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Michel Delobel

Michel Delobel

Gestionnaire de portefeuille sous mandat via une société de gestion agréée, trader pour compte propre et formateur au trading et à l'investissement en bourse, je suis aussi fondateur du site Fenêtre sur Cours et de la société ACGest, via laquelle j'accompagne également mes clients dans la constitution et le développement de leur patrimoine, la préparation de leur retraite ou encore l'optimisation de leur fiscalité.

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Emission Capital du 06/09 : stop aux vendeurs de rêve et promesses de gains faciles en bourse !

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J’avais prévu de vous parler ce mardi pour ma rentrée sur Objectif Eco d’un tout autre sujet, mais l’émission Capital sur M6 de ce dimanche m’a fait bondir et m’amène à pousser aujourd’hui un cri d’alarme contre les promesses de gains faciles en bourse !

Je ne ferai pas de commentaires sur la partie de l’émission consacrée aux sociétés américaines de type pyramidales qui envahissent la France (et pourtant, il y aurait aussi pas mal de choses à dire) pour me concentrer uniquement sur la partie consacrée à la bourse et au trading.
 

En mettre plein la vue…

Pour ceux qui n’ont pas vu l’émission, le reportage commence dans une école de formation à la bourse : locaux magnifiques dans Paris, matériel flambant neuf : tout est fait pour montrer combien la bourse peut permettre de s’enrichir. Enfin, au moins les formateurs. Car à 10.000 euros le cycle de formation, ces derniers ont flairé la bonne affaire (et n’y voyez pas ici la moindre once de jalousie, puisque l’activité de formateur dont je m’occupe n’est qu’une activité complémentaire que je fais par passion et non pas pour gagner ma vie). Mais ce n’est pas spécialement sur le prix de la formation que je souhaiterais m’arrêter, n’ayant pas suffisamment d’éléments en main pour pouvoir dire si la formation en question vaut les 10.000 euros ou pas.

Ce qui m’a gêné, c’est déjà la réaction du formateur lorsqu’il a fait le tour des participants, pour leur demander leurs objectifs de gains mensuels. Certains ont répondu 200, 2000 (ce qui peut déjà être beaucoup, tout dépend du capital), mais on a entendu des 10.000, 20.000 ou même 30.000 euros ! Que les stagiaires aient de tels objectifs est une chose, mais que le formateur aille dans leur sens, en parlant d’eux comme des gens réalistes, super raisonnables, et qui ont la tête sur les épaules, sans même leur demander avec quel capital ils comptent arriver à de tels objectifs, de qui se moque-t-on ?

Car ne nous leurrons pas, il serait surprenant que ces stagiaires qui ont besoin de se générer des revenus complémentaires aient à leur disposition un capital de plusieurs centaines de milliers ou millions d’euros à consacrer à la bourse !

Le problème, c’est que la méthode commerciale parfaitement rôdée de notre formateur semble fonctionner à merveille, jouant à fond sur la crédulité des pauvres stagiaires, qui se sentent  « pris au sérieux » à la vue des logiciels et du matériel mis à leur disposition, et considèrent que tout cet apparat est le signe d’une école sérieuse et « digne de ce nom », comme l’explique l’un des stagiaires.

Peut-être. Mais quand le formateur continue en nous expliquant que pour pouvoir vivre à Paris avec une femme et 2 enfants, il faut des revenus au minimum de 20.000 à 30.000 euros par mois, ou quand il nous montre qu’un « gars qui touche », après quelques mois de formation, est capable de dire où va aller le marché, je crie « stop » ! Arrêtez de prendre vos stagiaires pour des pigeons et de les faire rêver avec de telles inepties ! Même si je comprends tout à fait notre ancien trader, dont l’objectif est de motiver ses stagiaires et d’en faire signer le maximum, il y a des limites à ne pas franchir. Si notre journaliste reste un peu sur la réserve, parlant de provocation, le reportage occulte totalement les risques liés au trading.

Et les risques dans tout ça ?

Le trading et le scalping mis en avant par cette école sont en effet des activités à haut risque, desquelles moins de 10% de ceux qui s’y adonnent sortent gagnants ! Alors bien sûr, ceux qui ont suivi des formations sont sûrement moins perdants que les autres, mais qu’on arrête de nous faire croire qu’on peut facilement doubler son capital chaque mois avec le trading, ni même faire 10% par mois de façon régulière.

