Voilà une étrange journée. J'avais pris pas mal de protections baissières sur mon portefeuille PEA vers 4480 sur le CAC à la suite du dernier excès d'optimisme de mes indicateurs, renforcées encore un peu par la suite plus bas vers 4200.
Et honnêtement hier soir je me disais "demain je vais me prendre une tôle avec ces protections" (ce qui avait d'ailleurs déjà commencé un peu depuis quelques jours). Certes, mes positions étaient dimensionnées pour permettre une perte tout à fait raisonnable et acceptable si les marchés avaient bondi de 5% aujourd'hui à la suite d'un vote pour le maintien. Mais ce n'est jamais agréable de perdre, surtout quand les marchés montent !
L'ensemble des marchés prédictifs (marché des changes, indices boursiers, bookmakers) indiquaient que la victoire des partisans du maintien était quasiment acquise, avec une probabilité de plus de 80%. Les indices avaient rebondi fortement, presque au niveau de leurs plus hauts d'avril, la livre avait également regagné du terrain, et je me posais sérieusement la question du maintien de mes protections baissières face à une unanimité aussi forte.
Une petite voix, formée des indicateurs de sentiment qui n'étaient pas encore en excès de pessimisme, et des sondages donnant un score bien plus serré que le résultat des marchés prédictifs m'a quand même incité à tenir bon, même si je ne faisais pas vraiment le malin hier soir...l'estimation de probabilités faite par les marchés me semblait quelque peu surévaluée.
Alors que s'est -il passé ?
La foule des analystes et gérants sur les marchés est formée de personnes grégaires et conformistes. Le processus de sélection hiérarchique de nombreuses institutions financières les choisit aussi et d'abord pour ces critères. On l'a vu en 2007 avant la crise par exemple. Ces gérants sont dans leur immense majorité de fervents partisans, parfois militants, d'un maximum d'intégration européenne et des politiques menées par l'Union Européenne.
Les eurosceptiques et adversaires de l'U.E (dont je fais partie, le conformisme n'étant pas vraiment ma qualité principale, j'ai expliqué mon point de vue ici) sont dans le milieu économique et financier des sortes d'ovnis ultraminoritaires.
Alors cette foule de décideurs massivement europhile et béate d'admiration devant la BCE s'est tout simplement auto-persuadée, par un beau phénomène grégaire, et par une série de biais cognitifs (rejetant les informations disponibles qui les dérangeaient) que le brexit ne passerait pas. Elle n'a pas été capable d'analyser objectivement les résultats de nombreux sondages qui indiquaient une dynamique en faveur du Brexit, dynamique qui n'a été que très partiellement entamée par le déplorable meurtre de Jo Cox (dont je salue ici la mémoire, même si elle n'était pas de mon "coté").
La leçon à tirer de cela, c'est que les marchés n'ont pas toujours une bonne capacité à prédire les évènements. Ils peuvent le faire, tant que l'affect et les convictions de ceux qui font les tendances n'entrent pas trop en jeu, et que ceux-ci ne désirent pas un évènement de façon unanime.
Sinon l'irrationnalité l'emporte, et on a droit à de grosses surprise comme celle d'aujourd'hui.
Et du coup, sur mon portefeuille PEA, je suis complètement serein aujourd'hui avec ma ligne de BX4 qui gagne 17% aujourd'hui et, espérons le, de belles soldes à saisir sur de nombreuses small caps dans les jours à venir !