Vous n'êtes pas membre (devenir membre) ou pas connecté (se connecter)
Guy Wagner

Guy Wagner

Je suis chief economist à la Banque de Luxembourg.

Dans mon blog, je commente les derniers développements sur les marchés financiers ainsi que mes évaluations sur leur future évolution.
Ces pages s’adressent aux investisseurs dans des fonds et actions avec un certain intérêt pour les marchés boursiers.


Mon parcours

Licencié en Sciences Economiques de l'Université Libre de Bruxelles, je rejoins la Banque de Luxembourg en 1986, où je fus successivement responsable des départements analyse financière et Asset Management. Depuis 2005, je suis administrateur-directeur de BLI - Banque de Luxembourg Investments.

Du peso oro aux maquiladoras

Audience de l'article : 1368 lectures
Nombre de commentaires : 0 réactions
Pour la petite histoire, jusqu'au XIXème siècle, le dollar espagnol, à l'origine du peso mexicain, était utilisé dans plusieurs régions du monde. Aux-Etats-Unis en particulier, le « peso mexicain » avait cours jusqu’auCoinage Act de 1857.

Aujourd'hui encore, l’ancienne Nouvelle-Espagne s’illustre par sa singularité au sein de l’univers « p ays émergents ». Le ralentissement de l’économie mondiale met à nu les économies qui dépendent excessivement de leurs exportations de produits primaires. La Russie, le Brésil, l’Indonésie, la Colombie, le Venezuela en sont quelques exemples. Ces économies peu diversifiées subissent le contrecoup de la baisse du prix des matières premières ainsi que des attentes de remontée des taux aux Etats-Unis.

Fort heureusement, un bon nombre de pays ont tiré les leçons des crises passées : adoption d’un régime de change flottant et de façon plus générale, de politiques économiques visant l’excédent budgétaire ou encore une inflation contenue. Le Mexique est l’un d’entre eux. Comme l’ensemble de l’Amérique latine, le pays connut une décennie perdue durant les années 80 avec une croissance molle (estimée à - 0,3 % sur la décennie) et une inflation très forte. Le taux moyen d’inflation annuel sera de 69 % entre 1980 et 1990 avec un pic d’inflation annuelle à 175 % au 31/03/1988. Le pays fera défaut sur sa dette externe en 1982. En 1994, au lendemain de la signature de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), alors sujet à des mouvements de capitaux de plus en plus spéculatifs face à une monnaie ancrée sur le dollar, le Mexique se verra contraint de la dévaluer.

Peso mexicain par rapport au dollar US vs. politique monétaire américaine en 1994

 

Source : Bloomberg 

Malgré ces différents épisodes instables, le Mexique demeure solidement enraciné dans son histoire industrielle. Contrairement à ce que l’on pourrait croire et bien qu’étant un des principaux pays producteurs de pétrole mondiaux, à l’intersection de deux mondes (une Amérique du Nord riche et tertiarisée vs. une Amérique du Sud encore dépendante de son sous-sol), l'économie du pays est moins centrée sur l’exportation de produits primaires que ses voisins plus au Sud. L’industrie et surtout les services (le tourisme, les télécommunications,…) y jouent un rôle essentiel depuis de nombreuses années même si le degré de développement diffère fortement des Chiapas à l’Etat de Sonora ou du Yucatán aux rives du Pacifique. Dès la fin du XIXème siècle et jusqu’aux environs de 1930, le développement du réseau ferroviaire permettra une meilleure intégration du Nord et Nord-Est ainsi qu’une plus grande proximité économique avec les Etats-Unis. L’activité économique se développera particulièrement avec les maquiladoras, usines d’assemblage et de sous-traitance pour les Etats-Unis et qui œuvreront à la modernisation du pays.

En ce XXIème siècle, Mexico, héritière de l'administration aztèque, s’avère plus dynamique que jamais. Dans un précédent post, nous avions évoqué les réformes qui avaient pu être adoptées  par le parlement mexicain. La réforme du secteur de l’énergie en particulier permettra l’intervention d’acteurs privés dans le secteur de la production et atténueront les goulots d’étranglement qui subsistent à plusieurs niveaux. C’est notamment le cas pour les secteurs de la pétrochimie, du textile synthétique ou encore des plastiques. Les accords de l’ALENA continuent de porter la modernisation de l’économie mexicaine dans laquelle les investissements étrangers ne ciblent pas seulement les énergies mais aussi l’automobile, l’électronique, la chimie ou encore l’aéronautique. De grands noms de l’industrie américaine ou européenne ont commencé à s’établir dans la région du centre : Bombardier, Airbus et GE Aviation investissent dans l’Etat de Querétaro. Depuis les années 1980, les IDE dans le secteur de l’aéronautique avoisinent les 33 milliards de dollars. D’après le FT, en 2014, comparé à 2009, le Mexique aura doublé sa production automobile à 3,2 millions d’unités. Honda, Mazda, Audi, Kia, Nissan et BMW ont investi ou envisagent d’investir plusieurs milliards de dollars pour y installer leurs chaînes d’assemblage. Et tout ceci se produit dans un contexte où le Mexique a gagné à la fois en compétitivité mais aussi en compétence par rapport à un de ses principaux concurrents, à savoir la Chine dont la devise a entamé une lente appréciation face au dollar depuis l’été 2005.

Le peso mexicain versus le yuan chinois



Source : Bloomberg 


JEAN-PHILIPPE DONGE
Poster un commentaire