Quand on sait que les meilleurs traders dans les banques font 20 à 30% par an, et pas toujours de façon régulière, comment voulez-vous que vous, petit particulier, même après une super formation de quelques mois, vous puissiez dépasser ces traders ?

Alors bien sûr, la comparaison n’est peut-être pas idéale, car trader pro et trader amateur ne « jouent » pas avec les mêmes moyens ni dans les mêmes conditions, et il peut être plus aisé de trader avec un petit capital qu’avec un gros. Mais les faits sont là, et sont têtus : une très grande majorité des particuliers qui s’essaient au trading perdent de l’argent. Et si notre journaliste a réussi à trouver un ancien élève de cette école qui arrive à vivre de son trading, gagnant 200 à 300 euros par jour, l’émission ne nous dit pas depuis combien de temps, ni avec quel capital et avec quels risques il génère de tels revenus. Car il est facile de trouver des traders à succès, qui, plusieurs mois durant, voire plusieurs années durant, ont réussi à beaucoup gagner. Mais combien ont réussi à tenir dans la durée et ne se sont pas fait rincer un jour ou l’autre, sur un flash krach ou tout autre évènement inattendu ? (je vous invite à ce sujet à lire ou relire l’article de Charles Dereeper de ce vendredi, et notamment les anecdotes du début ou le passage sur son expérience perso de 1997).

Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si de nombreux courtiers ont développé leur « business model » sur le fait que ce que leurs clients perdent, ils le gagnent, tout simplement car à aucun moment, les positions prises par les clients sont passées sur les marchés. C’est d’ailleurs bien expliqué par la suite au cours du reportage, et s’il n’y avait qu’une chose à retenir de ce reportage, ce serait cette partie-là, qui explique combien il faut être vigilant lorsqu’on ouvre un compte en bourse. Cela fait des années que je me bats pour dénoncer toutes ces arnaques, et ai été très heureux d’entendre les témoignages de certains ex-employés de ces sociétés.

Mais c’est la seule partie du reportage qui fait état des risques liés au trading, comme si le seul risque était de tomber sur un courtier véreux ! Pourtant, si un tel risque est réel, c’est aussi le plus facile à éviter (je peux vous y aider en tout cas) ! Ce n’est par contre par le cas des évènements imprévisibles qui peuvent survenir à tout moment sur les marchés. Et quid de l’effet de levier, qui n’est mentionné à aucun moment dans le reportage ? Quid du stress et des difficultés psychologiques associées au trading ? Pour avoir traversé le krach de 98, la bulle internet, la crise des subprimes, le flash krach de 2010 ou encore la crise grecque, je sais de quoi je parle !

Encore une fois, si mon objectif n’est absolument pas de vous dégouter de la bourse et du trading, car pour quelqu’un qui s’y mettra sérieusement et respectera un certain nombre de règles de prudence, s’attèlera à mettre en place un bon money management, il y a la place pour gagner de l’argent, je trouve lamentable qu’on puisse jouer comme cela sur la crédulité de personnes souvent en difficultés, à la recherche de revenus, en les faisant rêver bien au-delà de ce que la réalité pourra leur apporter. Et plus dure sera la chute !

Par pitié, si vous avez la chance de pouvoir lire cet article et que vous comptez vous mettre au trading, revoyez drastiquement vos objectifs à la baisse (au pire, vous aurez une bonne surprise), évitez de mettre tout le capital dont vous disposez en bourse (et d’autant plus que vous êtes débutant), et ne croyez pas que vous pourrez rattraper en quelques mois les 25000 euros d’investissement en formation et matériel évoqués dans le reportage (qui me semblent au passage bien au-delà du nécessaire), à moins d’avoir un capital à consacrer au trading de quelques centaines de milliers d’euros dès vos débuts, ce qui sous entends un patrimoine global de quelques millions (histoire d’être en mesure de gérer le stress lié à une période de vents contraires, voire de survivre à la faillite de votre compte de trading).

N’hésitez en tout cas pas à me contacter si vous avez la moindre question avant de vous lancer : je me ferai un plaisir de vous renseigner et de vous aiguiller, en fonction de votre profil et de vos objectifs.

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