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Guy Wagner

Guy Wagner

Je suis chief economist à la Banque de Luxembourg.

Dans mon blog, je commente les derniers développements sur les marchés financiers ainsi que mes évaluations sur leur future évolution.
Ces pages s’adressent aux investisseurs dans des fonds et actions avec un certain intérêt pour les marchés boursiers.


Mon parcours

Licencié en Sciences Economiques de l'Université Libre de Bruxelles, je rejoins la Banque de Luxembourg en 1986, où je fus successivement responsable des départements analyse financière et Asset Management. Depuis 2005, je suis administrateur-directeur de BLI - Banque de Luxembourg Investments.

Or : notre positionnement

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Le point sur le marché de l'or

Au deuxième trimestre, le cours de l'or s'établissait en moyenne à 1.194 USD l'once, son niveau le plus bas depuis le premier trimestre 2010. Depuis fin juin, il a encore reculé de 7 %. Plusieurs facteurs indiquent que le sentiment de marché est actuellement très négatif :

  • sur la bourse à terme de New York, les positions longues des investisseurs dits spéculatifs se situent à leurs niveaux les plus bas depuis décembre 2001 ;
  • dans le même temps, si l'on en croit le rapport de l'US Commodity Futures Trading Commission publié le 24 juillet, les paris à la baisse se situent à un niveau record (positions à découvert de 20,6 millions d'onces, contre positions longues de 1,8 million d'onces);
  • les positions en or des fonds indiciels (ETF) se sont repliées de près de 50%.
Le cours de l'or n'a en outre plus réagi de manière positive aux incertitudes et crises des derniers mois. La demande en provenance de la Chine semble quant à elle s'affaiblir et il se peut même que l'effondrement des cours boursiers en Chine et à Hong Kong ait conduit à des ventes du métal jaune en Asie. Le facteur principal expliquant les fluctuations du prix de l'or semble toutefois venir de la possibilité d'un relèvement des taux de la Réserve fédérale en automne, que le marché juge très probable.

L'or a également historiquement été considéré comme une couverture à long terme contre l'inflation et, en règle générale, son cours augmente lorsque les craintes inflationnistes s'accentuent. Actuellement, ces craintes restent absentes.

Le repli du prix de l'or pèse également sur le cours des entreprises aurifères. Le Market Vectors Gold Miners ETF a ainsi perdu plus de 25 % de sa valeur depuis la fin du deuxième trimestre.

Notre positionnement

Le compartiment BL-Global Flexible vise une allocation stratégique en or comprise entre 5% et 10%. Celle-ci se situe aujourd'hui dans la partie basse de cette fourchette, à moins de 6 %. Cette allocation est mise en place grâce à des investissements dans des sociétés minières, avec une préférence pour les entreprises spécialisées dans le financement des mines (« Royalty Companies »), dont le modèle commercial nous semble supérieur sur le long terme (financement ciblé de mines/projets spécifiques, indépendance par rapport à l'augmentation des prix de l'énergie et des salaires, etc.).

La décision d'une allocation stratégique en or repose sur notre évaluation de l'environnement économique et du système financier international, que nous voyons toujours comme anormalement fragiles. En d'autres termes, l'or constitue pour nous une sorte d'assurance. La question de savoir si l'or a justement perdu ses vertus d'assurance parce que son cours n'a pas réagi aux crises les plus récentes n'est selon nous pas pertinente. En effet, ces 'crises' n'étaient en réalité que des turbulences finalement assez faibles. Ceci explique d'ailleurs pourquoi les marchés boursiers n'ont en fin de compte que peu réagi. Le genre de crise pour lequel nous voyons l'or comme une forme d'assurance implique une perte de confiance dans la monnaie papier. Une telle perte de confiance n'est pas (encore?) à l'ordre du jour.

Un investissement en or n'est selon nous fondé que lorsque l'on adopte une approche « à contre-courant », c'est-à-dire que l'on achète lorsque le sentiment du marché est négatif et que l'on vend lorsqu'il est positif. D'un autre côté, il convient de ne pas non plus brûler ses cartouches trop vite. C'est pourquoi nous n'avons jusqu'ici pas modifié drastiquement notre allocation (voir ci-dessus). Si le cours de l'or reste faible ou qu'il se replie davantage, nous relèverons nos positions.

Quant à la valorisation des entreprises minières, elle est aujourd'hui très basse d'un point de vue historique.

Ratio cours/cash-flow des entreprises aurifères d'Amérique du Nord 



Comme nous l'avons mentionné plus haut, nous investissons principalement dans des Royalty Companies. Le seul producteur aurifère au sein de notre portefeuille est la société canadienne Agnico Eagle Mines. Cette entreprise répond à tous nos critères : bilan solide, faible structure de coûts et croissance de la production. Même avec un cours de l'or à 1.100 USD l'once, elle est capable de générer un flux de trésorerie disponible positif.

Les Royalty Companies dans lesquelles nous investissons sont Franco Nevada, Royal Gold et Silver Wheaton. Cette dernière concerne en réalité plutôt l'argent. L'évolution actuelle des prix de l'or et de l'argent ne porte pas forcément préjudice à ces entreprises sur le long terme. Nombre de petits producteurs ont des problèmes de financement à la suite de la chute du cours de l'or, ce qui place les Royalty Companies enbonne position de négociation. Cela leur permet de réaliser de nouveaux investissements à des conditions favorables.

Récapitulatif

  •  L'allocation en or a coûté au fonds quelque 1 % de performance depuis la fin du deuxième trimestre
  •  L'allocation se situe actuellement dans la fourchette basse de l'allocation stratégique visée
  •  L'allocation est mise en place par le biais d'investissements dans des entreprises aurifères de qualité
  •  L'allocation adopte une approche à contre-courant et devrait ainsi être relevée si le cours de l'or reste faible ou se replie 
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