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Pour en finir avec le “buy & hold”

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La stratégie du  ”buy & hold” en Bourse est morte ! C’est du moins ce qu’affirment en grande pompe de nombreux experts et commentateurs.  Eh bien, soit ! Que dieu ait son âme et qu’on cesse de nous casser les oreilles avec une stratégie, qui, à l’heure d’internet, ne doit plus avoir aucun adepte !

 

Un instant !, me direz-vous. N’est-ce pas la stratégie qui a fait la fortune du seul et unique Warren Buffett ? C’est vrai mais je crois qu’il y a quelques nuances à apporter sur le “buy & hold” tel que pratiqué par le vieux renard d’Omaha. La majorité des investissements de Buffett se classent en deux catégories : les participations en action dans des sociétés publiques et la possession de sociétés privées.  Buffett fait du ”buy & hold” surtout avec la seconde catégorie et il le fait pour des motifs qui n’ont rien à voir avec ceux de l’investisseur moyen.

 

Tout d’abord, posséder une société privée lui permet d’avoir un contrôle total sur les cash flows générés par celle-ci et lui permet de les ré-allouer de façon optimale dans le reste de son empire. Deuxièmement, sa réputation de type qui ne revend jamais une entreprise lui permet d’obtenir de très bon prix lorsqu’il négocie l’achat d’une société. Plusieurs vendeurs (en particulier les entreprises familiales) préfèrent obtenir un peu moins d’argent en échange de l’assurance que leur compagnie sera entre de bonnes mains. C’est probablement pourquoi Buffett tolère des entreprises plus ou moins rentables dans son conglomérat (Blue Chip Stamps, Buffalo News, NetJet), il fait le calcul que l’argent perdu avec ces sociétés est largement compensé par les “deals” favorables que sa réputation de collectionneur d’entreprises lui permet d’obtenir.

 

Buffett possède aussi des participations dans certaines sociétés publiques (American Express, Coca-Cola) depuis fort longtemps mais je crois qu’il n’hésiterait pas à les vendre s’il décelait un problème majeur dans ces sociétés. Sa participation dans la Washington Post Company est peut-être la seule exception à cette règle.  Cet investissement fait en 1974 fut immensément profitable pour Buffett sur le plan financier mais il lui permit aussi de pénétrer dans les hautes sphères de la politique américaine et d’en devenir un personnage influent.  Encore une fois, son “buy & hold” dans le Washington Post est motivé par des considérations à des années lumières de celles d’un boursicoteur du dimanche…

 

Bref, je crois qu’il ne faut pas accorder de vertu particulière à la durée de détention d’un titre. Il faut garder les yeux ouverts et conserver un titre tant qu’on croit à son potentiel. Ça peut vouloir dire le vendre après six mois ou le conserver pendant dix ans… tout réside dans notre capacité à bien évaluer son potentiel.

 

Philippe RANCOURT

 

Article original :

 

http://www.entrepreneurboursier.com/2009/07/07/pour-en-finir-avec-le-buy-hold/

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