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Laurent Horvath

Laurent Horvath

Les enjeux de la production des Energies sont si importants, qu'ils sont en train de modifier nos vies et l'équilibre du Monde. Mieux les Comprendre aujourd'hui, nous permet d'envisager l'avenir et agir concrètement aujourd'hui.

J'ai créé en 2008 le blog http://2000watts.org/ pour suivre cet univers.

Trump parie sur le renouveau du pétrole de schiste

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Durant sa première semaine de règne, le bouillonnant Président Trump est immédiatement entré dans le vif du sujet pour extraire toutes les gouttes de pétrole US. Relance des pipelines Keyston XL et Dakota Access, ouverture de nouveaux gisements, annulation des restrictions de forages et paralysie des organes de surveillance.

Carte blanche a été donnée à l’industrie pétrolière pour produire dans tous les endroits financièrement profitables indépendamment des considérations environnementales. Est-ce le signal d’un renouveau du pétrole de schiste ?

Moribonde depuis la crise de 2014, l’industrie pétrolière américaine a perdu plus de 200 milliards $. Les 114 entreprises actives dans le schiste, qui ont fait faillites en 2015-2016, ont laissé une ardoise de 74,2 milliards $. C’est sur ce score déficitaire que Washington tente de redonner un nouvel élan digne du boom américain des années 50-60.

Le Bassin Permien attise les ambitions

Des trois grandes régions américaines de schiste, le Bassin Permien entre le Texas et le Nouveau Mexique, attise toutes les convoitises. Alors que dans le Bakken, Dakota du Nord, la production de schiste a diminué de -19% depuis avril 2015 et de -37% à Eagle Ford, Texas, durant la même période, le Bassin Permien a augmenté de 14% selon l’Administration Américaine de l’Information de l’Energie (EIA).

Pendant que le baril barbotait sous les 50$, cette performance est d’autant plus étonnante pour les forages Permien . Elle pourrait confirmer les estimations de la référence en statistique pétrolière Wood Mackenzie qui souligne que dans certains endroits du Permien, les prix d’extractions de schiste sont parmi les meilleurs marchés au monde.

Pour combien de temps ? La question irrite et ne trouve aucun consensus. Pour certain le peak oil de schiste pourrait arriver en 2020 alors que les plus optimiste n'en voient plus la fin.

Le prix des terrains explosent

Pour le Bassin Permien, la tendance actuelle est claire. C’est la ruée vers l’or noir.

En 2012, Concho Resources avait posé sur la table 1 milliard $ ce qui valorisait l’acre à 5’000$. En août 2016, Concho a cassé sa tirelire et déboursé 1,6 milliard $ à 28’000$ l’acre.

En ce début d’année, l’entrée du plus grand acteur américain dans le Permien, ExxonMobil, a fait exploser les compteurs. La major vient d’acquérir son coin de terrain pour la modique somme de 6,6 milliards $ à 24’000$ l’acre.

La stratégie est claire. Les producteurs sécurisent des surfaces de plus en plus grandes afin de multiplier les puits et élargir les forages horizontaux pour réduire les coûts d’extraction.

Avec l’arrivée d’Exxon ou de Chevron, le Bassin Permien, ressemble de plus en plus à une bulle spéculative dont les derniers entrés pourraient payer des fortunes pour des terrains de moins en moins prolifiques.

Augmenter l’extraction en diminuant les coûts.

Depuis la crise de 2014, les producteurs ont dû réaliser des économies et améliorer leur productivité pour assurer leur existence: diminution des salaires, licenciements, fortes pression des sous-traitants, non-respect des règles environnementales et amélioration de la technologie.

Grâce à la possibilité de multiplier les forages avec le même puits et d’étendre horizontalement les points de facturations les résultats sont encourageants. Si en 2011, un forage extrayait en moyenne 16'000 litres de pétrole par jour, les 100'000 litres sont atteints en 2017.

La carte blanche environnementale et l’extension des terrains offerts par Trump vont certainement aider les producteurs à diminuer leurs coûts. Bien que positives, ces mesures ne seront pas décisives, car dans le pétrole, la clé du succès, c’est l’argent, beaucoup d’argent.

Finance, Wall Street et Goldman Sachs

L’administration Obama avait utilisé le Quantitative Easing pour noyer sous des tonnes de cash les producteurs de schiste. La dette fut le principal outil pour permettre l’émergence de cette technique impayable.

De son côté, les grandes institutions de Wall Street comme Goldman Sachs, JP-Morgan, BlackRock, Bank of America, Wells Fargo et UBS ont participé à la dissémination mondiale de ces investissements de schiste en dissimulant les actions et les junk bond dans des produits opaques.

Ce n’est pas un hasard si l’administration Trump compte dans ses rangs 3 faucons de Goldman Sachs et le CEO de JP-Morgan comme conseiller personnel du président. Un mécanisme sera certainement inventé pour rediriger un flot de dollars dans cette industrie et la maintenir artificiellement à flot le temps d’atteindre la prochaine élection en 2021. Après 2021, le schiste n'aura plus d'importance.

Dans ce conte de fée programmé, le rôle du méchant pourrait venir de la hausse des taux d’intérêt. Le schiste étant capital intensif, toute hausse des taux renchérira son extraction.

Faire grimper les prix du baril, mais pas trop

L’élément clé du schiste, c'est le prix du baril. Qu’importe les flux financiers de Wall Street, des relâchements environnementaux ou des Tweets du président, selon les champs pétroliers le seuil de rentabilité nécessite un baril entre 65 et +100$.

Sur ce point, toute la bonne volonté du Président Trump n’aura pas d’influence. Son concept s’évanouira si le baril n’arrive pas à grimper. Et s’il devait monter, c’est l’Economie qui prendra de plein fouet cette mauvaise nouvelle et qui sera ralentie.

Dans tous ces éléments incertains, une certitude. Les USA ont besoin de plus de 11 millions b/j pour satisfaire leur consommation journalière de 20 millions de barils. Ce rêve ne se réalisera pas avec le schiste. Washington pourrait tabler sur l'efficience énergétique afin de diminuer la voracité de ses citoyens, mais la science fiction n'est pas à l'ordre du jour. Ainsi Trump devra composer avec le Moyen-Orient et trouvera sur son chemin la Russie, l’Arabie Saoudite et la Chine.

On ne peut qu’imaginer la teneur des prochains Tweets sur le sujet, mais laissons au Président Trump l’exclusivité de la surprise.  
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