui ne sera pas le cas avec la conjoncture économique actuelle.

Pour conclure notre AFP nous explique que « le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) devrait quant à lui permettre de sauver 15.000 emplois au premier semestre 2013, selon l'Insee ».

Finalement heureusement que le chômage monte parce que sinon nous serions tous passés à côté de ces excellentes nouvelles. Le chômage monte, et la bourse aussi. Tout va donc très bien.

Encore un effort et notre Président nous organisera une manif pour tous… unis contre le chômage !



Charles SANNAT
Editorialiste et rédacteur du Contrarien Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/


Ceci est un article 'presslib', c'est à dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Contrarien Matin est un quotidien de décryptage sans concession de l’actualité économique édité par la société AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT, Directeur des études économiques.  Merci de visiter notre site. Vous pouvez vous abonner gratuitementwww.lecontrarien.com 


http://www.boursorama.com/actualites/la-france-compte-3-224-millions-de-chomeurs-un-record-ce12fd23b4aee4d96cd61e9d15fbb7f6

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12 commentaires

  • Lien vers le commentaire alex6 lundi, 29 avril 2013 00:02 Posté par alex6

    Pauvre patrick, a chaque attentat ca lui prend de nombreuses annees a fouiner sur le net pour trouver toutes les theories du complot disponible.
    En anglais, je n'aurais qu'un truc a dire a un paume pareil: "Get a life!"

  • Lien vers le commentaire BARF samedi, 27 avril 2013 15:10 Posté par barf

    La France est en faillite, l'Italie est en faillite, l'Espagne est en faillite, mais au moins l'Espagne, elle, elle a le mérite de truquer ses chiffres !

    Le problème, c'est que tout le monde sait que l'Espagne truque ses chiffres !

    Samedi 27 avril 2013 :

    Espagne : les chiffres officiels mis en doute.

    Peut-on encore croire les chiffres donnés par l'Espagne ? Le gouvernement espagnol a revu à la baisse ses objectifs de déficit et ses prévisions de croissance pour les trois prochaines années lors du conseil des ministres du vendredi 26 avril. Pour reprendre les termes de la numéro deux du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria, le gouvernement a "réordonné ses chiffres".

    Mais pour certaines données, comme le déficit prévu en 2014, (5,5 % selon Madrid), le gouvernement reste encore très au-dessous des prévisions de Bruxelles ou du Fonds monétaire international (FMI), qui l'estiment respectivement à 7,2 % et 6,9 % du PIB.

    Or l'expérience passée impose la méfiance. Les chiffres du déficit de 2011 ont été revus à la hausse à trois reprises l'an dernier. Le dérapage de trois régions et l'ajout de factures non payées avaient finalement porté le déficit de 8,5 % prévu initialement à 9,4 %...

    Pour 2012, il semble déjà que l'histoire se répète. Les chiffres que le gouvernement a publiés en février ont été contredits par Eurostat un mois plus tard : estimé à 6,7 % du PIB selon Madrid, le déficit serait en fait selon l'institut de statistiques européen de 7 %.

    L'opposition soutient qu'il n'est pas impossible que ce chiffre soit encore inférieur à la réalité. En mars, le porte-parole économique du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Pedro Saura, avait accusé le gouvernement de "maquiller les comptes" en gonflant de 10 milliards d'euros les revenus publics perçus en 2012. Selon lui, le gouvernement aurait notamment retardé les remboursements des trop-perçus d'impôts afin qu'ils soient comptabilisés sur 2013 au lieu de 2012.

    Ces accusations s'ajoutent aux doutes exprimés par certains économistes. La Fondation des études d'économie appliquée (Fedea) a relevé certaines données inexplicables, "bizarres" même, lors de la présentation du dernier rapport de l'observatoire fiscal des régions autonomes, le 18 avril.

    L'économiste Juan Rubio-Ramirez, professeur à l'université de Duke, s'est étonné que les dépenses courantes en biens et services aient chuté de 38 % en Cantabrie et de 26 % en Castille-La Manche et aux Baléares. Selon lui, pour parvenir à une telle réduction des dépenses, ces régions auraient dû fermer une grande partie de leurs établissements scolaires et hôpitaux, ce qui n'a pas été le cas.

    Les régions dans leur ensemble sont parvenues à baisser leur déficit de 3,31 % à 1,73 % en 2012, selon le gouvernement.

    Plus étonnant est l'effort qu'aurait réalisé la Castille-La Manche, baissant son déficit de 7,8 % à 1,5 % en un an...

    Faute d'explications détaillées par le gouvernement, difficile de savoir si ces résultats sont bien réels, s'ils sont erronés ou si ce sont les résultats des années précédentes qui ont été gonflés.

    Quoi qu'il en soit, les doutes sont là, comme en témoigne l'avertissement de l'agence de notation Moody's. Le 9 avril, elle a maintenu la note de l'Espagne, Baa3, avec une perspective négative, en avertissant que "les révisions répétées des chiffres, ajoutées au manquement répété aux objectifs fixés, détériorent clairement la crédibilité du plan de rigueur espagnol."

    Vendredi, le ministre de l'économie, Luis de Guindos, a insisté sur la fiabilité des nouvelles prévisions macro-économiques, qu'il a qualifiées de "très conservatrices". Pourtant certaines données n'ont pas manqué d'étonner la presse.

    C'est le cas du taux de chômage prévu en 2013 : 27,1 %, un taux que le pays a déjà atteint au premier trimestre, selon l'Institut national de statistiques. Or si la récession est effectivement de 1,3 % du PIB cette année, comme l'affirme le gouvernement, il semble peu probable que le chômage n'augmente pas encore.

    "La chute de la croissance, le chômage qui ne cesse d'augmenter, tout cela témoigne que ce dont souffre l'Espagne n'est pas une récession mais une dépression, souligne l'économiste en chef d'Intermoney, José Carlos Diez. Le gouvernement devrait le reconnaître pour défendre auprès de ses partenaires européens la mise en place d'une politique de croissance."

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/04/27/espagne-les-chiffres-officiels-mis-en-doute_3167715_3234.html